Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5441 du 13/9/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Politique

Blaise Compaoré et le SENAT : Le PDS/METBA dénonce un « silence de sphinx »
Publié le lundi 16 septembre 2013   |  Le Pays


Conférence
© aOuaga.com par A.O
Conférence de presse du PDS/Metba
Mercredi 21 août 2013. Ouagadougou. Le PDS/Metba a animé une conférence de presse sur la crise des cités universitaires, le Sénat et bien d`autres sujets d`actualité.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le Parti pour la démocratie et le socialisme / Parti des bâtisseurs (PDS/Metba) donne de la voix sur le communiqué du président du Faso, Blaise Compaoré, demandant au Comité de suivi et d’évaluation des réformes politiques de lui faire des propositions appropriées. Lisez !

« Le Comité consultatif sur les réformes politiques (CCRP), arbitrairement composé par le Président du Faso et son ministre chargé des réformes politiques, boycotté par l’opposition politique, avait notamment décidé la création d’un Sénat, sur la base d’arguments fallacieux. Cette décision avait été aussitôt dénoncée, comme de nombreuses autres propositions du CCRP, par l’opposition politique, aussi bien à travers la presse que lors du vote pour les modifications constitutionnelles par l’Assemblée nationale.
Par sa composition même, le CCRP n’était pas représentatif des composantes sociales et politiques du pays. Il a délibérément ignoré des pans majeurs de l’opposition politique et de la société civile. Ses conclusions ne pouvaient donc qu’être illégitimes. Leur transcription quasi-automatique dans la Constitution ou dans des lois, ne pouvait donc qu’être une grave erreur.
Fermant les yeux et les oreilles devant toutes les contestations, le gouvernement a entamé les opérations de désignation d’une partie des sénateurs, sur la base d’une loi organique décriée qu’il a fait passer en force à l’Assemblée nationale le 21 mai 2013.

Mais devant la profondeur des manifestations de rejet du Senat, et notamment les gigantesques meetings-marches des 29 juin et 28 juillet 2013, à son corps défendant, le Président du Faso, a demandé au Comité de suivi et d’évaluation des réformes politiques (CSERP) mis en place par le CCRP, de lui établir un rapport sur « l’opérationnalisation » de la mise en œuvre du Sénat. Ce rapport lui a été remis le 30 août. Ignorant délibéremment le rejet total du Sénat jugé inutile, budgétivore, non démocratique et partisan par une large partie du peuple, le rapport du CSERP y fait à peine allusion et propose seulement un changement de format du Senat.
Après avoir, par deux fois, exprimé sa satisfaction quant au contenu de ce rapport que la presse a diffusé malgré lui, le Chef de l’Etat a publié le 6 septembre un communiqué par lequel il invite son gouvernement à « étendre les concertations à toutes les couches socio-politiques » pour établir la « pertinence de la mise en place du Sénat ».

Que doit-on penser de ce dernier communiqué de Blaise Compaoré ?

Manifestement, le Président Blaise Compaoré a du mal à cacher son impatience et le fait qu’il est fortement désireux de mettre en place son Sénat pour consolider sa majorité, « caser » différents parents et de « bons serviteurs » politiques et s’en servir pour atteindre ce qui est sa préoccupation principale : changer l’article 37 de la Constitution pour se présenter à la Présidence en 2015 pour la cinquième (5e) fois consécutive. Mais s’étant rendu compte que ses manœuvres n’ont pas encore réussi à changer l’opinion de tous ceux qui refusent le Sénat, il veut gagner du temps en transmettant « la patate chaude » au gouvernement.

Vu la composition du CCRP et du CESRP, personne ne croit à leur autonomie par rapport au pouvoir en place. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’ils sont pilotés et « cornaqués » par un officier supérieur, le colonel Arsène Bongnessan Yé, Ministre d’Etat chargé des réformes politiques, qui ne cache pas son dévouement au Président Blaise Compaoré. Les conclusions de ces deux comités ne peuvent donc qu’être conformes aux désirs profonds de Blaise Compaoré et de ses proches.
Voilà pourquoi, dans son communiqué, Blaise Compaoré à tenu à "saluer la qualité et la pertinence des réflexions" du CESRP, et à féliciter tous ceux qui ont participé au conclave de ce comité. Ce faisant, il réaffirme en fait la nécessité d’imposer un Sénat pour notre pays. C’est dire que les « concertations » qu’il demande à son gouvernement avec les différentes "composantes sociales et politiques" ne doivent pas porter sur l’instauration ou non d’un Sénat mais sur les quelques retouches cosmétiques proposées par le CESRP portant sur sa composition et les modalités de sa mise en œuvre.
Avant même qu’il soit créé, le Sénat pose de trop nombreux problèmes pour l’unité et la paix sociales, et à divers niveaux, financier, institutionnel, organisationnel, etc. Le Président Blaise Compaoré pourrait donc dès maintenant, s’il le veut, nous épargner ces problèmes. Garant de l’unité nationale et de la paix sociale, il a le pouvoir, le devoir et les moyens de renvoyer sans délai ce Sénat.

