Dans cette déclaration signée de l’Association pour le Développement de la Province du Loroum, les populations du Loroum (re)lancent un ultime cri d’alarme face à la situation sécuritaire alarmiste que leur région connaît depuis près de 5 ans.
Depuis 2017 la province du Loroum est l’objet d’attaques terroristes récurrentes qui ont endeuillé plusieurs familles, entrainé des déplacements massifs de population, engendré un marasme économique et la fragilisation du tissu social. Les services sociaux de base sont gravement compromis dans la quasi-totalité des localités de la province. Plus de 75% des écoles et plus de 50% des centres de santé sont fermés, l’administration existe au minima, à cela vient s’ajouter une campagne agricole humide 2021 désastreuse et aucune perspective pour les cultures de contre saison. La situation est à son paroxysme avec plusieurs hommes tués, des femmes qui sautent sur des mines enfouies sur les pistes rurales, du bétail emporté, des greniers incendiés, des commerces pillés et des populations déguerpies de leurs villages.
En outre, les récentes attaques des villages situés le long de la RN23 par les terroristes, risquent d’aboutir à l’isolement de la ville de Titao, chef-lieu de la province du Loroum, avec des conséquences dramatiques. Les auteurs de cette forfaiture sont les terroristes, ces hommes armés non identifiés (HANI), qui dictent leur loi en lieu et place de l’Etat Burkinabè. L’amère conséquence de la dégradation continue et accélérée de la situation sécuritaire est le dépeuplement de plus de 60% des villages de la province, une forte concentration des personnes déplacées internes dans les quelques secteurs non encore occupés de Titao, chef-lieu de la province, et à Ouindigui, chef-lieu de la commune du même nom, le sentiment profond d’impuissance et d’abandon d’une population Loroumoise en désarroi.
A la date du 30/09/2021, la ville de Titao abritait 46 841 PDI selon le CONASUR et ce nombre a augmenté d’environ 20.000 suite aux dernières attaques que la province a connu dans le mois d’octobre. Ainsi, la commune de Titao occupe le 7è rang des communes qui abritent des PDI au Burkina Faso et la province du Loroum le 5ème rang des provinces de provenance des PDI avec un total de 80.370 déplacés. Ni les efforts conjugués des FDS, de nos vaillants VDP et des populations sur le terrain, ni la chaîne de solidarité qui s’est formée spontanément pour apaiser les cœurs meurtris des personnes affectées, n’ont pu venir à bout de ce drame sécuritaire et humain qui s’accentue de jour en jour dans la province du Loroum. Alors, que faire ? Au nom des valeurs de patriotisme, de solidarité, d’humanisme, d’intégrité, de probité, de tolérance et d’acceptation de la différence, les populations du Loroum par la voix de son Association ADPL avaient lancé un premier cri d’alarme le mercredi 11 septembre 2019 à Titao devant les autorités provinciales. Aujourd’hui, plus de deux ans après, c’est avec grande tristesse que l’ADPL est contrainte de lancer son ultime cri d’alarme :
Aux autorités nationales, les populations du Loroum traduisent leur désemparement et attendent des ACTIONS PLUS FORTES de sécurisation de la province, notamment l’implantation d’un détachement militaire bien équipé à Titao, le renforcement des capacités opérationnelles des détachements militaires de Banh et Sollé et des VDP de la province, le bitumage de la RN23 Ouahigouya Titao-Djibo et la réalisation de forages agricoles dans les sites maraîchers. Toutes choses qui pourraient les conforter dans leur croyance en une « Nation protectrice de ses enfants » et leur redonner confiance à l’avenir;
• Aux filles et fils du Loroum résidents dans la province et hors de la province et du pays, sans aucune considération politique, religieuse et ethnique, l’ADPL vous fait appel pour que de façon unitaire et fraternelle nous exprimions les valeurs ci dessus citées en faveur d’une part de nos VDP, cités comme un modèle de résistance dans cette guerre irrationnelle, qui sont sur le champ de bataille au péril de leur vie pour que le Loroum reste debout, et d’autre part de nos mères, pères, frères, sœurs, épouses, maris et enfants affectés par cette crise sécuritaire et humanitaire qui les expose gravement à la déchéance humaine. Vos contributions de toute nature sont les bienvenues parce que le combat engagé sera de longue haleine, même si nous espérons que non ;
• Aux organisations humanitaires, ONG et Associations de développement, aux amis du Burkina Faso et du Loroum, la poursuite et le renforcement de vos actions d’accompagnement des populations victimes innocentes sont plus que jamais attendues. Puisse le Tout Puissant, dans sa Miséricorde infinie, entendre et exaucer les prières de toutes les populations injustement meurtries.