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Répression contre la liberté d’opinion: Des signes évidents d’un régime aux abois

Publié le lundi 23 aout 2021  |  Netafrique.net
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© Autre presse par DR
Répression contre la liberté d’opinion: Des signes évidents d’un régime aux abois
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L’heure est plus que grave au Burkina Faso. Les terroristes semblent avoir y trouvé un pays conquis au sein du G5 Sahel pour mener des actions de plus en plus meurtrières: 30 personnes (15 soldats, 4 VDP et 11 civils) tuées à Markoye le 05 août; 12 soldats tués à Toéni le 08 août; 47 personnes (14 soldats, 03 VDP, 30 civils) tuées à Arbinda le 18 août. Le bilan de cette dernière hécatombe, qui a suscité encore une fois un deuil national de 72h, s’est alourdi dès le lendemain passant ainsi à 86 morts dont 15 soldats, 06 VDP et 65 civils. Le Burkina Faso est en train de toucher peu à peu le fond étant donné que le pays ne contrôle pratiquement plus une bonne partie de son territoire.

La recrudescence des attaques et des tueries est d’autant plus inquiétante que celles-ci ont l’air de “remake”. Ce sont des exploits sanglants et meurtriers que les terroristes sont en train de rééditer à Toéni, Markoye, Arbinda, etc. Ces zones, qui devraient être sous un contrôle et une protection militaires permanents, continuent de souffrir le martyr. La lutte nationale contre le terrorisme présente visiblement des insuffisances en termes de management et de tactique. Voilà le résultat en un temps record de l’erreur que le Président du Faso a commise en prenant une fois de plus le risque de s’arroger le ministère de la Défense.

Que représente aujourd’hui un deuil national au Burkina Faso? A force d’être décrété à un intervalle très rapproché, ce moment solennel pour compatir au malheur frappant tout un peuple a perdu tout son sens. A tel point que le deuil national sert aujourd’hui à satisfaire à une tradition d’État visant à faire croire que le Président du Faso a pris la mesure du drame. La litanie mortifère contre laquelle le peuple commence à s’insurger bruyamment met le régime dans tous ses états. Les interpellations successives d’activistes, d’internautes et de responsables d’organisations de la société civile (OSC), intervenues ces derniers jours, traduit sans nul doute un malaise profond au sein du régime du président Roch Marc Christian Kaboré. Incapable de juguler les affres de l’hydre terroriste et de tenir les promesses électorales, c’est un pouvoir désemparé par le ras-le-bol général qui essaie de répliquer en s’appuyant sur un appareil d’État dissuasif et répressif.

Après l’arrestation de Zakaria Sana à Kaya, ce fut le tour du double président du centre d’expression démocratique (CED) et de la coalition nationale des OSC pour la patrie (COP) d’être conduit, à la suite d’une opération rocambolesque, au Service régional de la police judiciaire (SRPJ) de Ouagadougou pour de présumés griefs suivants: “incitation à la rébellion, tentative à la sûreté de l’État, déclaration subversive”.

Cette vague d’arrestations a suscité un tollé général. Celle-ci s’est révélée être un coup d’épée dans l’eau d’autant que les différents chefs d’inculpation n’ont pas prospéré devant les tribunaux. La libération de Pascal Zaïda constitue un revers. Dès son arrestation, le Chef de file de l’Opposition et des leaders d’OSC n’ont pas manqué de monter au créneau pour dénoncer cette cabale contre la liberté d’expression et d’opinion dans un État de droit.

C’est un camouflet par les initiateurs d’une telle démarche. Clamer son désarroi ne doit pas être perçu comme une atteinte à la sûreté de l’Etat. “Le Burkina Faso est un pays démocratique. Les libertés d’opinion sont données à tout un chacun par notre Constitution. Ce n’est pas un pays policier. Opiner ne veut pas dire appeler à une insurrection. D’ailleurs, eux-mêmes sont venus comment ? C’est pas une insurrection non? Ce qu’on leur demande c’est d’aller faire reculer ceux qui attaquent notre pays. Pas de venir arrêter ceux qui opinent sur la sécurité”, s’est indigné Eddie Komboïgo, président du CDP et du CFOP.

En effet, l’ensemble des cyber activistes et des responsables d’OSC, voire du citoyen lambda, est victime aujourd’hui d’un grave amalgame qui, à tort, assimile toute personne exprimant son désarroi à un traite, un démoralisateur, un apatride. Or, la réalité est là. La persistance des actes de mal gouvernance ne cesse de creuser le lit de l’insécurité et du terrorisme.

Après Naïm Touré et ses confrères, Zakaria Sana et Pascal Zaïda ne sont que l’écho retentissant d’un mécontentement général qui couve au sein de la population. Le Président du Faso et le parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) devraient s’efforcer d’admettre le chant de cygne que de plus en plus de Burkinabè entonnent dans leurs recoins respectifs. Les intimidations et les répressions ne parviendront pas à venir à bout des gémissements, des soupirs et des pleurs d’une population croupissant sous le joug de l’insécurité, de la faim et de la pauvreté alors que ses dirigeants vivent dans l’insouciance totale.

En dépit des moyens colossaux mis à la dispositions des secteurs de la Défense et de la Sécurité, le Burkina Faso s’illustre comme le ventre mou de la lutte contre le terrorisme avec le triste record en nombre de déplacés internes estimés à environ 1,5 million de personnes soit au-dessus des déplacés internes du Mali et du Niger réunis. Dernier pays à connaitre les attaques terroristes, il s’est englué dans une analyse myope et chétive de ses autorités au point que sa situation s’est empirée au fil des années. Le sort des zones sinistrées et le chapelet de morts (soldats, volontaires, civils) devraient éveiller les consciences les plus endormies au sommet de l’État.

Après avoir tenté de noyer leur incapacité à trouver des solutions idoines au phénomène terroriste en accusant à tort le régime de Blaise Compaoré, c’est ridicule d’entendre Roch Marc Christian Kaboré et le MPP admettre maintenant que le terrorisme est un fléau international. La démagogie et le populisme qui les ont
permis de berner la population viennent de montrer ses limites. L’affairisme, la corruption et la gabégie sont en train de plomber l’avenir d’un pays déjà éprouvé par l’insécurité. Ces maux entretenus par des dirigeants gloutons remettent en cause les chantiers de développement initiés au son de trompette.

Ni les interpellations ni les arrestations ni les emprisonnements n’empêcheront le peuple de se rendre à l’évidence de ce sombre tableau. La révision du Code pénal, pour amener à taire tout mécontentement ou toute grogne, n’est que peine perdue. D’autant que le fardeau du peuple vient de s’alourdir avec la hausse vertigineuse des produits de première nécessité. L’expression du patriotisme et l’affirmation de la cohésion sociale, tant recommandées face à l’ennemi commun et auxquelles la population a adhéré pleinement, ne doit pas faire de vue les derives d’un régime qui brille par le mensonge. La révolte d’un peuple, convaincu de la menace qui pèse sur son avenir voire sa survie, est subite et inattendue. C’est à cela qu’il faut craindre plutôt que les jérémiades des cyberactivistes et des OSC qui ne sont que le reflet d’une triste réalité qu’un pouvoir irresponsable veut coûte que coûte cacher.
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