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Présidence CENI: Quand Newton Ahmed Barry brave la communauté musulmane et le Mogho Naaba

Publié le lundi 12 juillet 2021  |  netafrique.net
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© Autre presse par DR
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry
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Bien qu’il ait été choisi par la Fédération des Associations islamiques du Burkina (FAIB) comme son représentant à la CENI, la candidature de Newton Hamed Barry ne serait pas portée par celle-ci pour la présidence de l’institution. La FAIB qui avait espéré un second mandat pour son représentant se voit « contrainte » de revoir sa copie en se soumettant à la règle de rotation non écrite à la présidence, invoquée par les coutumiers pour réclamer leur tour. La communauté musulmane souhaite donc que son représentant appuie sans réserve celui de la chefferie coutumière ; simple retour de politesse.
Sauf que Newton Ahmed Barry refuserait d’entendre les choses de cette oreille et voudrait maintenir sa candidature. Du coup se profile à l’horizon une « guerre » sourde entre « musulmans » et « coutumiers » et la déchirure d’un pacte jusqu’ici respecté qui a permis à l’institution de rester la tête hors de l’eau malgré le climat social bouillonnant et les violents contentieux électoraux qui ont jalonné l’histoire du pays.

Curieusement c’est face à la chefferie coutumière, particulièrement le Mogho Naba, qui a par quatre (4) fois au moins sauvé son mandat finissant que Newton se dresse.

Comme si la providence voulait corser les choses, le choix du représentant de la chefferie coutumière est cette fois-ci revenu au Mogho Naba. En effet comme au niveau de la FAIB, la chefferie coutumière a instauré entre ses composantes un principe de rotation pour désigner l’entité qui doit choisir le représentant à la Ceni. Ainsi après le Yatenga, le Tenkodogo et le Boussouma, c’est autour du Mogho Naba de le faire.

En application de cette même règle non écrite de rotation, c’est au tour de la chefferie coutumière de présider aux destinées de la Ceni, protestants, catholiques et société civile ayant déjà assumé le rôle.

DES PRINCIPES DE ROTATIONS RIGOUREUSEMENT OBSERVES

Le bras-de-fer que s’apprête à ouvrir M. Barry est donc directement contre le Mogho Naba, celui-là même qui l’a sauvé des eaux à plus d’une reprise.

Il nous revient par ailleurs qu’à quelques deux mois de la fin de son mandat, le président sortant de la Ceni en guise de bonne courtoisie est allé remercier le Mogho pour ce soutien. Un acte de haute portée que le Mogho Naba a félicité et salué d’autant plus que l’intéressé lui aurait dit à l’occasion qu’il se retirait de tout à la fin de ce mandat. Cette information a d’ailleurs fait le tour de Ouaga, même si elle a laissé certains très sceptiques pour ne pas dire plus.

Inutile de dire qu’au niveau de la Faib la surprise a été des plus grandes quand elle a été saisi par lui pour demander la reconduction de son mandat. Ce revirement vaudra à certains des pirouettes rocambolesques et un non-respect de la parole donnée dont ils auront du mal à se relever. Toujours est-il que sous le prétexte de ne pas faire trop de vagues, la communauté musulmane a accédé à son désir malgré un état de services difficilement défendable.

LE MOGHO NABA INFLEXIBLE SUR L’APPLICATION DU PRINCIPE DE LA ROTATION

Telle n’a pas été l’attitude du Mogho Naba quand M. Barry est allé lui annoncer que non seulement il s’était fait renouveler la confiance de la communauté musulmane, mais qu’il était candidat à sa propre succession et demandait son appui. En échange de ce soutien il lui promettait celui des musulmans au candidat des coutumiers à la fin de son deuxième mandat. Le Mogho lui aurait dit sans prendre de gants que c’était au tour des coutumiers de présider la CENI et qu’ils n’entendaient pas passer ce tour. Au contraire ils attendent naturellement et en toute bonne logique et politesse le ralliement des musulmans comme cela l’a toujours été entre les différentes composantes de la société civile quand c’était le tour d’un des leurs.

