Le projet qui était en gestation depuis de longs mois est désormais acté. Le conseil des ministres du 10 juin dernier a décidé de la création de forces spéciales au sein de l’armée nationale pour une meilleure lutte contre le terrorisme. Il était grand temps ! Contrairement aux niaiseries et élucubrations d’un certain Vincent Hervouet de la radio Europe1, l’armée burkinabè regorge de valeureux et redoutables combattants. Ils ont toujours su faire leurs preuves à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières. Avec cette unité, la lutte contre le terrorisme amorce une nouvelle trajectoire au Burkina Faso.
La décision est patriotique. Elle concrétise la vision du Président du Faso en matière de lutte contre le terrorisme. « En tant qu’africains, nous devons comprendre que personne ne viendra se battre contre le terrorisme à notre place. C’est à nous de nous assumer ». Depuis le début des attaques terroristes, l’armée burkinabè est sur le front. Elle bénéficie parfois de l’appui stratégique et tactique de certains alliés mais les boys sont toujours en première ligne. Des victoires significatives ont été engrangées depuis plus de 06 ans. Si le pays tient toujours, si l’intégrité territoriale est toujours intacte en dépit des escarmouches, c’est parce que la riposte est à la mesure de la menace. N’eût été l’efficacité de la stratégie et des hommes en place, l’ensemble du pays aurait sombré depuis longtemps dans le chaos et entre les mains des terroristes. Le Burkina Faso est comme le roseau. Il se plie parfois mais ne rompt pas. Aucune stratégie n’étant jamais parfaite dans l’absolu, l’enjeu aujourd’hui, c’est d’envisager de nouvelles options au regard de la nature de l’ennemi et de ses modes opératoires. En ce sens, le recours à des forces spéciales est tout à fait indiqué. Nous l’écrivions déjà en septembre 2019 dans la tribune : « privilégier l’option de forces spéciales aux opérations d’envergure ». Extrait :« (…) L’utilisation de la puissance a complètement évolué. L’armée qui a la plus grande puissance de feu a toutes les chances de l’emporter en cas de confrontation directe. Mais les mouvements terroristes ne sont pas du tout dans ce registre. Ils ne cherchent pas à s’opposer en puissance. Ils cherchent la déstabilisation. Grâce à leur fluidité, leur fulgurance et leur ubiquité, les forces spéciales sont donc bien adaptées aux menaces émergentes, en nombre croissant, qui sont extrêmement furtives. Mais elles ne peuvent pas le faire seules. Pour agir, elles ont besoin de l’appui des autres forces, dites conventionnelles, de l’armée de terre et de l’armée de l’air. Il faut les voir au milieu d’un tout(…) Aujourd’hui, la réponse appropriée au terrorisme réside dans les unités spéciales, le renseignement et l’organisation de la résistance populaire. A ce sujet, il ne serait pas contre indiqué de doter l’ANR d’une unité spéciale qui pourra exploiter judicieusement les différents renseignements pour démanteler les groupes terroristes et leurs suppôts. Il ne faut pas se leurrer. La solution est interne. Nul ne viendra se battre à notre place». Aucun iota ne change de cette analyse.
Le renseignement pour anticiper, planifier et agir
Selon des sources sécuritaires, le projet de création des forces spéciales date de plusieurs mois. Le décret qui l’officialise donne juste un coup d’accélérateur au processus. Il ne s’agit pas d’une exhumation du RSP mais bien de forces spéciales qui mèneront des opérations d’intérêt stratégique pour le Burkina Faso. Au moment où Macron annonce la fin Barkhane au Sahel, il revient aux États Africains de prendre les dispositions idoines pour contrer les hordes de terroristes qui voudraient profiter de la situation pour infester davantage les différents pays. Dans une guerre asymétrique, le combat ne saurait être classique avec des équipements lourds (blindés, canons d’artillerie,…). Il faut absolument des forces spéciales bien entraînées et mobiles, une stratégie de renseignement efficace et une action civilo-militaire efficiente. Les forces spéciales sont particulièrement adaptées à la lutte contre le terrorisme car elles sont capables d’associer souplesse, discrétion et réactivité à l’utilisation de technologies de pointe (drones pour l’imagerie, matériels d’interception électromagnétique,…). Quand le chef d’état-major général des armées leur assigne un objectif, elles doivent être en mesure de l’atteindre vite, fort et bien. Il faut combattre les réseaux terroristes dans la profondeur, là où ils sont vulnérables. Il s’agit notamment des zones refuges ou des lignes de communication. Dans ce cadre, de nouveaux moyens sont nécessaires pour mener ce qui est d’abord, « une guerre du renseignement ». Il en est ainsi des avions légers de reconnaissance ainsi que des moyens de communication à très longue distance par satellite. Il faut aussi investir dans des drones de moyenne endurance (100 kilomètres de portée et six heures de vol) capables d’emporter des armements de faible charge. Les commandos doivent agir comme forces de réaction rapide « frapper comme la foudre et disparaître comme l’éclair» quand les unités conventionnelles déploient des opérations planifiées. La lutte contre le terrorisme doit être un tremplin pour un commandement intégré au sein de l’armée. Avec les Forces Spéciales, de nouvelles lueurs d’espoirs pointent à l’horizon.