Dans mon dernier article (quotidien Sidwaya numéro 9389 du 11-6-2021) portant sur : la dégradation de la qualité de l’eau « potable » dans les réseaux de distribution, j’ai expliqué le processus de formation d’un biofilm sur la face interne des canalisations. J’ai aussi dit que si le biofilm se développe trop, la qualité de l’eau ainsi que la santé du réseau peuvent être affectées, avec pour conséquence entre autres, la formation de sous-produits organochlorés, sapides et/ou toxiques.
En effet dans le réseau de distribution ou le biofilm s’est formé, Le chlore peut réagir avec la matière organique, les ions bromure, les ions iodure, et former des sous-produits. Ces composés, d’appellation générique sous-produits de chloration (SPC), sont une véritable bombe à retardement pour la santé humaine.
Près de 600 SPC sont identifiés à ce jour et les familles majoritaires ont été régulièrement étudiées dans les réseaux d’eau potable. Les sous-produits chlorés le plus souvent rencontrés dans l’eau potable sont les trihalométhanes (THM) et notamment le chloroforme.
Les concentrations de THM (et autres sous-produits de la chloration) peuvent être très variables d’un réseau à l’autre. En général, les concentrations les plus élevées se retrouvent dans l’eau traitée provenant de sources à fortes teneurs en matières organiques, comme les lacs et les rivières, et les concentrations les plus faibles, dans les sources souterraines. Par ailleurs, plusieurs études ont montré une évolution des SPC dans les réseaux d’eau de distribution.
EXPOSISTION DE LA POPULATION
Pour la population générale, la principale source d’exposition aux THM est l’eau utilisée à des fins de consommation et à d’autres fins domestiques (lessive, douche, bain, etc.). On a rapporté que l’addition d’agent de blanchiment chloré au moment de la lessive favorise également la formation de chloroforme et constitue une autre source d’exposition significative aux sous-produits de la chloration. L’alimentation, notamment l’ingestion de boissons produites avec de l’eau traitée, pourrait aussi être une source d’exposition aux THM. La pratique de la natation dans les piscines dont l’eau a été désinfectée au moyen de chlore représente enfin une source d’exposition non négligeable aux THM.
LES VOIES D’ABSORPTION
L’ingestion d’eau demeure de loin la principale voie d’absorption des THM contenus dans l’eau du robinet. L’utilisation de l’eau à des fins domestiques, particulièrement lors de la prise de douches et de bains, contribue également à l’absorption des THM par inhalation et par contact cutané.
EFFETS DES THM SUR LA SANTÉ
Avec la découverte des THM notamment du chloroforme dans l’eau potable chlorée, de nombreuses études épidémiologiques et recherches en laboratoires ont été menées. Réalisées dans le monde entier, ces études scientifiques n’ont de cesse de démontrer les effets délétères des dérivés du chlore (THM) pour la santé.
D’après l’US Council of Environnemental Quality : “ Le taux de cancer des personnes buvant de l’eau chlorée est 93% plus élevé que chez ceux buvant une eau sans chlore ”.
Ces cancers concernent la vessie, le colon, le rectum, et les seins
En plus de ces cancers, des études ont établies des relations entre eau chlorée et fausses couches, entre eau chlorée et maux de ventre et douleurs d’estomac. En effet en plus de ses effets cancérigènes à long terme, la molécule déséquilibre la flore intestinale indispensable à une bonne digestion et à la production de vitamines
En conclusion, il apparaît clairement que l’utilisation du chlore pour le traitement des eaux brutes destinées à la consommation humaine n’est pas sans danger, aussi bien dans sa forme normale que dans les sous-produits résultants de sa réaction avec la matière organique contenue dans le biofilm des conduits du réseau de distribution.
Le problème ici, c’est que les effets délétères des dérivés du chlore (THM) pour la santé n’apparaissent qu’à long terme.En tous les cas dans tous les pays, les pouvoir publics semblent préférer le cancer aux autres maladies car « Les données scientifiques montrent que les avantages de la chloration de l’eau de consommation (réduction des maladies hydriques-risque sanitaire immédiat) surpassent les risques sanitaires à long terme que peuvent poser les THM et autres sous-produits ».
Seulement nous disons que si dans les pays dits « développés », des mesures draconiennes sont prises pour éviter la dégradation de l’eau « potable » dans les réseaux de distribution, il n’en est pas de même dans les pays dits « sous-développés » comme le nôtre. La preuve est qu’après des travaux de réparation (fuite d’eau) sur le réseau, l’eau recueillie au robinet est bien trouble (boue), ce qui dénote d’un manque de précautions pour réduire au maximum le passage de l’eau boueuse dans le conduit du réseau pendant les travaux. Cette négligence est doublement dangereuse pour le consommateur car en plus des matières organiques, des germes pathogènes (dans leurs formes de résistance ou de spores) peuvent aussi s’y retrouver (Candida albicans par exemple).
La solution à la limitation de la formation des SPC aussi bien dans les bassins de traitement des eaux brutes que dans le réseau d’eau de distribution, se trouve à deux niveaux.
· Au niveau du pouvoir public à travers sa structure en charge de fournir à la population de l’eau potable.
Pour réussir cette mission, la structure en question doit mener des actions aussi bien en amont qu’en aval de ses stations de traitement des eaux brutes.
En amont, cela revient à assurer un suivi écologique de ses sources d’approvisionnement en eaux brutes afin d’amoindrir la charge organique de ses dernières, avec pour avantage l’utilisation d’une moindre quantité de produits chimique au niveau des bassins de traitement et aussi une diminution de formation de THM déjà dans ces bassins (avant le réseau d’eau de distribution),
En aval des stations de traitement, c’est-à-dire dans le réseau d’eau de distribution, Il faudra que tous les travaux de réparation soient entourés de toutes les précautions pour éviter la souillure des conduits par l’eau boueuse. Cela ne peut être effectif que par une formation conséquente des agents en charge de ces travaux lors des interventions.
· Au niveau individuel, une des solutions est d’utiliser un dispositif de filtres modernes pour filtrer l’eau à sa sortie du robinet.
De préférence un dispositif à filtres multiples (3 colonnes). Une autre solution est d’utiliser les eaux de forage dans sa forme conditionnée, ou directement prélevée au niveau des forages tout en prenant soin d’entourer ce prélèvement de toutes les mesures d’hygiène en rapport avec la chaîne de l’eau (lieu de prélèvement-récipients-transport-stockage).
Pour finir, je dirais que les habitants des zones du pays bénéficiaires de forages sont mieux nantis quant à la qualité de l’eau de consommation. En effet, hormis le fait que les eaux de certains forages peuvent être impropres à la consommation humaine car dures (riches en calcium) ou renfermant de l’arsenic, ces eaux provenant des nappes souterraines, ont des propriétés de qualité meilleures à celles des eaux de surface qui doivent subir toute une série de traitement avant d’être consommables.
Avec toutes ces informations scientifiques que j’ai tenu à partager avec vous, à travers ces trois articles, Chacun de vous individuellement ou collectivement est à même de prendre des initiatives allant dans le sens d’une préservation de sa santé.
Même s’il est vrai que « seule la dose fait le poison », il n’en demeure pas moins vrai que le temps d’exposition (à une faible dose) ne doit pas être sous-estimé
Ne dit-on pas que nous mangeons et buvons nos maladies. Alors, prudence.