L'Afrique, qui ne représente que 2% des plus de 5,7 milliards de doses de vaccins contre le nouveau coronavirus administrées à travers le monde, est "laissée pour compte par le reste du monde", a estimé mardi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, mettant en garde contre les inégalités vaccinales.
L'objectif de l'OMS est de vacciner au moins 40% de la population de chaque pays d'ici la fin de cette année et 70% d'ici le milieu de l'année prochaine. Cependant, seuls deux pays en Afrique ont atteint l'objectif de 40%, soit le niveau le plus bas de toutes les régions, a indiqué le chef de l'ONU lors d'un point de presse en ligne.
"Ce n'est pas parce que les pays africains n'ont pas la capacité ou l'expérience de déployer les vaccins contre la COVID-19. C'est parce qu'ils ont été laissés pour compte par le reste du monde", a-t-il dénoncé.
L'année dernière, l'OMS et ses partenaires ont mis en place le mécanisme COVAX, initiative mondiale visant à assurer l'accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19. A ce jour, elle a livré plus de 260 millions de doses de vaccins à 141 pays.
Or, le mécanisme COVAX a également dû faire face à plusieurs défis qui, selon l'OMS, ont été entraînés par le fait que les fabricants ont accordé la priorité aux accords bilatéraux et que de nombreux pays à revenu élevé ont contrôlé l'approvisionnement mondial en vaccins.
Selon John Nkengasong, directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), qui a également assisté au point de presse, moins de 3,5% des Africains ont été vaccinés contre la COVID-19, ce qui est loin de l'objectif officiel de 60%.
"Plus l'inégalité vaccinale persiste, plus le virus continuera à circuler et à muter, plus les perturbations sociales et économiques persisteront, et plus les chances d'apparition de davantage de variants qui rendent les vaccins moins efficaces seront grandes", a-t-il averti.
L'OMS, l'Union africaine et le mécanisme COVAX ont appelé les fabricants de vaccins à donner la priorité à l'initiative COVAX, et exhorté les pays à respecter leurs engagements en matière de partage de doses et à faciliter le partage des technologies de vaccins et de la propriété intellectuelle.