Violentes manifestations des élèves de la ville de Ouagadougou: Quand on refuse de recevoir les élèves dans l’ordre, c’est dans le désordre qu’ils le feront
Salut à tous
Si ma mémoire est bonne, les élèves ont déposé un préavis de manifestation de 72h sur toute l’étendue du territoire national avec possibilité de remettre une note à l’autorité. Si ma mémoire est aussi bonne, c’est l’une des rares fois qu’une correspondance pareille est adressée par une association de scolaires à une autorité.
C’est un comportement civique, légaliste, respectueux et louable que malheureusement l’autorité n’a su apprécier à sa juste valeur parce qu’enfermée dans un carcan de préjugés rétrogrades. Pourtant, on aurait pu éviter des périodes inutilement chaudes.
Bien entendu, quand on refuse de recevoir les élèves dans l’ordre, c’est dans le désordre qu’ils le feront. En tant qu’éducateur et parent d’élèves, j’estime que l’autorité a doublement failli sur le plan langagier et sur le plan comportemental.
Il aurait été plus pédagogiquement respectueux de l’image de l’autorité incarnée de les recevoir et de les écouter. C’est un élément basique enseigné en communication à l’École normale supérieure de Koudougou. L’on peut recevoir , écouter et ne pas être d’accord. C’est cela être adulte face à des élèves.
Les élèves ont respecté à travers leurs différentes correspondances les lois et textes de la République, preuve que leurs enseignants leur ont donné les enseignements civiques. Un staff sérieux aurait conseillé l’autorité centrale de les recevoir le 29 avril 2021 à l’image de ce qui s’est fait en province et leur montrer que cette manière de faire est louable. Mais, la haine morbide, l’orgueil mal placé et le jusqu’au boutisme ont pris le dessus en conduisant l’autorité à commettre deux violations des textes de la République:
1. Le non respect du droit de manifester en réprimant les élèves (qui pourtant ont déposé légalement leur préavis pour cela);
2. Le non respect des franchises scolaires en gazant les élèves y compris leurs enseignants jusque dans l’enceinte de leur établissement scolaire qui est un cadre non violable consacré dans les textes.
Sur cette base, des gens pourraient avoir à répondre un jour devant les tribunaux, parce que la loi, c’est la loi et aucune autorité n’est au dessus d’elle. En tant que pédagogue, je n’ai jamais brutalisé ou osé porté la main à un apprenant parce que j’estime que l’État m’a confié une mission noble: enseigner et socialiser l’élève. De ce fait, j’ai éprouvé une immense honte de voir l’autorité réprimer des enfants qui n’ont demandé qu’à être reçus et écoutés.
Je suis encore plus peiné quand je vois des citoyens certainement parents d’élèves applaudir le geste répressif de la CRS (corps pour lequel nous nous battons sur d’autres plans). On peut ne pas apprécier le mouvement des élèves mais aller jusqu’à jouir littéralement et allégrement de leurs blessures est la preuve que certains sont entrain de tomber là où aucun n’ose descendre. Courage à tous ceux qui luttent parce qu’ils ont un rendez-vous avec l’histoire. Prompt rétablissement aux blessés. Nous en avons tous déjà fait l’expérience. Un homme s’assume en tout temps et en tout lieu. Bonsoir.
La rédaction » Les bonnes choses d’aujourd’hui ont été le fruit de la lutte des devanciers »