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Déclaration du G16 sur la crise consécutive aux réformes des examens et concours scolaires au Burkina Faso

Publié le samedi 15 mai 2021  |  NetAfrique.Net
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© Autre presse par DR
Contre les nouvelles reformes de l’Education - 18 associations de scolaires comptent manifester sur 72h à compter du 29 avril
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Depuis mars 2021, le système éducatif burkinabè fait face à une nouvelle crise. Cette crise est consécutive aux réformes des examens et concours scolaires, notamment le BEPC et le baccalauréat.
Si ces réformes touchent aussi bien le Certificat d’études primaires (CEP), l’entrée en sixième, le Brevet d’études du Premier Cycle (BEPC), l’entrée en seconde et le Baccalauréat, les réformes qui font l’objet de contestations sont celles liées à la suppression des sujets au choix en Histoire-Géographie (HG) et en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) au BEPC et le changement du département ministériel organisateur de l’examen du baccalauréat.
Ces contestations se manifestent par des débrayages, des marches, des déclarations ou des débats émanant à la fois d’élèves et d’enseignants, de parents d’élèves, de syndicats, et autres acteurs de l’éducation.
Acteur actif du secteur de l’éducation au Burkina Faso, le G16 entend donner sa lecture de la situation à travers la présente déclaration.
Avant tout propos, nous déplorons le décès de l’élève KINDA Cécile de la classe de 3ème à Kongoussi dû à une manifestation d’élèves le 29 avril 2021 alors qu’elle se trouvait en cours sur un terrain d’Education Physique et Sportive (EPS). Puisse son âme reposer en paix et que Dieu console ses parents et toute la communauté éducative.
Les systèmes éducatifs dans leur ensemble, au cours de leur évolution sont appelés à repenser leur dispositif organisationnel et institutionnel, les modalités de fonctionnement, les priorités en matière d’éducation et les visions du système éducatif en fonction du dynamisme des besoins sociétaux et des exigences de la mondialisation. Ainsi, autorités politiques et acteurs pédagogiques s’évertuent, en continue, à identifier les éléments qui entravent le développement de l’accès à l’éducation à tous les niveaux et les déterminants de la qualité interne et externe de l’éducation pour y apporter des réponses appropriées.
Au Burkina Faso, des études réalisées ces dernières années sur le système éducatif et l’actualité montrent à souhait, la nécessité d’entreprendre des réformes, voire une refondation de ce système éducatif.
De ce point de vue, s’opposer systématiquement à toute réforme peut s’apparenter à un déni puéril, irréaliste et une fixation à l’inertie dans un monde en perpétuel mouvement.
En rappel, le format du baccalauréat au Burkina Faso a connu en moins de 25 ans trois changements qui n’ont ébranlé en rien sa réputation et sa qualité tant au niveau national qu’international (le Baccalauréat en un tour avec des épreuves de rattrapage, le Baccalauréat en deux tours avec des disciplines de spécialités pour la présélection et le Baccalauréat en deux tours avec un second tour qui consiste à permettre aux candidats ayant au moins 8/20 de moyenne de reprendre certaines matières de base selon la série). Ces réformes ont permis d’améliorer les taux de succès au Baccalauréat.
S’agissant du caractère participatif, il convient de retenir que les réformes doivent revêtir un caractère inclusif pour que les personnes ressources ayant une longue expérience en matière d’éducation et des compétences plurielles puissent participer à la construction d’un système éducatif efficace et efficient.
Sans nier le droit de participation des apprenants à la construction des savoirs et à la mise en œuvre des innovations, il convient de relativiser cette participation car dans aucune société au monde, les apprenants ne décident du contenu de leur apprentissage ni des modalités de leur évaluation.
Il est plutôt du droit et même du devoir des gestionnaires du système éducatif d’entreprendre des réformes tant que l’ambition desdites réformes est l’amélioration de l’efficacité interne et externe du système éducatif. Pour rappel, le Baccalauréat était organisé par l’université car le secondaire au départ ne disposait pas de ressources humaines pour le faire. Il fallait compter sur les doctorants qui intervenaient à la fois à l’université et au secondaire. En outre, depuis les négociations de 2016 entre les syndicats du supérieur et le gouvernement ayant abouti à un protocole d’accord créant le statut de l’assistant qui appartient désormais et exclusivement au supérieur, juridiquement, l’organisation du Baccalauréat n’est plus du domaine de compétence de l’université.
Toutefois, si des reformes se fondent sur des objectifs insidieux de contingentement des élèves et étudiants ou des calculs macroéconomiques savants pour restreindre progressivement l’accès aux universités publiques et diminuer les dépenses publiques, elles sont à proscrire.
C’est pourquoi nous prenons à témoin cette déclaration du gouvernement qui, à travers le Ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, se veut rassurant : « J’aimerai rassurer les acteurs de l’éducation que les modalités d’accès à l’université ne connaîtront pas de changement comme c’est le cas dans les pays comme le Mali, la Côte d’Ivoire et le Bénin. Les bacheliers pourront continuer à s’inscrire sur la plateforme Campus Faso pour les différentes orientations, comme c’est le cas actuellement pour les titulaires du baccalauréat du Mali, du Benin et de la Côte d’Ivoire qui se sont toujours inscrits dans les universités du Burkina Faso sans qu’un concours ne soit organisé à leur endroit ».
Au regard de ce qui précède, le G16 :
• déplore et condamne fermement la violence exercée aussi bien par les forces de défense et de sécurité que par les élèves lors des manifestations ;
• appelle les élèves à la retenue pour un bon achèvement de l’année scolaire ;
• invite le gouvernement à privilégier le dialogue tout en mettant en place des approches plus inclusives dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes;
• exhorte les parents d’élèves et la communauté éducative à sensibiliser les élèves frondeurs ;
• encourage les enseignants et autres acteurs de l’éducation à se mettre dans une disposition d’achèvement de l’année scolaire dans l’intérêt des élèves et de toutes les populations burkinabè ;
• interpelle le gouvernement à communiquer davantage sur les mobiles de la réforme et à rassurer les populations quant au droit de tout bachelier d’accéder à une université publique du pays ;
• recommande au gouvernement d’inscrire les réformes querellées dans les assises nationales sur l’éducation dans l’optique de partager le bien-fondé de ces réformes à tous les acteurs de ces assises qui décideront ou pas de la poursuite de ces réformes ;
• invite les organisations syndicales et autres associations qui soutiennent les élèves à jouer plutôt la médiation entre élèves et gouvernement dans l’intérêt supérieur de la notion.
En tout état de cause, le G16 reste attaché à une éducation de qualité et accessible à toutes les filles et à tous les fils du pays, une éducation où chaque acteur connait son rôle, ses prérogatives et les remplit selon la déontologie requise.
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