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Thomas Sankara : Le Front populaire l’accusait d’être un « traître de la révolution »

Publié le samedi 16 octobre 2021  |  Minute.bf
Procès
© Autre presse par DR
Procès assassinat Thomas Sankara
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Le 15 octobre 1987, les leaders de la Révolution Sankariste s’entredéchiraient avec à la clé, l’assassinat du président, le capitaine Thomas Sankara. A la suite de ce qui venait confirmer le malaise et les divergences au sein de l’organe dirigeante de la Révolution d’août 1983, le Capitaine Blaise Compaoré, ami du président fraîchement assassiné faisait lire un communiqué, expliquant ou du reste justifiant les faits. Le communiqué lu par le Lieutenant Oumar Traoré sur la radio nationale dans la soirée du 15 octobre à 19h, évoque l’argument de la trahison. « Le Front populaire, regroupant les forces patriotiques, décide de mettre fin en ce jour 15 octobre au pouvoir autocratique de Thomas Sankara, d’arrêter le processus de restauration néocoloniale entrepris par ce traitre à la Révolution d’Août », a déclaré le lieutenant Traoré à l’endroit des Burkinabè et du reste du monde. Dans les lignes qui suivent, nous vous proposons l’entièreté de la déclaration…

« Peuple burkinabè,
Militantes et militants de la révolution démocratique et populaire,
Amis du Burkina Faso,
Jeunesse militante d’Afrique !

Le Front populaire, regroupant les forces patriotiques, décide de mettre fin en ce jour 15 octobre au pouvoir autocratique de Thomas Sankara, d’arrêter le processus de restauration néocoloniale entrepris par ce traître à la Révolution d’Août.

Souvenons-nous que déjà dans la nuit du 4 août 1983, le renégat Sankara avait dépêché un émissaire auprès des forces révolutionnaires en marche triomphale sur Ouagadougou pour les dissuader d’engager l’assaut final contre les forces réactionnaires sous prétexte que Jean-Baptiste Ouédraogo et lui étaient parvenus à un accord.

A la faveur des méandres de l’histoire, cet autocrate s’est hissé à la tête de notre Révolution pour mieux l’étouffer de l’intérieur. Cette haute trahison s’est illustrée par le bafouement de tous les principes organisationnels, les reniements divers aux nobles objectifs de la RDP, la personnalisation du pouvoir, la vision mystique, quant aux solutions à apporter aux problèmes concrets des masses, toutes choses qui ont engendré la démobilisation au sein du Peuple militant.

C’est pourquoi, aux plans économique et social, nous avons assisté à l’écroulement continu de notre système productif et à la décadence sociale. Ceci nous menait inexorablement au chaos total.

Pour arrêter cette dégénérescence de notre processus révolutionnaire et redonner espoir à notre peuple et à notre patrie, le Front populaire proclame :

Le Conseil national de la Révolution est dissout ;
Le gouvernement est dissout ;
L’organisation militaire révolutionnaire est dissoute ;
Le président du Faso et le secrétaire général national des comités de défense de la révolution et les commissaires politiques sont démis de leurs fonctions.
Les pouvoirs révolutionnaires provinciaux (PRP) sont invités à désigner démocratiquement en leur sein un nouveau président qui aura la charge d’assumer les responsabilité généralement dévolues au haut commissaire.

Le Front populaire lance un appel à toutes les Organisations patriotiques et révolutionnaires (CDR, Syndicats, Organisations de jeunesse, Organisations de femmes…) pour qu’elles prennent part au processus de rectification entrepris en ce jour.

Ouvriers, paysans, soldats, paramilitaires, intellectuels révolutionnaires, démocrates et patriotes du Burkina Faso, le Font populaire vous invite tous à soutenir fermement l’action de rectification tant attendue par tous les révolutionnaires démocrates sincères.

Le Mouvement populaire du 15 octobre qui entend poursuivre conséquemment la révolution d’août 1983, s’engage à respecter les engagements pris vis-à-vis des autres peuples, Etat et Organisations internationales. Le peuple militant est invité au calme et les forces de défense populaire (militaires, paramilitaires et CDR) à la vigilance.

La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons.
Ouagadougou, le 15 octobre 1987

Pour le Front populaire,
Capitaine Blaise Compaoré
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