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IXe TAC : Des ministres, des experts burkinabè et ivoiriens s’expriment

Publié le lundi 2 aout 2021  |  Sidwaya
Coopération
© Agence de Presse Africaine par Saliou AMAH
Coopération ivoiro-burkinabè: ouverture à Abidjan des travaux des experts du 9e TAC
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A l’occasion de la IXe Conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, tenue du 24 au 27 juillet à Abidjan, Sidwaya a tendu son micro aux experts et ministres burkinabè et ivoiriens. Ils livrent leurs appréciations et analyses des dossiers inscrits à l’ordre du jour de cette rencontre.
Le ministre ivoirien des Eaux et Forêts, Alain-Richard Donwahi : « Nous avons environ un million de planteurs sur l’ensemble de nos forêts classées, beaucoup sont concernés par le déguerpissement… »

« Nos deux pays ont des accords pour lutter contre la déforestation. En Côte d’Ivoire particulièrement, beaucoup de forêts classées, de parcs et réserves ont été occupés illégalement par des planteurs et des agriculteurs, notamment pour la culture du cacao. Depuis quelques années, avec la nouvelle politique forestière de la Côte d’Ivoire, nous avons décidé de libérer ces espaces et procéder au reboisement de nos forêts classées. Nous avons particulièrement le Mont Péko, et d’autres forêts similaires qui sont l’objet d’importantes occupations par des Ivoiriens et des Burkinabè. Nos deux pays ont à cœur de faire en sorte que ces personnes puissent sortir de ces zones, tout en faisant attention aux droits humains et de participer à leur relocalisation afin de leur permettre de subvenir à leurs besoins. C’est ce que nous sommes en train de faire ! La tâche n’est pas aisée mais nos deux gouvernements sont très liés dans ces opérations et sont convaincus que ces objectifs doivent être atteints.

Il y a des sensibilisations à faire au niveau des communautés locales, auprès des populations concernées. Il y a beaucoup de moyens humains, logistiques et financiers à mobiliser.

Pour ce qui est de l’accompagnement, il y a des planteurs qui seront relocalisés pour qu’ils puissent mener des cultures non pérennes pour lesquelles il y a moins de problèmes fonciers, de conflits communautaires. Ils pourront y faire des cultures vivrières, du riz. Nous sommes en train de travailler sur ce projet. Certains Burkinabè, notamment au niveau du mont Péko ont demandé à regagner leur pays, ce qui a été fait. Nous sommes à la charge pour qu’ensemble, nous trouvions des solutions communes.

Pour ce qui est des chiffres, nous avons environ un million de planteurs sur l’ensemble de nos forêts classées. Beaucoup sont concernés par le déguerpissement ; certains seront bénéficiaires de parcelles au sein des forêts classées qui n’impacteront pas les forêts. Ils pourront y pratiquer l’agroforesterie. Nous sommes à la tâche, il nous reste quelques années. Mais il faut le faire car nos partenaires européens ont l’intention d’interdire l’importation des fèves de cacao provenant des territoires qui participent à la destruction des forêts. Nous travaillons également sur la lutte contre le travail des enfants. Toutes ces thématiques nous commandent d’être vigilants, pragmatiques et ne pas attendre pour trouver des solutions durables ».



Abass Nombré, directeur de la législation et de la Coopération judiciaire, au ministère de la Justice, Burkina Faso : « Notre commission a recommandé aux politiques qu’il était important que les frontières entre les deux pays soient réouvertes… »,

« La délégation burkinabè peut se féliciter du travail qui a été fait en commissions et en plénière, au regard des thèmes qui ont été abordés et qui impactent le quotidien des populations burkinabè et ivoirienne.

La question des frontières a été ajoutée par la partie ivoirienne et acceptée par la partie burkinabè. Sur le fond, il s’agit de faire en sorte que les populations puissent circuler librement de part et d’autre en évitant toutes ces tracasseries qu’elles subissent.

La question relative aux 13 localités dépasse la compétence des experts. Elle a été reversée aux politiques de sorte qu’elle soit traitée sur le plan diplomatique de la meilleure manière pour aboutir à une solution consensuelle.

