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Salif Sankara, DG de l’offre de soins : « Des mesures sont prises pour assurer aux déplacés, des soins continus »

Publié le jeudi 29 juillet 2021  |  Sidwaya
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© FasoZine par DR
Dr Salif Sankara, directeur régional de la santé de l’Est
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La crise sécuritaire a fortement impacté le système sanitaire au Centre-Nord. Dans cette interview, le Directeur général (DG) de l’offre de soins, Salif Sankara, fait un diagnostic du système sanitaire dans cette partie du pays et les initiatives pour assurer des soins de qualité aux populations.

Sidwaya (S) : Depuis quelques années, la région du Centre-Nord est confrontée à une recrudescence des attaques terroristes, entraînant de facto la fermeture des centres de santé. Quel est votre commentaire ?

Salif Sankara (S.S.) : Depuis 2015, le Burkina fait face à des attaques terroristes, avec une forte recrudescence à partir de 2018 dans 6 régions. Dans la région du Centre-Nord, tout comme dans les cinq autres régions en proie à l’insécurité, le système de santé est fortement impacté. L’offre de soins connaît un dysfonctionnement, qui se caractérise par l’arrêt total des prestations de soins et services dans certaines formations sanitaires, la réduction des prestations de soins et de services des formations sanitaires du fait qu’elle n’arrive plus à offrir le paquet minimum d’activités qui leur est dédié.

Elle n’arrive plus à assurer les gardes, les activités en stratégie avancée ne sont plus réalisées, une demande accrue de soins et services de santé dans les formations sanitaires des zones abritant des personnes déplacées, le retrait ou la destruction des ambulances, la vandalisation des structures sanitaires, le manque de personnel. Et tout cela a pour conséquences, la fermeture de certaines formations sanitaires, le fonctionnement à minima. Pour revenir au cas spécifique du Centre-Nord, en effet, à la date du 14 juillet 2021, 15 formations sanitaires étaient fermées dont 7 à Barsalogho avec une structure privée, 6 à Kaya, une à Kongoussi et une autre à Tougouri. Une quarantaine fonctionnaient à minima et la population couverte par ces formations sanitaires fermées était de 119 634 personnes.

S : Avec la fermeture des centres de santé, beaucoup de populations « sous blocus » terroristes n’arrivent pas à accéder aux soins. Quel est la stratégie ou les initiatives mises en place pour permettre aux populations de toujours en bénéficier ?

S.S. : Des mesures sont prises pour assurer aux personnes déplacées quel que soit le lieu où elles se retrouvent, c’est-à-dire sur des sites où des familles d’accueil pour leur offrir, des soins continus et en intégrité. Pour cela, nous travaillons à mettre en place des Postes de santé avancés (PSA) comme c’est le cas à Silmadjé dans le district sanitaire de Tougouri où les discussions étaient en cours avec Médecins sans frontières (MSF). Nous voulons également mettre en place des cliniques mobiles. Il y a aussi des projets de l’OMS qui, à travers nos structures de santé en collaboration avec des partenaires, sont mis en œuvre au profit des PDI et les populations-hôtes.

Il s’agit, entre autres, du projet « Offre des soins de santé d’urgences critiques aux personnes déplacées internes et leurs communautés hôtes » et « Renforcement de l’accès aux soins de santé primaires intégrant la santé sexuelle et reproductive des populations vulnérables touchées par la COVID-19 dans un contexte de crise humanitaire, au Burkina Faso ». Le ministère apporte des appuis en kits d’urgence, en logistique et renforce les compétences des agents sur différentes thématiques comme la prise en charge à situation d’urgence, la chirurgie d’urgence et de catastrophe…

S : Sous la menace terroriste, dans certaines localités, les agents de santé sont quasi absents dans les centres de santé, laissant la charge du travail aux ASBC ? Quel est votre commentaire ?

S.S. : Dans certaines localités, les agents de santé reçoivent des menaces. Ils sont victimes d’agressions et voient leurs biens retirés ou incendiés (mobylette de service comme personnelle, voiture, logement…). Face à cette situation, ils rejoignent les localités plus sécurisées, quittant ainsi leur poste de travail. On assiste ainsi, à la fermeture des formations sanitaires et au redéploiement de ces agents de santé dans d’autres formations sanitaires. Afin de continuer à offrir à la population des soins, nous mettons à contribution des acteurs locaux à savoir les agents de santé à base communautaire, les accoucheuses villageoises. Ils ont reçu des formations de renforcements de compétences à cet effet. Il y a aussi certains partenaires qui accompagnent les structures dans le renforcement des personnels à travers des recrutements d’agents volontaires ou contractuels).

S : Dans les villes comme Barsalogho, Pensa, Foubé…des zones très difficilement accessibles, des organisations humanitaires telles que la Croix-Rouge, MSF sont au front pour apporter une assistance sanitaire aux populations locales et aux déplacés au détriment des agents de l’Etat. Comment appréciez-vous les efforts de ces humanitaires ?

S.S. : Je remercie tous nos partenaires et surtout tous ceux œuvrant dans le domaine humanitaire pour tous les efforts fournis pour accompagner l’Etat dans sa lutte pour un système de santé résilient. Depuis l’avènement de la crise, le gouvernement a mis en place une stratégie de réponse humanitaire avec l’appui des partenaires techniques et financiers, des ONG dont la Croix-Rouge, MSF et bien d’autres pour rendre notre système de santé résilient. Plusieurs ONG et organismes humanitaires interviennent chacun dans des zones précises. Leurs actions couvrent divers domaines et au sein du ministère. Depuis le niveau central jusqu’au niveau périphérique, un travail est fait avec les structures périphériques pour une bonne coordination afin d’assurer aux bénéficiaires, des soins et services de qualité.

S : Des sites de déplacés sont dépourvus de centres de santé. Pour certains déplacés, l’Etat les a abandonnés à leur sort, car ne fournissant pas des efforts pour leur permettre de bénéficier de soins. Que leur répondez-vous ?

S.S. : Non, je le dis bien et je le répète, ils ne sont pas abandonnés à leur sort. En effet, la quasi-totalité des sites des déplacés ne dispose pas de Centre de santé proprement dit mais dans l’approche de l’Etat et en collaboration avec les différents partenaires techniques et financiers, des mesures sont prises pour rendre accessibles à toutes les personnes déplacées, des soins et services de qualité. L’Etat burkinabè est engagé dans le processus de « couverture sanitaire universelle » qui consiste à ce que chaque individu et chaque communauté puisse recevoir les services de santé de qualité selon leurs besoins, sans laisser personne de côté et qu’il soit protégé contre la maladie et ses conséquences sans subir de difficultés financières.

S : Avec la situation sécuritaire qui se dégrade davantage dans certaines localités, quelle est votre solution pour que les populations du Centre-Nord bénéficient toujours des soins de qualité et pour le retour des agents de santé dans les hôpitaux fermés ?

S.S. : Le problème de sécurité freine tous les secteurs de développement dans ces zones. Il n’y a pas que le secteur de la santé qui est mis à mal. C’est donc un problème qui demande des efforts à tous les niveaux, de l’Etat jusqu’aux populations. Avec l’actualité récente, vous avez vu comment le gouvernement tente d’endiguer ce fléau qui sape tous nos efforts. J’ai foi que les choses rentreront dans l’ordre et que nos populations dans ces zones seront à l’abri des forces du mal.

Entretien réalisé par A.A.N
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