Au risque de nous répéter, le sujet qui alimente le débat est celui sur le Sénat ; chacun y va de son analyse. Pour l'auteur du présent écrit qu'il a fait parvenir à notre Rédaction, la bataille contre la Chambre haute est une forme de "bal masqué des politiciens burkinabè pour la présidentielle 2015".
Pour ceux qui ne connaissent pas assez les méandres du landernau politique burkinabè, il est facile d’y perdre le nord sans avoir une boussole fiable pour s’orienter. Le Sénat est devenu un prétexte pour nombre de politiciens du Burkina pour déclencher la course et le positionnement pour l’élection présidentielle du 15 novembre 2015.
Par une analyse profonde des agitations sociopolitiques que le Burkina Faso a connues en juin et juillet 2013, il ressort de façon latente que le combat contre le Sénat est utilisé comme un plat d’entrée dans l’attente du plat de résistance qui est la bataille pour la présidentielle de novembre 2015. Attention, il ne faut pas se presser de jeter la pierre sur l’opposition qui, en réalité regroupe peu de partis bien structurés, disposant de moyens matériels et financiers pour mener durablement des agitations sociopolitiques. Le combat du Sénat est utilisé comme un montage machiavélique pour des règlements de compte déguisés contre le président du Faso et certains de ses collaborateurs. Les vrais instigateurs de ces complots sont à fouiller au sein des clans rivaux du parti au pouvoir, qui passent par des partis satellites d’opposition pour faire entendre leurs causes. C’est cela le premier cas de figure des combats masqués autour de la question du Sénat. Le second cas repose sur d’anciens alliés du régime en place, reconvertis en opposants qui tirent à boulets rouges sur le parti au pouvoir, tout en ménageant le chef de l’Etat tactiquement, dans le secret espoir que celui-ci les prépare à sa succession.
S'il y avait un choix à faire...
Certains parmi ces opposants ont commencé à demander clairement qu’il est temps que le Président du Faso déclare hic et nunc qu’il n’est pas candidat à la présidentielle de 2015 et qu'il ne modifiera pas la Constitution à cet effet. Ces propos ont été entendus après la diffusion du contenu du nouveau format compressé et actualisé du Sénat. Il s’agit à présent d’un Sénat élargi à une large gamme des couches sociales burkinabè, avec une réduction de son effectif de 89 à 71 et de son coût, initialement décriés par l’opposition comme étant pléthorique et budgétivore. En réalité, s’il y avait un choix à faire entre l’Assemblée nationale et le Sénat, il était préférable d’opter pour le Sénat dans son nouveau format qui est plus représentatif du peuple burkinabè par sa composition, contrairement à l’Assemblée nationale, un gîte d’adversités politiciennes entre deux camps sempiternellement rivaux, en l’occurrence la majorité présidentielle et l’opposition. Cela fait que les avis et opinions des députés sur les questions de la vie nationale sont généralement subjectifs et enrobés sous des intérêts partisans.
L’opinion publique ainsi que les structures religieuses feraient œuvre utile en prenant un peu de distance vis-à-vis des actions politiques, qui manquent souvent d’objectivité, afin de pouvoir mieux faire la part des choses en toute honnêteté spirituelle. Ce que les populations attendent des gouvernants, c’est qu’ils mettent en place des actions fortes et durables de développement inclusif au profit de l’ensemble des citoyens. Et il est normal que l’opposition et les organisations syndicales rappellent ce devoir aux autorités. Mais l’honnêteté intellectuelle voudrait, quand on fait des critiques qui sont prises en compte, qu’on reconnaisse les avancées et se donne le temps de les évaluer sur le terrain. L’attitude de s’opposer à tout, même s’il existe des actions qui peuvent profiter à beaucoup de citoyens, n’est rien d’autre qu’une politique politicienne, qui vise à sacrifier sur les autels d’intérêts partisans les populations qui manquent parfois de discernement. Alors, que les politiciens préoccupés par la présidentielle 2015 commencent à dévoiler leur programme de gouvernement, qui ne saurait se limiter à la lutte contre le Sénat, une institution qui pourrait jouer un rôle capital et fédérateur des aspirations populaires pour autant que les composantes y désignent des représentants ayant un sens élevé du patriotisme et de l’ardeur au travail.