Notre commission a travaillé sur la réouverture des frontières et a recommandé aux politiques qu’il était important que les frontières entre les deux pays soient réouvertes dans le strict respect des conditions de santé et de sécurité afin de préserver les populations.

Les deux délégations ont convenu qu’il est important de maintenir le TAC qui permet d’échanger sur des sujets qui touchent le quotidien des populations, mais dans un autre format ».

Dr Idrissa Zorom, directeur de la coopération et des affaires juridiques, au ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, Burkina Faso : « Il est important que les populations se retrouvent dans les rencontres du TAC»

« De plus en plus, il y a moins de projets d’accords. Cela est normal, puisqu’on est au IXe TAC ; on a pratiquement couvert tous les domaines. On est beaucoup plus dans des actions concrètes structurantes sur le terrain au bénéfice des intérêts stratégiques des deux pays, des deux populations. Grosso modo, on sera donc autour de cinq projets d’accord finalisés.

Au niveau de la culture, il y a un accord d’échanges culturels qui est mis en œuvre à travers des programmes triennaux. Le dernier programme est achevé. Il y a donc un nouveau programme qui a été élaboré, finalisé et va être signé au cours de ce TAC. Dans ce nouveau programme, il est prévu des échanges entre les institutions privées et publiques des deux pays en matière de cinéma et d’audiovisuel, mais aussi entre les acteurs et les professionnels du domaine. Il y a aussi la question du patrimoine culturel entre les deux pays qui, par moment, partagent certains éléments culturels qui peuvent être exploités de manière partagée. Nous avons le cas des ruines de Lorépéni.

Toujours, on niveau de la culture, il y a un nouvel élément qui a été initié dans le sens du TAC des peuples. Il s’agit des journées culturelles et artistiques dont la première édition a eu lieu au TAC 8 à Ouagadougou. La deuxième édition aura lieu, du 27 au 30 juillet 2021, à Abidjan. Ces journées sont consacrées aux expositions des produits artistiques, de l’artisanat et les mets locaux. Une soirée de prestations des artistes des deux pays, inspirées des deux terroirs, viendra clore ces journées culturelles.

Pour ce qui est du bilan des accords précédents, le Centre régional des arts vivants en Afrique (CERA-Afrique), basé à Bobo-Dioulasso, qui est financé par l’UNESCO a été mis en place grâce au TAC. La Côte d’Ivoire est membre du conseil d’administration du CERA-Afrique. A chaque édition du MASA, vous remarquez qu’une part belle est réservée aux artistes burkinabè, cela est dû aux relations privilégiées entre les deux pays dans le cadre des accords du TAC.

Les populations se demandent souvent à quoi sert le TAC ? Les deux Chefs d’Etat ont donné des orientations pour qu’on aille dans le sens d’un TAC des peuples. Car il est important que les populations se retrouvent dans ces rencontres. Pour moi, le TAC constitue l’un des meilleurs instruments de coopération que nous avons pu inventer ».

Ministre du commerce et de l’industrie de la Côte d’Ivoire, Souleymane Diarrassouba : « Nous travaillons pour que nos populations puissent avoir à leur disposition des produits de première nécessité à bon prix. »

« Nous avons signé un accord sur la circulation des produits locaux et de l’approvisionnement de nos marchés. Comme vous le savez, du fait de la conjoncture au niveau international et de la crise sécuritaire au Nord du Burkina Faso, nos marchés sont affectés par cette situation conjoncturelle de telle sorte que nos différentes populations ont pu ressentir la baisse de l’offre au niveau de certains produits alimentaires, notamment des produits d’origine pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire.

Cette baisse de l’offre a exercé une pression sur les prix, avec pour conséquence une hausse des prix sur nos marchés. Il était important qu’au cours de cette grande rencontre entre les deux gouvernements que les préoccupations des populations puissent être prise en compte, raison pour laquelle il a plu à nos deux Premiers ministres d’inscrire à l’ordre du jour la problématique de la lutte contre la cherté des produits et le renforcement de la sécurité alimentaire aussi bien du Burkina Faso que de la Côte d’Ivoire. Nos ministères en charge du commerce vont travailler à ce que nous puissions avoir une fluidité de la circulation de tous les produits d’origine animale et de tous les produits d’origine céréalière. Comme vous le savez la Côte d’Ivoire est un pays d’exportation vers le Burkina Faso. L’objectif est de faire en sorte que les populations puissent avoir à leur disposition des produits de première nécessité à bon prix ».



Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat du Burkina Faso, Harouna Kaboré : « Lors de cette rencontre, les questions inhérentes au développement du secteur privé ont été fortement traitées »

« Je voudrais saluer l’excellence de la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en matière commerciale qui implique fortement le secteur privé. Lors de cette rencontre, les questions inhérentes au développement du secteur privé ont été fortement traitées. C’est une question cruciale. La question du développement a été fortement évoquée par les deux chefs de gouvernement. Ils se sont engagés à ce que l’ensemble des accompagnements nécessaires dont peut bénéficier le secteur privé burkinabé et ivoirien puisse se faire concrètement sur le terrain pour qu’au-delà du discours sur le secteur privé comme moteur de développement économique soit une réalité. L’objectif est de faire en sorte qu’il y ait une alliance entre les entreprises privées des deux pays afin que nous puissions avoir des géants pour répondre à la question du développement industriel et de la prospérité économique des deux pays. De manière spécifique, sur la question de l’approvisionnement de nos deux pays en produits de grande consommation, nous avons couché sur un document cette volonté commune de lutter contre la cherté de la vie, de sorte à couvrir les besoins mutuels de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.

Le Burkina Faso est un pays sans littoral et le port d’Abidjan est très important pour notre économie. Mais à un certain moment, du fait de l’augmentation du coût du transit, des difficultés sont apparues. Nous allons travailler pour qu’il y ait davantage de fluidité aussi pour nos produits manufacturiers qui viennent ici mais aussi pour les commandes de nos commerçants auprès des entreprises ivoiriennes. Pour ce qui est du bétail, nous allons en faire autant. Nous avons donc une bonne base sur laquelle nous allons inviter nos techniciens à travailler pour apporter des réponses concrètes à ces préoccupations ».

Le ministre en charge de l’administration territoriale du Burkina Faso, Clément Sawadogo : « Pour ce qui est de la question des 13 localités, il ne s’agit pas d’annexion »

« La réouverture des deux frontières est une question très importante et très sensible d’ailleurs pour les populations. Il y a des discussions qui sont programmées sur cette question mais l’unanimité se dégage sur la nécessité d’aboutir très rapidement à la réouverture de notre frontière commune, vu l’intensité et la particularité des relations qu’il y a entre les populations de nos deux pays. Maintenant, il faut travailler sur les questions sécuritaires et de la lutte contre la pandémie de la COVID-19. Il faut travailler à prendre en compte ces paramètres. Dans les semaines à venir, il y aura des cadres de concertations pour que très rapidement dans le sens de pouvoir aboutir à la réouverture des frontières

Pour ce qui est de la question des 13 localités, il ne s’agit pas d’annexion. Ce mot n’est pas le bon terme ! Il y a eu juste des difficultés pour bien situer ces villages entre les territoires ivoirien et burkinabè. Pour cette question, nous avons mis en place une commission qui est en train de travailler. Il s’agit de la commission mixte qui travaille en urgence pour pouvoir situer les gouvernements des deux pays sur le passage de la ligne frontière. Il n’y a vraiment pas de problèmes à ce niveau car tout cela entre dans le cadre des mécanismes normaux qui nous permettent de résoudre ces questions dans le cadre de nos liens de coopération et de bon voisinage ».

Le ministre ivoirien de l’Economie, Coulibaly : « La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont des pays très liés économiquement, sociologiquement et culturellement »

« Les TAC sont des moments importants pour renforcer la coopération entre nos deux pays. À l’ère de la COVID, il est important que nous puissions mutualiser nos efforts de manière à faire en sorte qu’ensemble nous puissions, ensemble, répondre aux défis liés à cette crise sanitaire. Au niveau de l’espace UEMOA, d’une manière générale, il y a eu une résilience économique assez forte. L’économie de la sous-région a résisté comparativement aux autres régions. Nos économies ne se sont pas effondrées comme on l’a vu ailleurs. A l’occasion de ce TAC, il s’agit de revoir un peu un certain nombre de programmes de coopération qui pourront nous permettre de pouvoir faire mieux ensemble, de sorte à consolider l’économie de la sous-région. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont des pays très liés économiquement, sociologiquement et culturellement. Donc, il est important que nous profitions de ces genres de rencontres pour raffermir les liens entre nos deux pays, au bénéfice de nos populations.

