L’exploitation artisanale de l’or connait un boom sans précédent au Burkina Faso, malgré son corollaire de dégâts humains et surtout environnementaux. Dans la pratique on rencontre de pseudo scientifiques rompus à la tâche de l’utilisation de produits chimiques pour rendre gorge au précieux métal, qui finit par jaillir sous l’oeil admiratif des exploitants et choir entre les mains des fameux propriétaires -sans licence- des puits d’or.
Il est midi, dans une commune rurale de l’Est du Burkina, sous un soleil d’aplomb. Des dispositifs gisent sur l’aire inexploitée de surfaces cultivables, transformées en carrière pour la circonstance, ou plutôt pour la cause de chercheurs d’or sans scrupule. Moins nombreuses, des tentes de fortune sont dressées pour abriter les infortunés « mineurs ». Ici, il n’y a pas de puits en activité pour extraire l’or, mais plutôt des amas de sable venus des sites aurifères de région pour « traitement ».
La liste des produits chimiques ici en usage ne s’arrête pas au cyanure. La technique de traitement est ingénieuse mais laissent voir les risques pour la santé. Quatre bassins construits à même le sol et disposés en triangle constituent le dispositif conçu pour extraire l’or de l’amas de sable sorti de profondeur des terres riches du précieux métal. Dans les 3 bassins reliés au bassin principal, on mélange le sable avec du cyanure et de l’eau; cela provoque une réaction chimique qui dissout l’or contenu dans le sable.
Le liquide contenant le sésame est récupéré dans le 4e bassin par des tuyaux reliant le dispositif, dans lequel on met du zinc permettant à l’or de s’agglutiner tout autour. Les boules de zinc recouvertes d’or sont après concasser en utilisant de l’acide.
L’effet de cette succession de ces produits chimiques manipulés sans la moindre précaution quand il s’agit de traiter l’or est tout aussi visible aussi bien sur ces jeunes qui traitent le minerai que sur l’environnement. En effet tout ceci se passe presqu’en plein coeur du village et les eaux usées abandonnées sans traitement.
L’autre drame dans cette histoire c’est que les cellules de traitement du minerai sont familiales. En effet, ce sont les cousins, neveux et autres proches de famille de l’orpailleur qui sont mis en contribution sur toute la chaîne. Ces ouvriers sont payés au gré de la providence. Si l’on trouve de l’or dans le sable traité, une certaine quantité revient à l’ouvrier au bas de l’échelle et l’autre au boss de l’entreprise familiale.