Burkina Faso où trois jours de deuil national ont été décrétés à compter de ce jeudi [19.08.21], pour rendre hommage aux 47 personnes tuées lors d’une attaque djihadiste contre un convoi militaire dans le nord du Burkina Faso. Parmi elles, on dénombre quatorze soldats et trois supplétifs de l’armée.
Pour l’expert burkinabè, Luc Damiba, analyste indépendant en stratégie sécuritaire dans la région du Sahel, le Burkina Faso fait face à des complicités internes qui profitent aux groupes djihadistes locaux. ‘Il faut s’attaquer au financement des terroristes’ (Luc Damiba)
Regardez la carte géologique du Burkina, vous verrez que toutes les parties où les terroristes sont actifs sont aussi des zones où il y a beaucoup d’or. Donc les sources de financement des groupes terroristes sont imprimées sur la carte. Ce sont surtout des groupes locaux qui ont des armes lourdes. Ça vient d’où ? Ça ne peut pas traverser les frontières. Donc il y a une analyse objective qui n’est pas encore faite sur les complicités internes.
Vous voulez dire que les attaques djihadistes viennent des groupes internes qui agissent dans le pays ?
Oui, vous regardez la géographie des attaques au Burkina Faso, elles n’ont pas seulement lieu dans la zone des trois frontières. Tout le Burkina est émaillé d’incidents terroristes. Ce sont beaucoup plus des groupes locaux.
Le président burkinabè a décrété un deuil national de trois jours. On sait qu’il a pris aussi les rênes du ministère de la Défense, mais les attaques continuent.
J’ai toujours dit que ce n’est pas une histoire d’hommes et c’est même une erreur tactique qu’il assume le ministère de la Défense. C’est vrai que notre armée a des soucis, mais ce n’est pas une histoire d’homme. Vous imaginez que nous en sommes à notre quatrième ministre de la Défense. Et aucun n’a trouvé de solution.
Mais alors, qu’est-ce qu’il faut faire pour arrêter le terrorisme ?
Il faut avoir deux types de solutions : arrêter les sources de financement des groupes terroristes, mieux les contrôler et réduire le niveau de corruption au niveau de l’armée et négocier avec [les groupes terroristes] parce que ce sont des frères Burkinabè qui sont dans ces combats. Donc, il y a une possibilité de trouver une solution en élargissant avec le niveau régional, parce que s’ils sous-traitent avec des groupes internationaux, il faut revoir notre stratégie pour agir ensemble.
Vous parlez de groupes djihadistes internes. Connaissez-vous les noms de ces groupes qui agissent au Burkina ?
Oui, il y a la katiba de Dicko, imam basé à Djibo. Il y a d’autres groupes au niveau de l’Est qui sont un peu différents. Ce ne sont pas des groupes homogènes.
Mais pourquoi l’armée burkinabè ne s’installe-t-elle pas dans ces endroits pour mettre fin à ces attaques récurrentes ?
C’est ce qui manque. Ils font comme les mercenaires : ils interviennent et après, ils repartent.