Des têtes vont tomber. De grands changements vont être opérés dans la gouvernance au Burkina Faso. Ainsi en a décidé le président Roch Marc Christian Kaboré pour baisser la tension qui monte dans le pays avec les attaques meurtrières qui se multiplient contre les forces de défense et de sécurité et les populations civiles.
Dans un message à la Nation qu’il a adressé nuitamment à la population, le président Kaboré, revenant sur l’onde de choc, qui secoue le Burkina, depuis le drame d’Inata survenu le 14 novembre et la multiplication des attaques contre les positions des Forces de Défense et de Sécurité à Foubé et à Thiou, a arboré le ton de la fermeté sur l’urgence d’améliorer « nos capacités d’adaptation à la situation ». « Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes ».
Le chef de l’Etat s’est montré très indigné par les circonstance qui ont entouré la mort de plusieurs dizaines de soldats tombés sous les balles assassines des groupes armés terroristes du fait de la négligence de leur hiérarchie. « Autant, nous devons faire corps avec nos Forces de Défense et de Sécurité pour les soutenir et les encourager dans le combat héroïque qu’elles mènent, autant nous devons être intransigeants avec tous les éléments dont le comportement n’est pas acceptable. Nos soldats ne doivent pas être abandonnés à eux-mêmes, du fait de la bureaucratie ou de négligences manifestement coupables ».
Un remaniement ministériel en vu
C’est pourquoi, annonçant la fin, le mardi 30 novembre prochain, de l’enquête administrative qu’il a commanditée sur l’attaque de Inata, il annonce de grande décisions. « Nous tirerons toutes les conséquences disciplinaires et engagerons les poursuites judiciaires appropriées. Il en sera désormais ainsi, dans l’intérêt supérieur de la Nation et pour le succès et la gloire de nos Armes ».
Toutefois, pour le chef de l’Etat, la faute d’une poignée d’éléments, ne devra pas servir de prétexte pour jeter l’anathème sur toute l’Armée. En réaction à la levée de bouclier que le drame d’Inata suscite, il promet un changement de paradigme et annonce de grands bouleversements dans son administration. « Dans le prolongement de la réorganisation de nos Forces armées nationales, j’ai entamé la prise de décisions pour opérer des changements qui seront connus incessamment. (…) Les circonstances actuelles m’interpellent sur la nécessité de constituer une équipe resserrée et plus soudée pour nous maintenir sur la trajectoire de la croissance économique, et de la poursuite de la lutte contre le terrorisme. Je m’y emploierai dans les jours à venir », promet le président de la République, qui laisse entrevoir ainsi un remaniement ministériel dans les prochaines heures.
Le Burkina sous tension
Aux FDS, il a promis de se pencher personnellement, désormais sur leur situation en prenant en main les questions de logistique, de primes et de renforcement des capacités opérationnelles.
Quant à la population qui menace, le chef de l’Etat l’invite à s’impliquer dans la dynamique qu’il veut impulser actuellement à sa gouvernance. « Individuellement et collectivement, nous devons être porteurs de ce changement de comportement pour mettre fin à l’incivisme, à la défiance de l’autorité et à toutes les autres attitudes qui ne font pas de nous de dignes Burkinabè ». Il appelle donc à la cohésion et à la solidarité autour de la mère-patrie afin d’éviter tout comportement susceptible d’aggraver la situation. « Je voudrais inviter les uns et les autres à savoir raison garder et à ne surtout pas croire que c’est en cassant le thermomètre qu’on guérit de la fièvre », a-t-il ajouté, adressant un message à la jeunesse qu’il invite « à faire preuve de discernement, de vigilance et de retenue, en se démarquant de tous les vendeurs d’illusions qui veulent saper les fondements de notre Nation ».
Faut-il le noter, des manifestations sont annoncées ce samedi sur le territoire burkinabè pour protester contre les dirigeants face à la situation sécuritaire qui se désagrège chaque fois un peu plus. Le gouvernement a coupé Internet dans le pays depuis lundi pour 96h avant de la reconduire pour 96h de nouveau. Une mesure qui vise sans doute à anticiper sur la menace qui plane eu égard à la situation qui met le Burkina sous haute tension ces jours et semaines à venir.