Avec la COVID, il faut travailler à augmenter la production agricole pour réduire la pression sur les prix afin de lutter contre la cherté de la vie que nous constatons dans nos deux pays. La question du transport constitue également un sujet extrêmement important, qu’il s’agisse du transport ferroviaire ou terrestre. Il importe que des options soient prises à ce niveau pour permettre que nos liens économiques se renforcent davantage ».

Le ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières du Burkina Faso, Bachir Ismaël Ouédraogo : « Il faut être réaliste, la Côte d’Ivoire doit résoudre ses problèmes d’abord avant de donner le surplus au Burkina »

« Dans le secteur de l’énergie, nous importons autour de 50 à 60% de notre consommation qui vient de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Particulièrement avec la Côte d’Ivoire, nous sommes dans le cadre du TAC à 90 MW. Mais, cette année la Côte d’Ivoire avait énormément de problèmes et pratiquement on se retrouvait avec en moyenne autour de 30 MW. Nous sommes confiants qu’à l’issue de ce TAC, nous allons trouver des mécanismes nécessaires pour y arriver. Mais, il faut être réaliste, la Côte d’Ivoire doit résoudre ses problèmes d’abord avant de donner le surplus au Burkina. Nous pensons que chacun devrait respecter ses engagements pris dans le cadre du TAC.

Dans le domaine des mines, nous avons des difficultés avec l’orpaillage et beaucoup de nos frères souffrent un peu de cela. Nous devons nous organiser pour que l’orpaillage puisse être bien encadré, que chacun sache ses limites et que nous n’ayons pas de Burkinabè qui se retrouvent arrêtés dans des conditions déplorables. Tout cela a été mis sur la table au cours de ce conseil conjoint. J’ai espoir que nous allons avoir des résultats probants pour le bonheur de nos populations.

Deuxièmement, en ce qui concerne les mines, nous avons, à travers l’ANEMAS qui a en charge des artisans miniers, une organisation avec la Côte d’Ivoire pour un meilleur suivi des orpailleurs, une meilleure éducation et aussi des formations à leur endroit.

Dans le domaine du transport des hydrocarbures, les volumes que nous sommes en train d’importer avec les citernes et les camions sont énormes. A la longue, on ne pourra pas tenir. Il faut nécessairement donc des pipelines pour pouvoir permettre au Burkina Faso d’avoir une desserte en hydrocarbures et avoir aussi une sécurité énergétique à ce niveau dans les années à venir ».

Le ministre burkinabè en charge de l’action sociale : « Il faut réprimer ces trafiquants qui, aujourd’hui, profitent de la vulnérabilité des familles »

« Je voudrais saluer la République sœur de la Côte d’Ivoire et ma collègue ministre de la Femme et de l’Enfance pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé. Les deux parties ont fait beaucoup d’efforts en matière de traite des personnes, en particulier des enfants en situation de mobilité. Nous avons mis en place des mécanismes de surveillance, de veille. Nous avons intercepté aujourd’hui plus de 65 enfants retournés de la Côte d’Ivoire. Nous avons mis en place le protocole d’insertion et de renouement familial. Aujourd’hui, il est plus qu’important que nous mettions l’accent sur deux volets : allouer des ressources à ces ministères en charge de l’enfance et surtout passer à la répression, durcir les lois existantes en la matière, car cette pratique a la peau dure. Elle est culturelle et économique. D’un côté, les parents donnent leurs enfants pour un apprentissage à la vie qui se transforme en une traite d’enfants pour l’argent. Il faut travailler sur les deux volets. Il faut accompagner les familles à être plus résilientes mais aussi réprimer ces trafiquants qui, aujourd’hui, profitent de la vulnérabilité des familles pour s’adonner à la traite des enfants ».

Le ministre burkinabè en charge des infrastructures, Éric Bougouma : « Nous avons des intentions de constructions et d’exploitation de cette autoroute par des partenaires privés »
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