En cette période cruciale où les besoins en produits sanguins sont très pressants au regard des nombreux cas d’anémies liées au paludisme, aux accouchements, aux accidents… voici un extrait de l’ouvrage intitulé ‘’ Sinistrés des hôpitaux’’ de Jules Bationo.
J’ai vu des enfants tout blancs comme neige dans les services de santé à la recherche de sang absent ; j’ai vu des pères en pleurs et des mères amères de colère de voir leurs enfants au bord de la tombe ; j’ai vu des enfants aux conjonctives blanches, aux paumes de la main blanches ! J’ai vu ces innocents qui respirent difficilement et souvent cessent de respirer par manque de sang ; alors qu’on se promène avec des citernes de sang, des enfants innocents, tout blancs comme du coton, par terre, sont enfouis sous la terre par manque de quelques gouttes de sang ! Et je vois organiser des journées de l’enfant sans aucune collecte de sang ! Aussi, j’ai vu des paysans qui saignent suite aux morsures de serpents ; j’ai vu ces paysans à l’hôpital à la recherche de sang ; je les vois repartir bredouille sous la terre ; et je vois organiser des journées du paysan sans une collette de sang ! Je vois des femmes qui pleurent à sang, pour le sang, quand leurs enfants hurlent dans leur sang ! J’ai vu des femmes recouvertes de pagnes rouges quand les blouses blanches courent à la recherche de sang absent ! J’ai vu souvent des blouses blanches tendre leurs bras pour faire saigner leurs veines afin de sauver des vies humaines. j’ai vu de beaux thèmes’’...Maternité sans risque… Donner la vie sans perdre la vie… ; et je vois organiser des journées de la femme sans des collectes de sang dans tous les districts sanitaires ! J’ai vu des accidentés, les dents dans le sang, qui pleurent à sang pour le sang sur la route Ouaga - Bobo ; une route au goudron noir d’un étonnant cocktail de sang humain et de bétail ! j’ai vu organiser des djandjoba, des banquets, des dîners gala dans les villes ! j’ai vu organiser dans les lycées et collèges des marches…et des grèves bien organisées des organisations syndicales, de la société civile ! Mais aucune mobilisation pour une collecte de sang ! j’ai vu des meetings drainer une marée humaine dans les rues quand un enfant tout blanc recouvert de drap blanc se dirigeait au même moment vers le cimetière le plus proche. Je vois des églises et des mosquées organiser de grands pèlerinages quand les malades anémiés font leur pèlerinage à la morgue, parce qu’ils n’ont pas trouvé un prochain sur cette terre pour leur exprimer l’amour de Dieu : celui de donner une partie de soi-même pour sauver son prochain ! Un donneur de sang ! Je vois des édifices, des gratte-ciel, des véhicules à coût de centaines de millions pendant que les centres de transfusion sanguine manquent de réactifs, de poches pour collecter du sang ! Et les banques sont pleines d’argent ! Et les veines des patients sont vides de sang ! Et le monde se vide des anémiés qui n’ont souhaité en aucun cas, être dans cette situation de sécheresse humaine. Mais attention ! Nul n’est à l’abri d’une transfusion sanguine ! Alors, tous à la banque de sang comme les marches, grèves et meetings dans les rues ! Tous à la banque de sang comme les pèlerinages, comme les secours du 1er Septembre ! Je vois des milliards collés aux ballons et aux vélos ! Je vois encore et toujours des vies humaines au bord de la tombe, qui attendent du sang pour revenir à nous ! Revenir sur terre ou partir au ciel ? Et ils sont nombreux, qui partent chez le Père pour aller témoigner ; et j’ai lu le témoignage écrit noir sur blanc ! Une écriture noire que je vois toujours sur les paumes et les lèvres blanches « ils m’ont refusé leur sang pour me rendre absent ». Un témoignage à Dieu que je vous invite à lire sur les conjonctives et les yeux pâles des patients absents. J’ai vu et j’écris pour ne plus voir la neige au désert.
