Les terroristes prennent du terrain dans la région de l’Est. Comme si nos forces de défense et de sécurité ne voulaient pas aller au combat, les terroristes envahissent nos villes. Aucune commune de la province de la Tapoa, n’est épargnée. Les villes sont encerclées à tour de rôle, les voies sont toutes occupées, les forces de l’ordre et de défense sont toujours dans les casernes et les populations subissent le courroux des nouveaux maîtres.
Les forces de défense et sécurité dans la région de l’Est ont-elles une stratégie pour lutter contre les groupes terroristes? Tout porte à croire que non. Durant plus de quatre ans, les résultats sur le terrain restent à désirer. Après le tapage médiatique sur l’opération otapuanu, l’espoir était né. Les populations croyaient à la venue messianique des forces de l’ordre dans nos villes. Elles ont été résilientes et ont accepté toutes les mesures prises pour lutter contre le terrorisme. L’économie a sombré, les écoles ont fermé, les marchés aussi. Pire, depuis trois ans, l’état d’urgence et le couvre-feu ont créé la méfiance au sein de la population au point où les populations d’un même village se méfient les uns des autres.
A voir l’avancée des groupes terroristes dans la région, on lit facilement une stratégie bien ficelée et qui produit des résultats sur le terrain. Ils utilisent les populations, les politiques, et même les hommes politiques parfois sans qu’eux même ne s’en rendent compte pour atteindre leurs objectifs. On se rappelle encore dans un passé récent en 2017, où la mairie de Fada N’Gourma a utilisé toutes les forces de défense et de sécurité en sa possession pour vider les villages installées dans les zones dites pastorales. Ces dites zones servent actuellement de passage et de refuge pour les terroristes avec des infrastructures publiques construites avec l’argent du contribuable. Comme infrastructures, on peut citer les magasins pour aliment pour bétail, les forages et bien d’autres infrastructures utilisées actuellement par les forces du mal.
La stratégie des terroristes est gagnante et les résultats sont visibles sur le terrain
Sur le terrain, le constat est que les groupes terroristes utilisent le même process. Ils commencent par des visites dans les villages avec des messages forts et clairs. Ces messages parlent de religion, pas de n’importe quelle religion mais d’une branche de l’islam qu’ils estiment être celle reconnue par Dieu en se présentant comme des soldats d’Allah. Après des prêches d’avertissement, ils reviennent quelques temps dans les villages pour installer un point focal qui sert d’informateur et de relais. En exemple, dans plusieurs villages de la province de la Gnagna, pour la réalisation de certaines festivités traditionnelles, l’avis de certaines personnes du village est recommandé.
A l’issue de cette phase, les terroristes s’attaquent aux symboles de l’Etat. Les écoles sont prises pour cible, mais les centres de santé sont protégées. La population est épargnée tant qu’elle collabore mais à chaque faute que l’un des leurs commet, la correction est de taille. Elle est dissuasive. Durant cette phase, la population est éloignée de plus en plus de l’administration et comme la paix y règne, les forces de défense et de sécurité oublient de continuer le travail de sécurité. Aujourd’hui, toutes les écoles de la province de la Tapoa, sont fermées et celles de la province du Gourma commencent aussi à se fermer en commençant par la commune de Matiacoali. La stratégie est gagnante et les résultats sont visibles sur le terrain. Les terroristes sont plus stratèges à vue d’œil. A quand la prochaine étape? L’avenir nous le dira.
Qu’est-ce qui empêche l’armée de réussir sa mission?
Les résultats sur le terrain se font attendre. Malgré la forte présence des forces de l’ordre dans la région, la menace est toujours là. Les terroristes pavanent dans nos villages sans être inquiétés. Comme s’ils étaient maîtres de cette guerre, ils décident de quand se battre et de quand se reposer. En effet, depuis le début de cette guerre, les hommes armés ont étudié le comportement des forces de défenses et de sécurité (FDS). Le constat est qu’ils n’ont pas une maitrise de la région et du relief. Alors, les combats se font le long des grandes voiries, les volontaires de défense de la patrie (VDP) sont chargés de rentrer en profondeur pour le combat. Mal armés et formés, le terrain est difficile d’accès. Les VDP sont donc obligés vu le petit nombre par village de se cantonner dans les villages et attendre impatiemment que l’ennemi viennent. Sans être un spécialiste de guerre, cette façon de se battre ne nous donnera pas de résultats.
Les stratégies militaires semblent toutes être dépassées. Ils nous faut faire autrement. Si les terroristes sont pour la plupart des civils convertis en soldats fous d’Allah, les stratégies militaires doivent s’adapter à la nouvelle réalité de combat. Nos combattants se doivent d’utiliser nos terrains comme des écoles au lieu de se rendre en Europe pour apprendre des stratégies qui ne sont pas applicables ici, et pire qui ne marche pas, puisqu’ils y sont aussi sur le terrain depuis une dizaine d’années sans pouvoir vaincre sur le terrorisme.
Il faut de l’audace dans l’action. Certaines décisions qui devraient être des décisions politiques se doivent de changer de nature. Les politiciens devront donner toutes les forces aux FDS pour agir sur le terrain sans être inquiété. En effet, plusieurs actions sur le terrain ne peuvent se mener sans l’aval des politiques. Des stratégies sont remises en cause, des actions sont contestées par des individus qui ne sont ni sur le terrain et qui méconnaissent totalement les réalités sur le terrain. Cette façon de faire doit changer si on veut réussir notre combat.
Quelles peuvent être les pistes de solutions?
Les alertes sont légions sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des analyses sont faites toutes les jours dans les médias avec des stratégies simples et applicables sur le terrain. L’armé se doit d’accepter de collaborer avec les civils, non pas avec les leaders d’associations et d’organisations de la société civile qui ne sont que la représentation de leurs propres personnes, mais avec des civiles qui vivent le terrorisme, qui souffrent des conséquences de ce fléau. La solution viendra de la base et non du sommet.
La base devrait être le rempart et le bouclier de la nation. En lieu et place de faire des VDP qui agissent sous la surveillance et le commandement de l’armée, l’Etat devrait tout comme les Kolghweogo agissaient , donner une partie du pouvoir aux volontaires, pour décider et agir d’eux mêmes. Un encadrement et une formation plus poussée pourrait leur être fourni mais l’action et les décisions d’action devraient venir d’eux. Pour le faire et mieux coordonner l’action, un état major civil pourrait être créé afin de coordonner toutes les actions sur le terrains de ces volontaires.