Le village de Kissan dans la commune de Toma, devenu secteur 8 de Toma à la faveur de la communalisation intégrale, était en ébullition au cours de la journée du 10 avril 2021. Pour cause, un de ses fils a été intronisé comme le nouveau chef du village. Douti Lawamagô Somozena, car c’est de lui qu’il s’agit, s’est assis sur le trône succédant ainsi à son défunt papa, l’ambassadeur Doulaye Corentin KI.
Venus des quatre coins de la province du Nayala notamment des cantons de Toma, de Yaba, de Kougny, et des villages de Bounou, Biba, les populations ont massivement pris part au cérémonial d’intronisation du nouveau chef du village de Kissan. Sous fond de danses traditionnelles, des flutistes, des masques de Gossina, la cérémonie d’investiture du chef de Kissan baptisé sous le nom de Douti Lawamagô Somozena, a eu lieu au cours de la journée du 10 avril 2021.
Plusieurs personnalités politico-administratives et coutumières ont fait le déplacement de Kissan, devenu récemment le secteur 8 de Toma et traditionnellement un village rattaché au canton de Yaba. Parmi ces personnalités, le médiateur du Faso, Saran Sérémé/Séré, le ministre de l’Education nationale et de la promotion des langues nationales, Stanislas Ouaro, le ministre délégué chargé de l’Artisanat, Anne Louise Go, le Larlé Naaba Tigré, le Haut-commissaire de la province du Nayala.
Les populations ont bravé la canicule pour suivre de bout en bout la cérémonie d’intronisation qui a débuté par la sortie officielle du nouveau chef tout blanc vêtu. Cette sortie du chef s’est effectuée sous la clameur des femmes et des sons de tam-tam. Vêtu en blanc, le chef est monté sur son cheval blanc conformément à la tradition en la matière pour recueillir les bénédictions des mânes des ancêtres avant le déroulement des différentes étapes de la cérémonie.
Un règne sous le signe de la cohésion sociale
L’un des actes traditionnels majeurs a été la consécration de la chefferie à travers la remise du bonnet de chef par le chef de canton de Yaba sous le regard du chef de canton de Toma. Après cette étape importante, place a été faite aux discours des différentes composantes sociales à savoir le chef coutumier, les autorités religieuses notamment catholique, musulmane et protestante.
Toutes ces composantes ont fait des bénédictions au chef de Kissan pour qu’il réussisse son règne pour l’épanouissement des populations. La représentant de la famille KI, Christophe KY a indiqué qu’au regard des qualités intrinsèques du chef qui est un homme pétri de sagesse, d’humanisme, du sens de la famille, de l’amour qu’il porte envers les populations, il n’a aucun doute qu’il réussira à conduire le village sur le chemin d’un développement réel et ce, dans un esprit de cohésion et de rassemblement des filles et fils du village. Il n’a pas manqué de congratuler le nouveau chef.
Quant au chef lui-même, il a fait montre de sa gratitude à l’endroit de tous ceux qui ont fait le déplacement de Kissan pour prendre part à la cérémonie traditionnelle. Pour lui, il est temps de mettre en exergue nos valeurs traditionnelles et surtout d’y puiser des ressources et les vertus nécessaires au développement et à l’épanouissement des populations. Il a indiqué qu’il ne ménagera aucun effort pour faire de la recherche de la paix et de la concorde sociale son cheval de bataille.
C’est pourquoi, dira-t-il, qu’il place son magistère sous le signe de la cohésion sociale. Pour lui, aucun des fils ne sera mis en marge qu’il soit du village ou ailleurs. Tous les efforts seront conjugués pour faire de Kissan, ce village mythique de par la richesse de son histoire, un village de paix et de cohésion avec soi-même et avec les autres. Pour lui, le village est traditionnellement lié à Yaba et c’est pourquoi, le bonnet est remis par le chef de canton de Yaba. Il a fait l’historique des chefs qui se sont succédés à la chefferie de Kissan avant de dire qu’il est le 11e occupant de ce sacre traditionnel. Quant au médiateur du Faso, Saran SEREME/SERE, elle a pris part à la cérémonie d’intronisation du chef de village de Kissan.
Le Médiateur du Faso a salué la bonne tenue de la cérémonie. Pour elle, les chefferies traditionnelles sont garantes de la tradition et contribuent à la promotion de la paix, de la cohésion sociale. « La société de l’Ouest a toujours été considérée comme acéphale et pourtant, il y existe une forme d’organisation sociale dont l’assise a été renforcée pendant la période coloniale. Il est opportun de renforcer poursuivre cela à travers les chefferies traditionnelles qui constituent la mémoire des populations en termes traditionnels », a-t-elle laissé entendre.
« Les chefferies traditionnelles ont toujours été des collaborateurs de l’institution Médiateur du Faso pour la résolution des crises sociales et pour la recherche de la paix et de la concorde nationale », a-t-elle ajouté. Elle a adressé ses vives félicitations au nouveau chef et l’a exhorté à œuvrer dans le sens de la cohésion sociale. C’est dans la même dynamique qu’a abondé le Larlé Naaba Tigré. Pour lui, le rôle des chefs traditionnels à l’assise de la paix sociale durable et au développement n’est plus à démontrer.
C’est pourquoi, a- t-il rassuré qu’il ne se lassera pas d’accompagner les chefferies traditionnelles de la localités san et d’ailleurs à atteindre ses objectifs. Il a également félicité le nouveau chef. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kissan était dans une fièvre festive tant les populations étaient en liesse. Pour mettre la cerise sur du gâteau, plusieurs animations culturelles ont été faites avant que chacun ne regagne son domicile pour la poursuite des festivités. En rappel, Douti Lawamagô Somozena est en langue san et signifie « le chef que Dieu a donné pour arranger la famille et construire la société ».