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Burkina Faso: Le terrorisme désormais perçu comme une fatalité par les autorités, la vie humaine banalisée, les morts se multiplient et la vie continue

Publié le lundi 9 aout 2021  |  Netafrique.net
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie de lancement de la semaine de célébration des 40 ans du Programme élargi de vaccination (PEV)
Jeudi 29 avril 2021. Ouagadougou. A lieu la cérémonie de lancement de la semaine de célébration des 40 ans du Programme élargi de vaccination (PEV). Cérémonie à laquelle le Président du Faso Roch Marc Christian KABORE, a inauguré le nouvel entrepôt de conservation des vaccins.
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La reprise en main par le président du Faso du département de la défense commence à ressembler fort malheureusement à son premier passage à la tête de ce ministère régalien et stratégique entre 2016 et 2017. L’armé continue d’essuyer de lourdes pertes. Les dernières tueries dans l’Oudalan sont prémonitoires d’une suite incertaine dans la lutte. Les fusibles, tout trouvés, entre « l’affairiste » Jean Claude Bouda et l’incompétent Chérif Sy, pour donner du répit au Chef de l’État, semblent avoir profondément lézardé la muraille sécuritaire burkinabè. Roch Marc Christian Kaboré va certainement échouer, une fois encore, à la tête du ministère de la Défense nationale.

La commémoration de l’indépendance, le 5 août 2021, aurait été très gaie pour deux raisons à savoir la conquête de la première médaille olympique du pays remporté par Hugues Fabrice Zango et la visite inédite des blessés de guerre par les députés du CDP conduite par Eddie Komboigo himself pour remonter le moral des troupes.

Malheureusement l’hydre terroriste est venue gâcher la fête en replongeant les Burkinabè dans leur triste sort depuis 2016. Une trentaine de personnes dont 15 militaires, 04 volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et 11 civils ont encore succombé à Damtam, Dugba et Tokabangou dans la commune rurale de Markoye. Le décompte macabre continue, plaçant ainsi le Burkina Faso comme le pays le plus vulnérable du G5 Sahel tout en exposant les faiblesses de son dispositif et de sa stratégie de défense et de sécurité.

Cette réalité vient remettre en cause les multiples campagnes de communications tous azimuts, orchestrées ces derniers jours aussi bien par l’Armée que par le gouvernement pour illustrer les neutralisations en grand nombre de terroristes ou le ratissage de zones sinistrées. A ces coups d’éclats très médiatisés, les ennemis répondent par des attaques très meurtrières.

C’est à une scène d’ouvrage de singes que s’adonnent le gouvernement, les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les terroristes. Aussitôt les bases terroristes détruites, le gouvernement déclare n’avoir pas les moyens de maintenir l’armée sur place; l’armée plie donc bagage et les assaillants reviennent s’installer pour encore semer la terreur. Tant que les actions de défense et de sécurité ( renseignements, diplomatie comme actions musclées) ne s’inscriront pas dans la durée, les populations n’auront que leurs yeux pour pleurer. Si beaucoup de déplacés internes refusent, jusque là, de rejoindre leurs localités malgré les assurances du gouvernement, c’est parce qu’ils craignent un tel scénario. La confiance est perdue entre le gouvernement (sans parole) et les populations déplacées ou personnes déplacées internes (PDI).

Avec les trente morts de de Markoye, le ministre de la Défense, Roch Marc Christian Kaboré, vient de subir un sérieux revers depuis le réaménagement du gouvernement quasiment dicté par le Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Le signal fort tant attendu par ce cumul de fonctions se fait toujours désirer. Ce énième drame national semble avoir encore laissé le Chef de l’Etat de marbre. « La zone est actuellement sous contrôle des unités militaires et la contre-offensive pour retrouver les assaillants se poursuit avec des moyens aériens et terrestres », a laconiquement déclaré Roch Marc Christian Kaboré dans un communiqué relayé par la direction de la communication de Présidence du Faso. Son parti, le MPP, à travers son président Simon Compaoré va emboucher la même trompette. Ce même refrain a été servi à l’occasion des deuils extrêmes de Konbougou, Yirgou, Solhan, etc.

En effet, l’incapacité des plus grandes autorités à bouter le terrorisme hors des frontières nationales a entrainé à une banalisation de la vie humaine. Il faut se rendre à l’évidence, le régime de Roch Marc Christian Kaboré perçoit désormais le terrorisme comme une fatalité et les mort du terrorisme une banalité. Les régions de l’Est, du Nord et du Sahel sont abandonnées à leur triste sort. Les coups d’éclats savamment médiatisés pour témoigner du nettoyage des zones infestées de HANI et de la neutralisation des terroristes se révèlent être du saupoudrage. La tuerie de Tokabangou ressemble fort bien à celle de Solhan. En effet, le commandement de l’armée est resté sourd aux multiples alertes relatives à une menace certaine sur cette localité. Au regard de l’âge des FDS lâchement assassinés ça et là, c’est le fer de lance voire la relève de l’armée burkinabè qui est en train d’être ainsi décimée.

