Depuis de longues semaines, il est question de négociations entre les autorités et les groupes terroristes qui essaiment dans les cinq régions sous tension de notre pays. Après avoir été démentie par les autorités, l’affaire ne semble plus faire de doute.
Dans une de mes précédentes lettres, je t’avais d’ailleurs indiqué que les autorités utilisent le créneau des leaders coutumiers et religieux locaux et c’est manifestement ce qui semble être en marche. Mais, cher cousin, s’il n’y a pas de TDR (Termes de référence), on risque fort d’aboutir à tout et à n’importe quoi en fonction des localités.
En effet, les populations locales qui en ont bavé pendant cinq ans pourraient être tentées par toutes formes de compromis, voire de compromission, pour leur quiétude.
Le cas le plus récent, c’est celui de Pobé-Mengao, province du Soum, dans région du Sahel, où les différentes communautés locales (Foulsés, Peulhs et Mossis), au cours d’une cérémonie, ont scellé un pacte de réconciliation pour un retour à l’accalmie, à la sérénité et à la cohésion sociale.
Mais c’était sans compter avec la mauvaise foi des pêcheurs en eau trouble.
Effectivement, cher Wambi, des éléments d’une des parties en négociation viennent de dénoncer, cette semaine, cet accord. La raison : deux de leurs principales exigences n’auraient pas été prises en compte.
La première est l’interdiction faite aux femmes de fréquenter le marché afin d’éviter tout contact avec les hommes.
La seconde est l’obligation faite aux hommes de porter des pantalons courts et de laisser pousser la barbe.
A Namsiguia, dans le Bam, région du Centre-Nord, les terroristes ont aussi envoyé des offres de négociation par l’intermédiaire d’un pêcheur qu’ils avaient enlevé au niveau du barrage.
Comme on le constate, cher cousin, visiblement, on assiste à un changement de la stratégie des groupes armés. Tout se passe comme si, après la terreur, ils veulent utiliser le dialogue comme instrument d’imposition de leur idéologie qui se situe aux antipodes des valeurs de la république.
A cette allure, il est grand temps que les autorités publiques s’y investissent en encadrant ces initiatives locales de négociation sinon on aboutira à l’érection de petits califats régis par des lois et des formes d’organisation sociale et politique contraires à celles prévues par la Constitution.
C’est connu et gravé dans le marbre : l’intégrité du territoire, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité ne sont pas susceptibles d’être remises en cause. Alors, il faut vite des TDR pour baliser ces négociations avec les terroristes.