Depuis que l’option de la guerre se précise lentement au Nord-Mali, son voisin burkinabè ne dort plus qu’un œil. Surtout que Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, a la lourde et délicate tâche de conduire un processus de médiation qui piétine toujours entre les autorités et les sulfureux groupes islamiques armés qui font la loi dans la partie septentrionale du Mali.
Le sommet des Burkinabè est d’autant plus perturbé que les nouvelles qui parviennent du Nord-ouest ne rassurent pas les ambassades et chancelleries qui ont pignon sur la capitale. Américains et Européens distillent en effet, des alertes rouges pour dissuader leurs ressortissants d’entreprendre une quelconque virée dans ces régions jugées «insécurogènes».
Déjà que le tourisme burkinabè a été mis en berne par la psychose d’enlèvement qui avait pesé sur le Niger l’année dernière, voilà que c’est reparti avec la menace venue du Mali. Quand on la malchance d’avoir des voisins qui subissent des assauts terroristes, on est encore plus terrorisé. Et on comprend le stress des dirigeants burkinabè qui multiplient, de ce fait, les rencontres avec les diplomates accrédités à Ouagadougou afin que ceux-ci n’affolent pas outre mesure leurs compatriotes. C’est connu, ce sont surtout les Occidentaux qui font rentrer des sous dans les caisses de notre tourisme. Et s’ils ont peur de venir chez nous, ça risque de tourner mal, si ce n’est déjà fait.
En tout cas, tant que va durer la crise malienne et que personne ne se montrera suffisamment courageux pour aller déloger ces «fous d’Allah» une bonne fois pour toute, le Burkina aura beaucoup de soucis à se faire. Ses hôtes du Nord aussi.