Pour un Président qui se veut effectivement le garant de l’unité de la Nation, il aurait fallu plutôt supprimer la cause principale des divisions qui n’ont pas leur précédent dans notre pays, à savoir l’instauration d’un Sénat. Cela est d’autant plus facile que le Sénat n’est pas encore installé et n’est donc pas encore en fonction. Ne pas le faire aujourd’hui, c’est laisser la Nation se déchirer à cause d’un fantôme !
Il peut le faire en se fondant légitimement sur les raisons officielles qui ont justement prévalu pour décider, en 2002, la suppression de la deuxième Chambre du Parlement ou Chambre des Représentants, et que la dernière lettre de la Conférence épiscopale Burkina-Niger rappellait si justement :
« […] Après dix ans de fonctionnement régulier de nos institutions, notre processus démocratique a aujourd’hui atteint sa vitesse de croisière et l’Assemblée nationale fait preuve d’une efficacité progressive incontestable.
En outre, l’institution de la fonction publique parlementaire a permis aux députés de disposer d’un encadrement suffisant pour les aider à émettre des avis conséquents à l’occasion du travail législatif.
Il importe également de noter que le Gouvernement, pour plus d’efficacité dans le travail législatif, s’est doté d’une commission technique de vérification des avant-projets de loi avec pour mission de procéder à un toilettage systématique et conséquent des textes des avant-projets de loi avant leur soumission au Conseil des Ministres puis éventuellement à l’Assemblée nationale.
Enfin, l’expérience des parlements bicaméraux révèle une lourdeur administrative source de lenteur, en sus des coûts de fonctionnement très élevés pour les fragiles économies de nos Etats.
Dans notre pays, l’option prise de lutter contre la pauvreté commande que nous tenions compte de la question des coûts tout en ne perdant pas de vue la nécessité d’élargir la base du débat démocratique […] »

Aujourd’hui, les choses ont empiré car la paupérisation continue, ce que confirment les statistiques officielles. Les vagues propositions du rapport du CESRP pour la réduction du coût du Sénat ne peuvent être considérées comme une réponse adéquate à tous ceux qui préfèrent que l’on donne la priorité à la résolution des questions de l’éducation, de l’université, de la santé, de la vie chère, des salaires des travailleurs, de la sécurité sur les routes et les centres urbains, etc.
Les grands supporters du projet de Sénat, parmi les plus importants comme François Compaoré, frère cadet du Président du Faso, et divers dirigeants du parti au pouvoir (le CDP), ont publiquement lié leur soutien au Sénat et l’exigence d’une modification de l’article 37 de la Constitution, qui permettrait à Blaise Compaoré de briguer son 5e mandat en 2015. On peut donc à juste titre considérer que le silence de Sphinx observé par le Président sur ses intentions en 2015, alors que des personnalités qui sont très proches de lui s’expriment ainsi, témoigne de sa volonté d’instrumentaliser le Sénat pour assouvir son ambition de contourner l’article 37.
Il faut espérer que Blaise Compaoré ne s’enfermera pas dans sa logique habituelle de vouloir créer un rapport de forces favorable pour arriver à imposer ses vues. Il peut vouloir tenter de diviser le front des anti-Sénat en lançant, comme son gouvernement vient de le faire, des promesses à toutes les couches qui participent à la contestation contre le Sénat (étudiants, travailleurs, personnes âgées, personnes vulnérables, etc.). Cela ne ferait que prolonger la crise socio-politique actuelle.
Et personne ne sait à quoi peut aboutir une telle prolongation, tant l’exaspération et la colère du peuple sont grandes aujourd’hui devant les manœuvres dilatoires du Président et le maintien du projet funeste de Sénat.
Il appartient alors à toutes les forces démocratiques de redoubler de vigilance et de détermination pour continuer la lutte. »

Ouagadougou le 12 septembre 2013

Pour le Bureau exécutif du PDS/Metba

Le Vice-Président

Etienne TRAORE

 Commentaires