Un parti sans repère, un régime sans vision

Comment se fait-il que les renseignements burkinabè, si redoutés jadis du fait de leur efficacité, ne parviennent plus à déceler et à anticiper ce que n’importe quel quidam voit et prévient sous forme d’alertes sur les réseaux sociaux? Généralement, les interpellations à observer la prudence sur tel axe ou dans telle localité se soldent par des attaques ou des tueries.

Autant dire que la grande muette a tout simplement désarmé sur le plan de l’engagement, de la motivation et du sacrifice. Tout comme pour les missions onusiennes où il faut avoir des relations dans la haute hiérarchie militaire pour prétendre voir son nom figurer parmi les heureux élus, pour les expéditions dans les zones périlleuses, seuls les bidasses qui n’ont pas les bras longs y sont envoyés. Ce sont les bidasses aux « dents de lait » sortis tout juste des centres d’initiation aux armes qui se retrouvent en première ligne alors que des soldats de métier avec de longues expériences dans les zones chaudes se la coulent douce à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso notamment. Le Gouvernement assume l’entière responsabilité de ce désordre au sein des troupes qui les rend inefficaces.

Les dessous du réaménagement gouvernemental du 30 juin 2021 révèlent une carence de ressource humaine de qualité au sein du MPP. Le limogeage de Cherif Sy du ministère de la Défense, alors que celui-ci tenait à opposer un bras de fer avec le Chef de l’Etat qui lui a proposé de partir de son propre gré, ainsi que la démission volontaire de Ousseni Compaoré ont désemparé le patron de l’Exécutif et le parti au pouvoir, le MPP. Il fallait trouver l’homme qu’il faut pour la place qu’il faut.

Et face à cette équation, la quantité y est mais la qualité d’hommes et de femmes capables de sauver la situation a fait défaut. Obligeant du coup le Président du Faso à se mettre, encore une fois, la corde au cou en s’arrogeant le portefeuille de la Défense nationale et en affectant en catimini l’auteur de « Chronique sécuritaire 2019 au Burkina », Maxime Koné, à la Sécurité. Le tâtonnement observé aux premières heures du régime à la tête de ces départements hautement régaliens pourrait se répéter. Roch Marc Christian Kaboré, Jean Claude Bouda et Chérif Sy se sont succédés à la tête du ministère de la Défense avec le lot d’échecs que chacun a enregistré.

Simon Compaoré, Clément Pingdwendé Sawadogo et Ousséni Compaoré se sont relayés à la tête du département de la sécurité sans pouvoir combler les attentes des populations. La présence d’un militaire dans le gouvernement actuel est presqu’une surprise pour plusieurs d’autant que le président du Faso avait exclu cette éventualité dès le début de son premier mandat en 2015. La nouvelle équipe doit tenter de rassurer sa population prise entre doutes et inquiétudes devant la multiplication des attaques terroristes.

Selon les révélations de l’Assemblée nationale, 725 milliards FCFA ont été alloués aux secteurs de la Défense et de la Sécurité de 2016 à 2021. Le nœud du problème réside alors dans les insuffisances en matière de management des hommes et de l’utilisation efficiente des ressources. L’armée burkinabè a donc besoin d’une thérapie de choc. Un malaise profond, dû à la méfiance du Chef de l’État vis-à-vis des hommes de tenue dès sa prise de pouvoir, est en train d’emporter toute l’ardeur de la grande muette.

Les difficultés auxquelles elle est confrontée actuellement sur les fronts de bataille ne sont pas seulement conjoncturelles. Celles-ci ont des fondements structurels pour lesquels le Président du Faso, chef de l’État, Chef suprême des Armées, ministre de la Défense nationale doit apporter des réformes courageuses et vigoureuses afin de sauver son pays et son second mandat.

S’il échoue cette fois-ci comme à son premier passage à la tête de ce ministère, ce sera la catastrophe. Roch Marc Christian Kabore vient de jouer son va-tout. Car les populations sont très mécontentes de sa gouvernance ayant engendré l’insécurité, le chômage, la corruption à outrance, la vie chère, la misère tout court. Les différentes marches qui se succèdent et surtout celles du CFOP en sont la preuve. Il se dit certainement chaque matin qu’une grogne, même de son propre camp, pourrait mettre fin à son régime. Il accède certes à toutes les revendications du CFOP mais il n’y a pas que l’Opposition…

Il y a également la société civile et les syndicats voire tous les mécontents du MPP.
Il y va de son choix de quitter la magistrature suprême par la petite porte ou la grande porte.
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