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L’Observateur Paalga N° 8458 du 16/9/2013

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Les catholiques rejettent, les musulmans bénissent et les protestants...
Publié le lundi 16 septembre 2013   |  L’Observateur Paalga


Paul
© Autre presse par DR
Paul Y. OUEDRAOGO, président de la Conférence Épiscopale.


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Après avoir reçu le rapport d’étape circonstancié sur l’opérationnalisation du Sénat, le président du Faso, Blaise Compaoré, on se rappelle, avait dans un communiqué en date du 6 septembre 2013 appelé à l’élargissement des concertations à toutes les composantes sociales et politiques pour bien asseoir la pertinence de la Chambre haute. C’est sans doute dans cette perspective qu’il a reçu en audience ce week-end les différentes confessions religieuses. Ce chassé-croisé confessionnel a débuté le 13 septembre avec les catholiques dont les évêques ont clamé «la cohérence» de leur position contenue dans leur lettre pastorale. Une question de «logique» en somme.

Le 14 septembre, sur le perron de la résidence présidentielle, le premier responsable de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME), le pasteur Samuel Yaméogo, a renvoyé la presse à la "position de l’Eglise protestante dans le rapport circonstancié". Promettant dans la foulée d’y revenir "le moment venu".

Ce même jour dans l’après-midi, pour sa part, El hadj Souleymane Compaoré, le secrétaire général de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso, a été on ne peut plus clair : «Nous sommes toujours d’accord pour aller au Sénat parce que les musulmans trouvent leur intérêt dans le Sénat».

Dans la suite de ces échanges, le président du Faso reçoit ce matin la délégation des chefs coutumiers de notre pays.

Comme vous le savez, les journalistes n’assistent pas aux audiences ; ils ne peuvent que recueillir les propos de ceux qui ont été reçus par le chef de l’Etat. Voici donc ce que les uns et les autres nous ont confiés après leur tête-à-tête avec Blaise Compaoré.

Paul Ouédraogo, Archevêque de Bobo-Dioulasso, président de la Conférence épiscopale

«Nous essayons d’être cohérents…»

Nous avions demandé cette audience pour nous entretenir avec le président du Faso sur certaines questions qui nous préoccupent surtout après la parution de notre lettre pastorale, un acte collégial que nous avons posé, donc c’est de cette lettre que nous avons parlé et nous avons dit notre analyse de la situation. C’est de cela surtout que nous avons parlé.

Après la remise du rapport d’étape circonstancié, quelle est la position de l’Eglise catholique ?

Vous le saurez. Je pense qu’en fait nous restons fidèles à nous-mêmes, logiques. Je pense que notre lettre pastorale fait ressortir ce que nous avons à faire.

Donc votre position n’a pas changé par rapport à la mise en place du Sénat ?

Nous essayons d’être cohérents…

Donc il n’y aura pas de représentant de l’Eglise catholique au Sénat ?

Vous verrez bien, ne vous inquiétez pas. Vous verrez bien par la suite, soyez patients.

Que dites-vous par rapport aux mesures qui ont été prises par le gouvernement pour lutter contre la vie chère ?

Nous les saluons toutes à leur juste mesure. Que ce soit la hausse des salaires ou les gestes en faveur des filets sociaux ou la création d’emplois surtout pour les jeunes, puisque c’est un des problèmes qui nous préoccupent, je pense que nous ne pouvons que les saluer et nous sommes prêts à les accompagner pour que ces mesures deviennent réalités pour le bien de l’ensemble de notre peuple et surtout les couches les plus vulnérables.

Nous continuons d’accompagner le pays qui nous est cher de notre prière parce que c’est ce que l’Eglise a de mieux à offrir. Je crois que Dieu continue de maintenir dans ce pays la paix dont nous avons tous besoin. La paix est chère au cœur de Dieu et elle est chère au cœur de tous les hommes et de toutes les femmes.

Pasteur Samuel Yaméogo, président de la FEME

«Vous saurez notre position le moment venu»

Quel est l’objet de cette audience ?

Nous avons parlé de la situation nationale et nous avons félicité le président du Faso pour le temps d’écoute quand il reçoit les uns et les autres pour mieux comprendre les choses et écouter. Nous pensons que c’est quand même une bonne chose. Nous sommes contents.

Parlant de la situation nationale avec le Sénat comme sujet de controverse, qu’avez-vous dit à ce propos au président du Faso ?

Nous avons dit qu’il faut réellement un dialogue, une persuasion. Il faut que les gens soient convaincus du bien-fondé du Sénat parce que ce qui est très important c’est la paix sociale. Si le Sénat c’est pour la paix, il faudrait que les gens comprennent que c’est pour la paix. Ce que nous souhaitons le plus, c’est que ce pays soit réellement en paix.

Après la remise du rapport d’étape circonstancié, quelle la position de la FEME aujourd’hui ?

La position de l’Eglise protestante est dans le rapport circonstancié. Si on le parcourt, on peut connaître la position de l’Eglise protestante parce que nous avons tenu une approche qui consiste à donner nos avis et c’est celui qui reçoit ce que nous avons donné qui en est le propriétaire.

Donc la FEME sera représentée au Sénat si cette institution doit se mettre en place ?

Là, nous n’en sommes pas encore à la mise en place du Sénat. Alors sur cette question, je répondrai le moment venu.

Mais vous êtes partant pour le nouveau format ?

Nous avons dit que notre principe, c’est de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Donc nous attendons. Notre principe c’est quand même d’avoir cette retenue et de communiquer notre position d’abord au chef de l’Etat avant qu’elle ne soit publique ensuite. Donc vous saurez notre position le moment venu.

