Audio du ministre de la Santé sur les contraceptifs : L`Eglise catholique déplore un « ton tantôt léger, tantôt vulgaire, tantôt belliqueux, menaçant et irrespectueux »
Une incompréhension existe depuis quelques temps entre l’Eglise catholique et le ministre de la Santé, Charlemagne Ouédraogo, suite à un audio de ce dernier relatif qui met en garde l’église de ne pas saper les efforts de promotion des contraceptifs par le gouvernement. Lisez cette lettre ouverte du président de la Conférence Episcopale au ministre, Laurent B. DABIRE, pour en savoir davantage
« LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE MINISTRE DE LA SANTE
Monsieur le Ministre,
Depuis quelques jours circule dans les réseaux sociaux un audio qui rapporte vos propos sur une conférence de presse tenue par la Commission Episcopale de la Pastorale de la Santé. Cette conférence de presse présentait un livre écrit par des experts catholiques sous la responsabilité de ladite Commission. L’activité citée n’avait pas le but, ni dans son fond ni dans sa forme, de s’opposer au ministre de la Santé que vous êtes, encore moins de saper la politique de santé publique de notre pays. Nous avons voulu seulement éveiller la conscience de nos fidèles et des personnes de bonne volonté sur les inconvénients qui échappent souvent dans l’information donnée alors que toutes ces méthodes ne sont pas toujours sans danger. Nous pensons que l’information doit toujours être la plus complète possible. D’où d’ailleurs ce titre de la plaquette dont la publication a donné lieu à ladite conférence presse : « LES DANGERS POUR LA SANTE DES METHODES CONTRACEPTIVES : Une approche scientifique de la question ». Notre conférence de presse semble vous avoir mis dans un état tel que vous avez cru devoir proférer les paroles véhiculées par l’audio et qui ont surpris plus d’un et laissé perplexes et songeurs beaucoup d’autres, même en dehors du monde catholique.
Par la présente, nous venons vous dire notre indignation par rapport à de tels propos que nous estimons injustes, voire erronés, tout en vous assurant que l’Eglise Catholique ne recherche nullement l’affrontement avec qui que ce soit. Elle met toutes ses forces et ses énergies au service de tout l’homme et de tout homme sans regarder au prix, surtout en ces temps de crises sécuritaire et sanitaire.
Certes, depuis que l’incident a eu lieu, vous avez accepté de recevoir Mgr Justin KIENTEGA, Evêque de Ouahigouya et Président de la Commission Episcopale de la Santé, puis, récemment, Son Eminence le Cardinal Philippe OUEDRAOGO, Archevêque Métropolitain de Ouagadougou, vous a reçu en audience. Nous louons ces efforts fournis pour réparer un dérapage grave ; mais il faut accepter que des déclarations en cercle restreint, qui contredisent les déclarations publiques, laissent perplexes sur la sincérité des secondes, et ne réparent pas les blessures des déclarations publiques. Cela a conduit Son Eminence à prendre ses distances par rapport à l’article publié par la direction de la Communication et de la Presse Ministérielle (DCPM) du ministère de la Santé sur son site web, en date du 24 octobre 2021. Bien entendu, la Conférence Episcopale Burkina-Niger qui s’adresse à vous ici ne veut guère faire passer un ministre de notre pays sous les fourches caudines ; il appartient donc à votre sagesse et à votre sens de la responsabilité de vous engager honnêtement et suffisamment pour un apaisement des cœurs et des esprits.
Cela dit, à travers les paroles que vous avez prononcées, dont nous déplorons le ton tantôt léger, tantôt vulgaire, tantôt belliqueux, menaçant et irrespectueux, vous abordez cependant des thèmes importants qui nous intéressent nous aussi et méritent d’être approfondis sereinement pour promouvoir un vivre-ensemble pacifique et fructueux dans notre pays.