Le Conseil des ministres du mercredi 11 septembre 2013 a décidé d’une batterie de mesures portant sur l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, la création d’emploi pour les plus jeunes, la prise en charge des personnes vulnérables, des enfants en difficultés et des personnes du troisième âge. Il est aussi questions des conditions de vie et de travail des étudiants. Toutes ces décisions figurent dans l’agenda de tout gouvernement responsable. Elles arrivent aussi comme une réponse au Comité de suivi de la mise en œuvre des reformes politiques qui, dans son rapport rendu au Chef de l’Etat le vendredi 30 août a demandé la prise de mesure contre la vie chère. Ces décisions gouvernementales répondent enfin aux partenaires sociaux qui dénoncent le coût de plus en plus élevé de la vie. L’opposition politique s’est aussi saisie de la question dans ces déclarations et manifestations. Il est indéniable, qu’en décidant d’apporter des réponses vigoureuses à tous ces groupes sociopolitiques, le gouvernement démontre une fois de plus qu’il n’est pas sourd aux récriminations. Pouvait-il en être autrement d’autant plus qu’il a été élu pour servir les Burkinabè du mieux qu’il peut quels qu’en soient les sacrifices. Mais dans un pays où la critique est facile, dans un Etat où le programme de certains est le « quitte-là que je m’y mette », dans un contexte où pour certains tout ce qui vient de l’Exécutif est superfétatoire, insuffisant, suspicieux, dangereux et à balayer de la main, on peut aisément entendre les cris d’orfraie. Personne ne dit que ce que le Gouvernement fait est bon et suffisant. Aucun gouvernement du monde n’a jamais suffisamment fait pour être applaudi par tout son peuple.
Ce qui devrait être le leitmotiv, c’est comment faire pour que ce que le gouvernement a décidé soit effectif ? Quels sont les moyens de contrôle, de veille, de surveillance, de pression que nous pouvons utiliser pour que ce qui a été décidé soit comme il a été dit. A cet égard et connaissant mes compatriotes, j’en vois parmi les acteurs commerciaux qui se feront sentir de la plus mauvaise des manières dans les jours à venir en faisant une valse des étiquettes. C’est à cela que nous devons veiller : empêcher le boutiquier du coin d’augmenter le prix du sucre, dénoncer le propriétaire d’augmenter le loyer.
Revenant au Sénat, le dialogue doit primer entre le gouvernement et l’opposition. D’ailleurs rien ne divise au fond les uns et les autres. A écouter les anti-sénats, l’argument majeur c’est le coût. Comme parmi les opposants, il y a d’éminents économistes et même des ex-ministres de Finances, ils pourraient proposer des scénarii sur comment rendre le Sénat moins, peu ou pas onéreux pour le contribuable. Les opposants disent que POUR L’INSTANT, le Burkina Faso ne peut pas se payer LE LUXE d’un Sénat. Cela veut dire en français simple que si le budget 2013 ne peut pas supporter le Sénat, celui de 2014, 2015 pourrait le supporter. Alors, le débat ici c’est que chacun apporte ses arguments détaillés et évite de brandir le chiffre d’ailleurs faux de six milliards de francs CFA. Quant au fait que l’institution n’apporterait pas un plus à notre démocratie contrairement, le débat est loin d’être juridique. Il est éminemment politique, voire une simple question de perception et de sentiment. Aujourd’hui chacun juge la démocratie burkinabè selon son bord politique, sa culture politique, ses aspirations et préjugés. Les grandes décisions, les grands bouleversements dans l’Histoire se sont souvent faits malgré des oppositions tenaces, farouches, souvent au prix de violences inouïes et inutiles.
Pour remonter un peu dans notre propre histoire, on a en mémoire qu’en 1993, certains ont demandé la suppression pure et simple du Conseil économique et social (CES). Et pourtant, cette institution a existé depuis le 19 mai 1959, réorganisé en 1960 et 1962 avant de disparaître en 1966. C’est la Révolution du 4 août 1983 qui l’avait ressuscitée le 25 février 1985 sous l’appellation de Conseil révolutionnaire économique et social (CRES) pour qu’elle soit une « institution d’aide à la prise de décision gouvernementale ». Depuis 1985, il y a eu huit présidents : Kader Cissé ; Youssouf Ouédraogo ; Frédéric Korsaga ; Philippe Ouédraogo ; Zéphirin Diabré ; Juliette Bonkoungou ; Thomas Sanon et Paramanga Ernest Yonli. Y-a-t-il des hommes qui réclament sa disparition de nos jours ? Non. Et s’il en existe, ils ne se sont pas encore signalés publiquement.
Il y a eu des levées de bouclier en 1995 lors de la création du Conseil supérieur de l’information (CSI) devenu Conseil supérieur de la communication (CSC). Aujourd’hui tout le monde appelle le CSC à s’impliquer davantage dans la régulation de la presse. Pour l’accueil de la 18è Coupe d’Afrique des nations de football, la CAN en 1998, des prétendus partisans de la sécurité budgétaire ont vivement protesté arguant que le pays n’avait pas besoin d’une CAN, que c’était pour répondre au hobby d’un homme ou d’un pouvoir en place. La CAN a finalement été un succès reconnu au plan social, économique, politique, sportif, et pour l’image du pays. Surtout, aujourd’hui, tout le monde jubile derrière les succès fulgurants de l’équipe nationale, les Etalons sans se souvenir de ce que la CAN a permis de mieux réorganiser notre sport-roi, ses clubs, ses centres de formation, ses infrastructures, etc.
Last but not the last, d’autres encore se sont par ailleurs insurgés contre la célébration de la Journée nationale de pardon en 2001 dont l’objectif premier était de réconcilier les Burkinabè et d’apaiser les cœurs à la suite de nombreux événements malheureux. Et pourtant, cette journée a permis d’éviter à notre pays une déchirure dont l’étendue aurait été inimaginable.
A chaque fois qu’une grande décision est prise, à chaque tournant de notre Histoire, il y a eu des gens pour blâmer souvent parce que l’initiative vient simplement du pouvoir exécutif. On ne bâtit pas une nation dans la division car cela pourrait compromettre la quiétude et notre vivre ensemble.