Le président a fait un communiqué pour élargir les concertations. Et vous êtes venus à la concertation. Alors pourrait-on aujourd’hui savoir à peu près votre position sur le Sénat ?

Mais il ne m’a pas donné autorisation de dire notre position. Attendez d’abord d’avoir le contenu de cette concertation et quand ça sera livré, c’est vous qui êtes chargé d’en informer tout le monde.

Souleymane Compaoré SG de la Fédération des associations islamiques

«Les musulmans y trouvent leur intérêt»





De quoi il a été question au cours de cette audience ?



• Le présidium de la Fédération des associations islamiques a été reçu par le chef de l’Etat à sa demande. Nous avons des motifs de satisfaction à l’endroit des pouvoirs publics et le présidium tenait à venir marquer la gratitude des musulmans du Burkina pour ce qui a été fait pour la communauté des musulmans qui représentent 60% de la population.

Nous sommes des Burkinabè, le présidium juge ce qui se passe dans le pays. La question du Sénat et la situation nationale ont été passées en revue avec Son Excellence monsieur le président du Faso.



Justement parlant du Sénat, quelle est la position de la communauté musulmane ?



• La position des musulmans est connue depuis 2011 parce que nous sommes partis au consensus qui créait le Sénat depuis 2011. Nous n’avons pas fait de déclaration qui dit que nous ne soutenons plus le Sénat, donc notre position est connue qui plus est maintenant que Son Excellence monsieur le président du Faso a remis le dossier à la forge ; comme les autres, les musulmans du Burkina ont donné leurs contributions pour améliorer l’ouvrage afin qu’il satisfasse la majorité des Burkinabè.



Vous êtes donc prêts pour aller au Sénat ?



• En 2011 nous avons été d’accord pour créer le Sénat ; on l’a amélioré. Nous sommes toujours d’accord pour aller au Sénat parce que les musulmans trouvent leur intérêt dans le Sénat.



Par rapport aux différentes controverses, qu’est-ce que vous avez à dire ?


• Vous ne voulez pas savoir quel intérêt nous avons dans le Sénat ? Vous parlez de controverses, nous on a nos intérêts. Nous les musulmans nous disons que le débat autour du Sénat est un débat politique. La Fédération des associations islamiques n’est pas une organisation politique. Nous n’avons pas vocation à prendre le pouvoir, nous n’avons pas vocation à partager le pouvoir, nous ne souhaitons même pas être un contre-pouvoir parce que nous ne souhaitons pas qu’un jour la situation nationale exige des musulmans que leur organe dirigeant soit un contre-pouvoir. Les questions politiques sont gérées par les politiciens et comme dans une république. Et dans cette république, ceux qui pensent qu’ils peuvent gérer le pays, discuter des problèmes du pays, les régler, il y a des lois que vous devez suivre pour créer des formations qui s’appellent des organisations politiques ou des formations politiques. Le débat du Sénat se trouve au niveau de ces gens-là.

Ce que les musulmans disent à travers le présidium de la Fédération des associations islamiques, c’est que le débat politique doit rester sain, sans violence et que les gens exercent leur liberté en ayant en tête l’intérêt général de la Nation. Il ne faut pas chercher à attirer d’autres formations qui ne sont pas politiciennes dans les combats politiciens.

Le Burkina Faso est comme une grande famille. Si dans la famille il y a des troubles, s’il n’y a personne un jour pour calmer les uns et les autres, cette famille-là va s’éclater.

Mais que répondez-vous à ceux qui disent que le Sénat est budgétivore ?

Ecoutez, on a mis 45 milliards en moins de 6 mois pour faire les élections au Burkina Faso et personne n’a rien dit. Si on met 3 milliards en une année pour que les institutions s’enracinent, qu’il y ait plus de participation des coutumiers, des religieux pour l’élaboration des lois afin qu’il y ait davantage de paix sociale et d’implication des populations, nous disons que 3 milliards pour cette stabilité-là, ce n’est pas un prix qui nous fait peur.

El hadj, c’est que les musulmans qui seront au Sénat vont faire de la politique puisqu’ils vont élaborer des lois ?

Les musulmans sont des citoyens et ils doivent faire de la politique. Ce n’est pas interdit à un religieux de faire de la politique. Déjà vous savez, les musulmans ont participé de tout temps à l’apaisement du climat social quand il y avait des tensions, c’était de la politique. Même si vous prenez de la matière politique des mains des politiciens, vous mâchez, vous sortez des solutions qui sont acceptées et que le climat s’apaise, vous êtes des fins politiciens. Ce que les musulmans ne vont pas faire c’est la politique politicienne, être dans les combats alignés derrière des groupes pour des intérêts partisans, ça ce n’est pas possible !

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que la communauté musulmane aurait reçu 500 millions pour accepter le Sénat ?

Mais ce n’est pas un secret, le gouvernement ne s’est pas caché pour annoncer cela. C’est une information publique qui est sortie du conseil des ministres pour dire que l’Etat a contribué à stabiliser le prix du hadj cette année. C’est 400 millions et quelques. On avait même une dette de l’ordre de 100 millions pour le hadj que nous avons épongée. Est-ce que vous pensez qu’en juin 2011 quand on parlait du CCRP on avait reçu cinq cents millions pour être d’accord ? Depuis 2011, nous sommes d’accord avec le CCRP. Personne d’entre nous ne s’est opposé au Sénat lors des travaux au CCRP. Personne ! Aucune personne d’aucune organisation ! Sinon on n’aurait pas débattu de ça aujourd’hui.

Propos recueillis par

San Evariste Barro
Kadi Rabo (stagiaire)

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