Dans le cadre d’un projet tripartite, la société minière Roxgold Sanu, la maire de Bagassi et le Projet d’appui à la gouvernance et à la croissance économique durable en zone extractive (AGCEDE) ont rendu fonctionnel le centre de formation professionnelle de Bagassi. En trois ans, une centaine de jeunes et de femmes y sont formés dans les métiers de l’énergie solaire, mécanique agricole, auto et moto, vulcanisation, électricité bâtiment, plomberie, maçonnerie, froid et climatisation, tissage et teinture.
La problématique de la formation professionnelle et de l’emploi des jeunes et des femmes de Bagassi préoccupe la société minière Roxgold Sanu, la maire et le projet d’appui à la gouvernance et à la croissance économique durable en zone extractive (AGCEDE). Pour y apporter une réponse durable, ces trois partenaires ont mis en place le Centre de formation professionnelle de Bagassi. Un projet de la commune vieux de plus de 10 ans, c’est avec l’appui de Roxgold Sanu et de ses partenaires que l’établissement est devenu fonctionnel en 2018. En trois ans d’existence, environ une centaine de jeunes et de femmes, y sont formés. Ils y reçoivent des formations dans les métiers de l’énergie solaire, mécanique agricole, auto et moto, vulcanisation, électricité bâtiment, plomberie, maçonnerie, froid et climatisation, tissage et teinture. Ces formations durent 9 mois, dont 3 à 6 mois de théorie et au moins 3 mois de stage pratique obligatoire en entreprise dans les centres urbains comme Boromo, Dédougou, Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, y compris Bagassi.
« Lorsqu’une compagnie minière s’installe dans une localité, la pression de l’emploi devient tellement forte qu’il faut trouver des alternatives, des stratégies, au profit des communautés riveraines, notamment les jeunes et les femmes de la localité. A l’issue d’une étude de AGCEDE ayant conclu à la viabilité du centre, nous avons décidé de le rendre fonctionnel ; et ce, dans le cadre d’une convention tripartite avec la mairie et AGCEDE », explique le directeur du développement durable de Roxgold Sanu, Bassory Traoré. C’est ainsi que la société minière a injecté 35 millions F FCA en 2018 et 30 millions F FCA en 2020 dans le fonctionnement du centre, notamment pour l’acquisition du matériel didactique, la prise en charge des formateurs, la restauration des pensionnaires.
« Si ce centre n’existait, il fallait le créer »
Quant à l’apport de la mairie, il est estimé à environ 61 millions F CFA, issus du Fonds minier de développement local et qui ont permis, entre autres, de doter le centre de bâtiments, forage, équipements, et d’assurer la formation en conduite d’engins lourds, confie le bourgmestre de Bagassi, Lomboté Léon Mihin.
Le projet AGCEDE, financé par la Coopération canadienne, intervient dans la mobilisation des consultants-formateurs pour le développement des modules, l’octroi des kits de formation et d’installation, la recherche d’emplois, etc. Chaque année, le projet y injecte en moyenne 20 millions F CFA, fait savoir son coordonnateur, Issaka Ouédraogo. « Mais ce n’est pas cette valeur monétaire qui nous intéresse, c’est plutôt le fait de voir que l’initiative permet à des jeunes et des femmes de se réaliser professionnellement et socialement qui nous motive », argue-t-il.
Avec tant d’implications, toutes les parties prenantes se réjouissement aujourd’hui de la création de cet établissement qui constitue une fierté pour tous, bénéficiaires comme partenaires. Les autorités locales, le maire, le chef de canton, et le président du comité villageois (CVD), saluent tous cette initiative de développement local. « Si ce centre n’existait, il fallait le créer. Car il répond à un besoin réel de la jeunesse en matière de formation professionnelle, au regard des réalités du terrain », soutient le maire Mihin.
Bertine Gnoumou, mariée et mère de deux enfants, avec un niveau d’études 1ère, fait partie des 28 recrues de la 3e promotion (2020-2021). Elle est en option tissage. A peine trois mois de cours au centre, en ce matin pluvieux du 14 septembre 2021, sur un métier à tisser, elle confectionne un pagne faso danfani. Elle rêve déjà de disposer d’un atelier de formation dans ce domaine qui est sa passion. Rakiatou Sieza/Tarnagda est aussi de cette 3e cohorte du centre, mais en option froid et climatisation. Tout comme Mme Gnoumou, elle ne tarit pas d’éloges à l’égard des porteurs de ce projet qui lui donnent l’opportunité de se former dans un domaine qui l’affectionne tant. « Je n’aime être enfermée dans un bureau. Je préfère entreprendre de moi-même. Et j’ai toujours rêver de faire carrière dans le froid », se lâche la jeune ménagère de 30 ans, mère de deux enfants.
Assurer la pérennité du centre
Pensionnaire de la toute première cuvée du centre (2018-2019) composée de 30 apprenants, et formé en électricité-énergie solaire, Zakaria Bicko est déjà son « propre boss ». Installé en son compte à Boromo, il y dispose d’une mini boutique de vente de matériel électrique, d’énergie solaire. A travers sa jeune entreprise, il réalise des prestations d’installation/réparation à l’échelle de la province dans son domaine de formation, avec deux employés sous sa coupe. M. Bicko invite les jeunes de la province à saisir cette aubaine de formation professionnelle qu’offre le centre de Bagassi. Avec l’ambition dans les veines, il sollicite l’accompagnement des autorités pour agrandir son business. Déjà, Roxgold Sanu envisage d’accompagner les sortants déjà installés avec des subventions de deux à trois millions F CFA, afin qu’ils puissent améliorer leurs cadres de travail.
Si certains anciens du centre sont déjà employés dans des entreprises, dont deux dans la mine Roxgold Sanu, l’auto-emploi semble être le leitmotiv des sortants du centre de Bagassi, dont la première promotion a un taux d’insertion professionnelle de 99%. Formé en mécanique agricole, Nestor Zagré est installé à Bagassi et vole aujourd’hui de ses propres ailes. Ce jeune homme de 32 ans est propriétaire d’un atelier où il a deux employés sous sa coupe. « J’ai reçu une bonne formation au centre. Quand j’y m’inscrivais, je ne maitrisais pas les motopompes, les motoculteurs. Aujourd’hui, je répare sans problème », ajoute-t-il.
Malgré ses résultats forts encourageants, le centre fait face à de nombreux défis qu’il doit relever pour atteindre son niveau de développement souhaité. « Mon combat aujourd’hui est d’œuvrer à la reconnaissance officielle du centre de sorte que nos stagiaires puissent prendre part aux différents examens nationaux de qualification professionnelle. Mais aussi à ce que l’école puisse disposer d’enseignants titulaires », fait savoir le gestionnaire du centre, Jérôme S. Gnoumou. Sans oublier sa dotation en équipements et matériels didactiques de pointe et en quantité suffisante, comme le souhaitent les apprenants. M. Gnoumou appelle la mine, la mairie, y compris toutes les bonnes volontés, à toujours accompagner ce bébé de la formation professionnelle dans la zone, dont l’importance n’est place à démontrée, afin d’assurer sa pérennité.