Mis au courant de ces faits, qui changent fondamentalement la donne, les responsables musulmans décident de se plier à la règle et par conséquent de ne plus présenter de candidat. L’information est directement portée au Mogho Naba, qui salue la communauté musulmane pour sa hauteur de vue. Dans la foulée ils informent leur représentant désigné, Newton Barry, de leur décision en lui intimant ainsi de fait de surseoir à son projet de candidature. Une décision pour le moins sage puisque des informations qui circulent, non seulement la majorité présidentielle apporterait un soutien intéressé et sans faille au représentant des coutumiers qui serait un cadre connu et reconnu du MPP, mais en plus les autres composantes de la société civile estimeraient qu’il n’y avait aucune raison objective de sauter le tour des coutumiers. Au décompte des voix cela ferait les 5 de la majorité et 4 de la société civile (sans bien entendu Newton) sur un total de 15, ce qui lui assure une élection tranquille même si l’opposition dans non ensemble votait contre ou s’abstenait.

UNE OPPOSITION CHEFFERIE COUTUMIERE ET COMMUNAUTE MUSULMANE EN L’AIR !

Tous ces faits qui ont eu lieu avant la prise du décret de nomination des commissaires par le conseil des ministres auraient dû éclairer la communauté musulmane et son représentant. De toute évidence il n’en a rien été. Il semble que la structure de désignation attendait que le désigné tire toutes les conséquences de la situation et retire à la fois sa candidature et sa désignation comme commissaire puisqu’on le voit mal passer de président de la Ceni à simple commissaire. Cela n’a pas été le cas.
Bien au contraire, il nous revient que l’intéressé a clairement signifié à ses mandants qu’il ne pourrait pas se désister et qu’il maintenait sa candidature. Ainsi donc voilà la communauté musulmane obligée à un combat qui n’est pas le sien et dont il devra payer les conséquences, toute la nation avec.

Le Burkina Faso peut-il dans le contexte actuel se payer le luxe de frictions aussi importantes entre deux de ses principales composantes sociales, à savoir la communauté musulmane, de loin la plus importante parmi les religions et la chefferie coutumière, la principale parmi les forces sociales ? Le jeu en vaut-il réellement la chandelle ? Pour notre part, pas du tout et cela doit être clairement exprimé par la communauté musulmane qui est manifestement responsable de cet imbroglio. Elle ne peut pas se permettre d’être complice et actrice d’un bras-de-fer qui est non seulement contre-productif mais qui peut avoir des conséquences directes sur le vivre ensemble et la paix sociale déjà précaires. A défaut de pouvoir raisonner son représentant, elle devrait sans équivoque et publiquement lui retirer sa confiance. En refusant de se retirer de la course à la présidence de la Ceni Newton Ahmed Barry ne défie pas que le Mogho Naba, il se dresse contre sa propre communauté, son mandant qui lui a fait confiance pour la représenter. A notre humble avis il ne devrait même pas hésiter une seule seconde. Rien, absolument rien ne mérite qu’on se mette à dos sa propre communauté, surtout s’il s’agit de la représenter.

Pour le moment nous nous gardons d’analyser dans le fond le problème tout comme nous ne nous intéressons pas à la qualité des hommes en cause tant il y a à dire sur ces points. Restons-en aux principes, sinon en quelques mots entre un Newton Ahmed Barry dont la gestion a été marquée par les crises qu’on a vues et qui a organisé les élections les plus calamiteuses que ce pays ait connu, même si le contexte n’a pas été favorable à son action et un commissaire dit de la société civile reconnu et connu pour son activisme politique débordant, le choix peut paraitre délicat ; mais il ne s’agit pas que de ça seulement.

Issaka LINGANI
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