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Etat de la corruption 2020 au Burkina : La Police municipale conserve le « maillot jaune »

Publié le vendredi 12 novembre 2021  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Etat de la corruption 2020 au Burkina : La Police municipale conserve le « maillot jaune »
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Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a officiellement rendu public son rapport sur l’état de la corruption en 2020 au Burkina Faso, le jeudi 11 novembre 2021, à Ouagadougou.

La Police municipale occupe la première place avec 75,21% d’actes de corruption parmi les institutions nationales épinglées dans le cadre de la lutte contre le fléau. C’est ce qui ressort du rapport 2020 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), rendu public, le jeudi 11 novembre 2021, à Ouagadougou. Elle est suivie, selon le présentateur du rapport, Issouf Paré, de la Police nationale (28, 96%), de la Douane (27,63%), de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM, 22,14%) et de la Gendarmerie nationale (20,28%) sur une liste d’une vingtaine de services nationaux répertoriés et classés.

Le document du REN-LAC fait ressortir dans ce classement que l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) et la Société nationale burkinabè d’électricité du Burkina (SONABEL) occupent respectivement la 19e et la 20e place avec 0,83% et 0,80% d’actes de corruption. Pour Issouf Paré, par ailleurs chargé d’enquêtes et d’études du REN-LAC, les enquêtes ont été menées dans un contexte électoral et de persistance de la crise sécuritaire.

Elles ont été réalisées à travers un sondage (quota marginal sur la base du Recensement général de la population et de l’habitat de 2006) et une revue de littérature, avec un échantillon de 2 000 personnes dans les 13 chefs-lieux de régions plus Pouytenga, sur 100% de couverture, a-t-il indiqué. Les perceptions des enquêtés traduisent que durant les cinq dernières années, la corruption a pris des galons au Burkina Faso, a expliqué Issouf Paré. Toutefois, le présentateur du rapport 2020 a relevé des disparités au niveau des 14 villes avec plus de 50% des personnes interrogées ayant vu une corruption fréquente voire très fréquente.

A l’entendre, la corruption électorale a également augmenté car chaque politicien a cherché à sympathiser avec la population. Concernant les services publics, aux dires de M. Paré, il y a eu aussi la corruption dans la recherche de marchés publics et dans les commandes publiques. L’Indice synthétique de perception de la corruption (ISPC) montre clairement que le phénomène a pris de l’ampleur sauf lors de la Transition pendant laquelle il a un peu baissé, à l’écouter.

Des rétributions illégales à des agents publics A titre d’exemple, 26,21% des enquêtés ont confié avoir personnellement offert au moins une rétribution illégale à des agents publics pour bénéficier de prestations, a évoqué Issouf Paré. Mais, il a déploré le fait que des agents publics fassent preuve de rétention d’informations lors de l’enquête, les femmes soient beaucoup exposées à la corruption dans le domaine de la santé et la recherche de l’emploi et les hommes, dans les affaires. 55,95% des populations enquêtées se sont dit insatisfaites de la lutte gouvernementale contre la corruption et ont préconisé la sanction et la sensibilisation comme moyens, a ajouté Issouf Paré.

Face à cet état de la corruption en 2020 au pays des Hommes intègres, il a fait savoir que le Réseau a recommandé l’inscription de la lutte contre la corruption sous toutes ses formes au cœur de l’action de l’exécutif burkinabè, la publication des rapports des commissions d’enquêtes parlementaires et financières, le plaidoyer pour opérationnaliser la loi 051-2015/CNT portant accès à l’information publique et aux documents administratifs, etc.

Au cours des échanges avec les participants, le représentant de la Confédération général du travail du Burkina (CGTB), Bassolma Bazié, a salué le REN-LAC pour avoir réalisé ce rapport dans un contexte sécuritaire difficile. Les intervenants ont, en outre, voulu savoir pourquoi le choix de Pouytenga et l’augmentation de la corruption en 2020. La ville de Pouytenga est économiquement très active, a fait comprendre Issouf Paré.

S’agissant du tableau sombre de la corruption en 2020, il a évoqué les nombreux « check points » qui ont exacerbé les rackets en raison de la double crise sanitaire et sécuritaire. Le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, a déclaré que la présentation des résultats du rapport 2020 arrive très tardivement mais « mieux vaut tard que jamais ». Il s’est dit ravi que le Réseau ait pu honorer ce rendez-vous annuel qui se veut un examen critique de la gouvernance du Burkina Faso devant susciter la prise de mesures efficaces pour lutter contre la corruption.

« Ce rapport est le résultat d’une enquête d’opinion des populations urbaines et semi-urbaines sur la fréquence de la corruption au Burkina Faso et sur les facteurs déterminants. Il analyse également l’état de la lutte anti-corruption, en passant en revue les actions de l’Etat (Gouvernement, Parlement, Justice, Corps de contrôle) du REN-LAC et de la presse », a-t-il avancé. Foi de Sagado Nacanabo, la publication du rapport 2020 intervient dans un contexte sécuritaire plus que préoccupant où une grande partie du territoire national échappe au contrôle de l’Etat.

Malheureusement, a-t-il regretté, l’analyse des actions de lutte anti-corruption au sommet de l’Etat et dans l’administration publique prouve à suffisance que le pouvoir en place n’a pas encore pris la pleine mesure de la situation. Il a fait une mention spéciale à la presse burkinabè qui s’illustre, selon lui, brillamment dans les actions de lutte anti-corruption. Séance tenante, des institutions, à savoir, la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances, l’ambassade de la Suède au Burkina Faso, la Coopération suisse et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) ont symboliquement reçu le rapport 2020 sur l’état de la corruption au Burkina Faso du REN-LAC.
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