Ainsi les spéculateurs ont fait mentir les responsables de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY). Ces derniers le 5 juillet 2012 à Ouagadougou laissaient entendre qu’ils avaient pris toutes les dispositions pour éviter une pénurie du gaz butane aux consommateurs. Mais, quelques mois après, le problème se repose et demeure à l’heure où nous traçions ces lignes. Mais que se passe t-il ? C’est justement pour répondre à cette interrogation que le directeur général de la SONABY, Paul Marie Compaoré, entourés de ses collaborateurs, a rencontré la presse ce mercredi, 10 octobre 2012.
Face aux journalistes qui lui couraient après depuis quelque temps pour comprendre les tenants et les aboutissants de la situation, le DG Compaoré s’est longuement expliqué : « La SONABHY a pris toutes les dispositions nécessaires en 2012 pour éviter aux consommateurs Burkinabè, une quelconque pénurie en gaz. Les efforts consentis par la société ont été du reste perceptibles pendant les mois de juillet et août, en pleine saison de pluies au moment où certains de nos voisins manquaient de gaz butane. Comme le savez cependant, le Burkina Faso à l’instar des autres pays du monde, fait face depuis un certain temps à une facture pétrolière sans cesse croissante qui malheureusement n’est pas sans conséquences sur nos activités économiques et partant sur notre vie quotidienne.
Ces conséquences qui sont vécues de manière encore plus cruciale par la SONABHY qui de jour en jour, voit sa trésorerie s’éroder face à des besoins en consommation qui vont croissants ». En clair, la SONAHBY après avoir tenu deux mois (juillet, août) sa promesse d’assurer le gaz aux consommateurs est retombée dans ses travers du passés, faute d’argent pour pouvoir s’approvisionner correctement sur le marché international caractérisé par la hausse continue des cours des produits pétroliers. Conséquence en septembre 2012, la société n’a pas pu honorer certains engagements vis-à-vis des partenaires fournisseurs. Pour ne rien arranger à sa situation, les subventions de l’Etat ne sont pas toujours disponibles en argent liquide.
Ainsi sur les 42 milliards des moins values accumulées ces deux dernières années et que le gouvernement s’est engagé à prendre en charge, la SONABHY n’a reçu que 4,3 milliards en cash. Le reliquat d’un peu plus de 38 milliards est sous forme de titres que les responsables de la société cherchent à faire refinancer par le système bancaire. Mais, rassure t-il, ‘’la SONABHY n’est pas en cessation de paiement’’. L’autre facteur qui contribue aux difficultés de la SONABHY selon Paul Marie Compaoré, c’est l’écart entre les prix réels pratiqués sur le marché international et les prix pratiqués au Burkina Faso. Au Mali, explique t-il, la bouteille de gaz de 12 kg est fourni respectivement au consommateur à 13 000 F CFA. Même au Bénin où la SONABHY s’approvisionne la bouteille de 12 kg s’obtiendrait à 8 000 F CFA.
Mais, en ce qui concerne la pénurie actuelle du gaz, elle est due essentiellement, selon les responsables de la SONABHY aux spéculateurs dont certains n’hésiteraient pas à détourner le produit vers les pays voisins où il est mieux vendu ou encore à détenir les bouteilles et à les revendre sur le marché au-delà des 4 000 F la bouteille de 12 kg . Et Paul Marie Compaoré d’en appeler au sens du patriotisme des uns et des autres pour mettre fin à cette situation face à laquelle sa structure se sent quelque peu impuissante, tout en rassurant sur les dispositions qui sont prises pour contribuer à résoudre le problème.
Ainsi, chaque jour, la société met à la disposition des distributeurs 120 tonnes de gaz. Malheureusement, le problème de gaz persiste sur le marché, d’où un certain étonnement chez les responsables de la SONABHY qui espèrent néanmoins venir à bout de cette pénurie, à force d’approvisionner régulièrement le marché. Mais, la solution durable, à en croire les dirigeants de la SONABHY, pourrait venir aussi d’un réajustement des prix du gaz subventionné. Ainsi, au lieu de 4 000 F CFA pour la bouteille de 12 kg, on pourrait le faire à 5 000 F CFA pour la même bouteille. Mieux vaut payer 5 000 F et avoir le produit et que de ne pas l’avoir avec ses 4 000 F CFA. En tout cas, le DG de la SONABHY plaide pour ce réajustement des prix.
Cela peut contribuer selon lui, à réduire les difficultés de trésorerie de sa société, vu que l’Etat éprouve des difficultés à assurer la subvention. Or, pour un besoin de consommation de 40 000 tonnes comme c’est le cas pour cette année 2012, il faudrait au moins 20 milliards de francs CFA de subvention de l’Etat par an. Une exigence, à l’évidence, pas simple à tenir dans notre contexte.