Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Fespaco 2021: Irène Tassembédo scanne l’immigration des jeunes avec «La Traversée»

Publié le samedi 23 octobre 2021  |  FasoZine
Présidence
© aOuaga.com par A.O
Présidence du Faso : le chef de l`Etat échange avec des artistes
Jeudi 26 février 2015. Ouagadougou. Présidence du Faso. Le chef de l`Etat de la transition, Michel Kafando, a eu une audience avec des artistes de tous bords. Photo : Irène Tassembédo, chorégraphe burkinabè
Comment


Le film « La Traversée » de la réalisatrice burkinabè, Irène Tassembédo, a été projeté le mercredi 20 octobre 2021 à la salle du Grand Méliès de l’Institut Français de Ouagadougou. La salle a refusé du monde pour l’occasion car personne ne voulait se faire raconter ce film écrit et réalisé par celle qui n’a plus à prouver son talent dans le domaine de la danse et de la chorégraphie mondiale.

Deuxième long métrage de Irène Tassembédo, « La Traversée » est en sélection officielle dans la catégorie « Perspectives » de cette 27e édition de la biennale du cinéma africain. D’une durée de 111 minutes, ce film aborde la problématique de l’immigration clandestine des jeunes du continent africain, désespérés de la mal gouvernance, l’absence d’opportunités et de manques de perspectives. Pour fuir « ce continent sans avenir », ils sont prêts à prendre le large des côtes méditerranéennes pour « aller se chercher » au péril de leur vie comme en témoigne sans cesse l’actualité des naufrages d’embarcations de nombreux migrants.

Mais ce film a un message poignant pour l’ensemble de la jeunesse africaine : « C’est certes difficile mais le continent regorge de nombreuses opportunités tant qu’elle cultive le courage et la bravoure ». L’histoire du film est bâtie autour d’un groupe de six jeunes obsédés par la migration vers de nouveaux horizons. Ils pensent avoir trouvé la chance de leurs rêves lorsqu’ils font la connaissance de Djibi qui est de retour au pays après plusieurs années passées en Italie.

Ce dernier pour leur montrer que la traversée de la Méditerranée n’est pas chose facile, met en place secrètement un camp d’entrainement pour préparer nos six migrants potentiels à la complexité de la traversée. Cours de natation, de navigation en pirogue, de survie en milieu hostile comme la forêt et gestion de rixes avec des bandits et cours d’Italien sont les « modules » enseignés par Djibi, assisté par son compère Pronto qui a travaillé toute sa vie à Rome comme cuisinier au Vatican.

Après cette formation physique et mentale intensive, chacun des jeunes trouve une opportunité au pays et ne veut plus partir à l’aventure…mais malheureusement, le petit Akim, 12 ans, qui scrutait l’horizon européen en espionnant ces ainés, meurt noyé lorsqu’il tente de s’entrainer clandestinement à la nage dans le barrage…

« Ce film, c’était tout juste dire à tous nos jeunes qui n’ont pas de vision sur l’avenir et qui veulent tous partir, pensant que ça se passe mieux ailleurs, que ça ne se passe pas forcément mieux ailleurs. (…) Il y a des choses à faire chez nous et si nous ne construisons pas ces choses, personne ne viendra le construire pour nous. Nous avons besoin de rêver, les jeunes ne rêvent plus car il n’y a pas beaucoup de choses pour leur permettre de rêver », a laissé entendre Irène Tassembédo au sortir de la projection.

Pour elle, ce film est juste sa « petite » contribution à faire changer les choses : « Les jeunes sont porteurs d’avenir, ils ont beaucoup de projets et il faut que nous les aidions et les soutenions afin qu’ils nous aident à faire le grand changement ».

Outre la thématique centrale, le film, comme on s’y attendait, a réservé une place de choix à la musique et à la danse. Le Casting était de taille avec dans le rôle de la Diva, l’immense danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise, Germaine Acogny, Bruno Henry dans le rôle de Djibi et Beno Sanvee dans le rôle de Pronto. L’humoriste Oumar Manet et l’artiste chanteur Patrick Kabré faisant partie du groupe des six jeunes.

En somme, un film dont la narration a été bien menée avec surtout de l’humour qui rend captivant le cinéphile comme Asmao Yaméogo qui témoigne : « Le film est très captivant et montre les réalités que vivent les jeunes comme nous, qui pour la plupart voulons migrer en Europe et aux États-Unis. Outre cela, le film nous interpelle à ne pas nous résigner… ».

En rappel, « La Traversée » a été écrite et réalisée par Irène Tassembédo en pleine pandémie de la Covid-19.
Commentaires