La ville de Ouagadougou est confrontée depuis quelques semaines à une rareté de gaz butane. Dans certains points de vente, les étagères de gaz sont vides. A d’autres endroits, il faut faire la queue, tard la nuit, pour espérer disposer du gaz le lendemain.
A Ouagadougou, les bouteilles de gaz sont devenues les compagnons inhabituels des usagers de la voie. A moto ou dans le coffre des voitures, les bouteilles de gaz suivent leurs propriétaires en quête de recharge . Des gens errent avec elles. Ils sont à la recherche du précieux combustible devenu rare depuis un certain temps dans la capitale burkinabè. Pénurie ou simple spéculation ? Difficile d’y répondre mais le constat sur le terrain révèle que le gaz est pour le moins « inexistant ». L’acquerir relève du parcours du combattant, tant dans les différents points de vente, les étals consacrés au gaz sont désespérément vides. C’est le constat amer qu’a fait Harouna Bagué rencontré, ce 9 octobre au point de vente Sodigaz de la cité AN III. « Je trimbale ma bouteille depuis deux semaines. J’ai fait le tour de plusieurs revendeurs en vain. J’habite le quartier Marcoussis(NDLR : un quartier de Tampouy à la sortie-Nord de Ouagadougou) et tous les revendeurs depuis cette zone jusque-là (cité AN III) n’ont pu me satisfaire, c’est pour cela que je me retrouve à la cité avec ma bouteille », dit-il excédé. Comme lui, Mme Sanata Ouédraogo, cherche aussi en vain le gaz. Consommatrice, elle était également à la cité AN III qui abrite l’un des plus grands points de vente de la ville. « Je fais le tour de la ville depuis trois semaines avec ma bouteille vide. Mon époux a fait pareil sans résultat. Aujourd’hui, je suis sortie moi-même. J’habite le quartier de Tanghin et je suis allée vers Ouaga 2000, mais je reviens bredouille. Quelqu’un m’a conseillée de venir à ce point de vente mais ici on me demande de venir à 3h du matin. Le gaz est moins cher que le charbon que nous utilisons en ce moment. Le manque de gaz est une source d’ennui pour nous », raconte-t-elle l’air désespéré. Et pourtant, les agents du dépôt présents, rassurent quant à la disponibilité du gaz. Toutefois pour être sûr d’être approvisionné, ils demandent aux clients de venir vers 3h ou 4h du matin, expliquent-ils. Pourquoi le gaz est devenu très rare dans la ville de Ouagadougou ? Le directeur du département exploitation de la SONABHY, Hilaire Kaboré, explique que tout serait parti d’un retard de livraison intervenu courant septembre. « Dans notre planification, on était censé recevoir une livraison le 9 septembre mais elle a été repoussée jusqu’au 16 du mois », a-t-il affirmé. Face à cette situation, l’option prise par la société a été « d’aller doucement » en termes d’approvisionnement pour que ce gap d’une semaine ne se ressente pas au niveau de la consommation. Il reconnaît toutefois que ce retard a créé une tension sur le marché et une psychose chez les consommateurs. « Parmi les gens qui font la queue au niveau des points de vente, vous avez ceux qui ont besoin de la bouteille pour aller faire la cuisine tout de suite et vous avez ceux qui ont besoin de la bouteille pour se préparer à ne pas manquer de gaz », explique Hilaire Kaboré. Il ne nie pas cependant que la SONABHY fait face à des tensions de trésorerie. La consommation du gaz est en constante hausse et devrait atteindre pour 2012 environ 40000 tonnes. Mais le marché est confronté à des pénuries récurrentes. Pour M. Kaboré, le gaz est comme du lait sur le feu en ce moment. Mais il relativise en arguant que les tensions du moment existent aussi dans la sous- région et se résorberont avec le temps. Selon le directeur du département exploitation, depuis mi-septembre, la SONABHY a importé 4000 tonnes. Il pense que la pénurie devrait être jugulée dans les 10 jours à venir et cela parce que le marché sera arrivé à saturation. Deux équipes travaillent environ 16 heures par jour en vue de charger les bouteilles. « Le rythme de chargement de la SONABHY est en ce moment de 900 bouteilles/heure pour les bouteilles de 12,5 kg et 1200/heure pour les bouteilles de 6kg », a-t-il soutenu. M. Kaboré a ajouté que la sphère de stockage de la SONABHY est pleine à 80% actuellement. Il y a donc du gaz mais la tension est déjà là.