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Procès Sankara : « Blaise Compaoré et Thomas Sankara venaient souvent causer chez moi » (Jean-Pierre Palm)

Publié le vendredi 5 novembre 2021  |  minute.bf
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© Autre presse par DR
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Ce 04 novembre 2021, 03 accusés sont passés à la barre. Il s’agit du médecin Colonel Major à la retraite, Alidou Jean-Christophe Diebré, du médecin Colonel Major Hamado Kafando et le Colonel Major de gendarmerie Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm. Si les deux premiers sont accusés pour faux en écriture publique, le dernier Jean-Pierre Palm est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Hamado Kafando était médecin Capitaine au moment des faits. Pour avoir établi le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, l’une des victimes du 15 octobre 1987 en y mentionnant « mort accidentelle », il est poursuivi aujourd’hui pour Faux en écriture publique. Mais l’accusé avance des raisons sociales et d’humanisme pour justifier son acte. Il fait savoir au juge qu’il a « établi le certificat de décès de Compaoré Bonaventure en 1991 pour permettre à sa veuve et ses ayants droit d’entrer dans leurs droits ».

Le parquet lui demande alors si « mort accidentelle » était le terme approprié en pareille circonstance. L’accusé se montre constant sur son alibi malgré le fait qu’il n’a pas vu le corps. Pour le mis en cause, comme la mort a été violente, il a préféré mettre mort accidentelle. En ce qui concerne le médecin Colonel Alidou Diébré, même s’il est aussi accusé pour Faux en écriture publique, force est de constater que sur les certificats de décès qu’il a signés pour trois personnes, dont la veuve de Sankara, il y avait mentionné « mort naturelle ». Pourtant les intéressés ont été tués lors du Coup d’État. Lui également a évoqué des raisons d’humanisme à l’égard des veuves.

La partie civile, par la voix de Me Olivier Badolo, à la sortie l’audience a consenti que ces deux accusés auraient pu poser ces actes par humanisme. « Ils ont été poursuivis sur la base de dispositions légales. Vous avez suivi un des accusés. Il reconnait effectivement qu’après des recherches, il a compris que l’acte qu’il a posé était répréhensible. Donc c’est normal qu’on les poursuive parce qu’ils ont écrit mort naturelle ou mort accidentelle alors qu’ils n’ont pas vu les corps, en plus tel que c’est écrit, ce n’est pas comme cela qu’ils sont morts », a expliqué l’avocat. Pour lui, ce sont des gens qui ont été assassinés. « S’ils avaient mis par exemple mort par assassinat, ça allait être plus intéressant, mais ils ont mis mort naturelle ou mort accidentelle. C’était peut-être pour se débiner qu’ils ont dit cela. C’est donc normal qu’on les poursuive par rapport à cela. C’est pour que demain quelqu’un ne prenne pas la liberté d’écrire quelque chose de ce genre. Même si c’est pour aider des personnes, il faut quand même à un moment donné être responsable », détaille l’avocat.


Me Olivier Badolo, avocat de la partie civile
Un ancien Patron de la Gendarmerie nationale à la barre
À la suite de ces accusés, c’est un ancien patron de la gendarmerie qui était à la barre. Il s’agit de Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État. Celui-ci n’a pas reconnu les faits. Il a indiqué qu’au moment des faits, il s’était réfugié dans le domicile d’un certain Barry. Il a fait savoir qu’avec un ami togolais, ils étaient sortis chercher un dentiste parce qu’il avait mal à la dent. C’est en chemin qu’il a entendu des coups de feu. C’est ainsi, explique-t-il, qu’ils se sont réfugiés chez M. Barry pour en ressortir que le lendemain. Le 16 octobre 1987, poursuit-il, « les officiers ont été convoqués au Conseil de l’entente » et c’est là qu’il a appris que Thomas Sankara a été tué.

Le procureur militaire, prenant la parole lui rappelle qu’il était entre 1984 et 1986 directeur de la sûreté de l’État. De plus, qu’il était ami avec Blaise Compaoré et Thomas Sankara avant de lui demander s’il était au courant du Coup d’État du 15 octobre 1987 à l’avance. Celui-ci répond par la négative. Il reconnait qu’il a connu Blaise Compaoré à Bobo-Dioulasso. De plus à Ouagadougou à son domicile, « Blaise Compaoré et Thomas Sankara venaient par moment causer et prendre le thé ». En ce qui concerne Blaise Compaoré, il fait savoir au juge qu’il pouvait venir s’asseoir chez lui de 20h à 00h sans dire un mot. «Il venait à la maison. Il pouvait venir à la maison de 20h à 00h sans parler. Ma femme même s’inquiétait souvent », a fait noter Jean-Pierre Palm sur le caractère de Blaise Compaoré. Il a ainsi assuré au juge que Blaise Compaoré ne l’a pas informé d’un coup d’État.

Pourtant, lui rappelle encore le juge, il a été nommé chef d’État-major de la gendarmerie le 16 novembre 1987 soit un mois après la mort de Thomas Sankara. Celui-ci tient et insiste pour dire qu’il n’était pas au courant d’un coup d’État et qu’il n’a pas « débranché une table d’écoute de la gendarmerie comme laissent croire certaines personnes ». « J’ai souffert professionnellement (pour avoir fait 16 ans sous Blaise sans travailler) et moralement sous Blaise Compaoré que si je savais qu’il préparait quelque chose à l’époque, je l’aurais dit », conclut l’accusé. Son audition se poursuit le lundi prochain à la reprise du procès.

Hamadou Ouédraogo
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