La Chambre correctionnelle spécialisée du pôle judiciaire spécialisé du Tribunal de grande instance Ouaga II a poursuivi, le mardi 10 août 2021 à Ouagadougou, sa première session de jugement des faits et actes terroristes. Deux dossiers étaient inscrits au rôle à l’audience du jour.
Une première peine a été prononcée dans le jugement des présumés terroristes au Burkina Faso. 20 ans de prison ferme assortis d’une période de sûreté de 15 ans, une amende de plus de 3,7 millions F CFA. C’est la peine prononcée contre N. A. et D. A. A., deux membres du groupe terroriste Ansaroul Islam, jugés à la reprise de la première session de la Chambre correctionnelle spécialisée du pôle judiciaire spécialisé du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga II, hier mardi 10 août 2021. Ouverte, lundi, cette session continue de connaître des dossiers inscrits pour jugement. A la barre au 2e jour de la session, N. A. (38 ans) et D. A. A. (29 ans) reconnus coupables, sont accusés d’association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme, de dégradation volontaire de biens en relation avec une entreprise terroriste, de vol aggravé, de détention illégale d’arme à feu et de munitions. Dans le dossier d’accusation de 33 pages, les faits reprochés aux deux prévenus remontent au 2 mai 2018. Ce jour-là, un groupe d’hommes armés sur des motos a attaqué l’école de Bafina dans la commune de Barsalogho (province du Sanmatenga dans le Centre-Nord) en incendiant le domicile du directeur, A. D. et le magasin. Après avoir traumatisé l’enseignant, ses biens (moto, portables, numéraires,…) sont dérobés. Sa collègue, C. B. a aussi subi le même sort avec le vol de sa moto, un portable et la somme d’environ 10 000 F CFA. A Guenbila, toujours dans la même commune, le quartier général des Kolg-wéogo est incendié.
Quelques jours après leur forfait, les deux mis en cause sont appréhendés dans la brousse par des Kolg-wéogo. Remis aux Forces de sécurité, ils sont placés sous mandat de dépôt, le 28 mai 2018. Appelé à la barre pour s’expliquer sur les faits à lui reprochés, D. A. A. (célibataire sans enfant, né en 1992 à Markassi et berger) a reconnu les faits sauf celui de vol aggravé. « Ce qui appartient à l’Etat, c’est pour nous tous », a-t-il indiqué. « Pourquoi êtes-vous allés à Guendbila ? » A cette question du parquet, il a répondu qu’ils y sont allés pour attaquer les Kolg-wéogo, car ceux-ci terrorisaient les populations. Par rapport à l’incendie de l’école, il soutient que celle-ci enseigne des valeurs contraires aux principes de l’Islam. Selon l’accusation, D. A. A. qui s’est chargé d’incendier le logement et le magasin de l’école de Bafina a rejoint le groupe terroriste en 2017 en vue de mener le Djihad.
Pour ce faire, il s’est acheté une kalachnikov à 400 000 F CFA. Selon l’accusé, il s’est procuré cette arme afin de se protéger et convaincre les gens à se convertir à l’Islam. Le 2e dossier renvoyé Quant à N. A., (cultivateur puis orpailleur, né, le 1er janvier 1983 à Djibo, célibataire et père de quatre enfants), il a aussi reconnu les faits sauf celui de vol. Selon lui, il a pris la moto sans voler sous la direction de son chef d’équipe. Contrairement à son coprévenu, il a dit n’avoir jamais rencontré Malam Dicko, même s’il a adhéré au groupe Ansaroul Islam, huit mois avant son arrestation. « Quelle était votre mission dans le groupe ? », a voulu savoir le parquet. « C’est de répandre la parole de Dieu », a-t-il répondu. « Pourquoi, l’attaque du siège de Kolg-wéogo ? ». Selon le prévenu, ces derniers sont sur la liste de leur groupe. « Si c’est le cas, pourquoi êtes-vous contre les enseignants ? », a relancé l’accusation. « Tous ceux qui travaillent pour ou avec le gouvernement lui appartiennent et nous sommes contre eux », a-t-il rétorqué. Pensez-vous que votre religion recommande de voler ? « Quand nous allons combattre, nous prenons les biens de l’autre camp en cas de victoire », a-t-il affirmé. Au cours de l’audience, la parole a été donnée aux deux victimes A. D. et C. B. qui ont donné leur version des faits avant de se constituer partie civile.
Ils ont demandé de réparation de dommage et intérêt. A. D. a réclamé 4,303 millions F CFA contre 858 000 F CFA. Après l’interrogatoire, le Procureur du Faso (PF) a estimé que les faits reprochés aux deux prévenus sont suffisamment caractérisés. Il en veut pour preuve, les articles 222, 223, 519, 537, 449 et 452 de l’ancien Code pénal et la loi n°060-2009/AN portant répression d’actes terroristes au Burkina Faso et modifiée par la loi n°084-2015/CNT. Pour ce faire, il a plaidé qu’ils soient maintenus dans les liens de prévention et condamnés à 20 ans de prison ferme, assortis d’une période de sûreté de 15 ans. Il a également demandé la confiscation des armes des accusés. Le parquet a suivi la réquisition du procureur. Il a condamné les deux prévus à 20 ans de prison ferme, assortis d’une période de sûreté de 15 ans et la confiscation des armes. Ils sont également condamnés à verser solidairement aux victimes A. D. 2 975 094 F CFA et à C. B., 750 000 F CFA. Le parquet a signifié à N. A. et D. A. A. qu’ils ont 15 jours pour faire appel s’ils ne sont pas satisfaits. Le 2e dossier inscrit au rôle a été renvoyé au jeudi 12 août prochain. La session est suspendue et reprend, le mercredi 11 août à 8h à la salle d’audience n°1 du TGI Ouaga II.