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Augmentation du prix du gaz : « C’est le marché international qui l’impose », Désiré Ouédraogo du comité des prix des hydrocarbures

Publié le mardi 23 mars 2021  |  Sidwaya
Désiré
© Autre presse par DR
Désiré Ouédraogo ,le Secrétaire technique du comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures.
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Le nouveau tarif des hydrocarbures entre en vigueur aujourd’hui 23 mars 2021. Pour en savoir davantage, Sidwaya est allé à la rencontre du Secrétaire technique du comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures, Désiré Ouédraogo, qui livre ici quelques éclairages.

Sidwaya (S) : Les nouveaux prix des hydrocarbures entrent en vigueur aujourd’hui. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette hausse ?

Désiré Ouédraogo (D.O.) : Cette hausse est juste une application du mécanisme que nous avons adopté depuis novembre 2018. Ce mécanisme détermine les prix des hydrocarbures en fonction de ce que le marché international nous impose. Au cours de ces cinq derniers mois, le cours du baril est passé de 40, 83 dollars US en octobre 2020 à 62, 03 dollars US en février 2021, soit une hausse de plus de 52%. Bien entendu, quand il y a ces variations de prix à l’international, cela se ressent sur le marché national.
En pareille situation, pour maintenir les prix au même niveau, il faut une subvention de l’Etat pour supporter toute la hausse. Mais, il faut reconnaître que ces trois dernières années, les subventions de l’Etat au niveau des hydrocarbures ont connu une augmentation de 24%.

Pour le gaz, la hausse de la valeur de la subvention de l’Etat est de 24,40%. Chaque mois, l’Etat débourse entre 2,5 et 3 milliards de FCFA pour la seule subvention du gaz. Il faut donc trouver un équilibre entre les capacités de l’Etat à soutenir les subventions des prix des hydrocarbures et le souci de permettre au consommateur de payer le juste prix. C’est ainsi que l’on a fait une augmentation de 10F sur les autres produits. Pour ce qui est du gaz, le prix des bouteilles de moins de 6 kg reste inchangé ; l’augmentation intervient au niveau des bouteilles de plus de 6kg. La principale explication est donc relative au marché international.

S : Ce qui fait grincer les dents, c’est la hausse du prix du gaz. Comment avez-vous pu déterminer l’augmentation de 500 F CFA sur la bouteille de 12,5 kg de gaz ?

D. O. : La hausse est de 40 F CFA par kg de gaz sur les bouteilles de plus de 6 kg. Pour les bouteilles de 12,5 kg, si vous multipliez 40 FCFA par les 12,5, vous avez les 500 F CFA. Si on prend la bouteille de 12,5 kg, pendant que le consommateur l’achète à 5500 FCFA, l’Etat doit débloquer 3 290 FCFA comme subvention pour la même bouteille, soit un taux de subvention de 37,5%.

S : L’Etat ne pouvait-il pas faire plus d’effort pour éviter que le consommateur ne supporte la hausse de 500 F sur le prix du gaz ?

D. O. : Quand on va à l’international pour payer le carburant, on le paye comptant. Quelque part, la facture pétrolière doit toujours être payée. Maintenant, il faut faire un choix. Faut-il continuer à orienter toutes les ressources budgétaires vers ce type de subventions ou penser à d’autres secteurs qui demandent aussi des ressources ?

S : Pendant longtemps, l’Etat a subventionné le prix du gaz butane pour diverses raisons. D’aucuns pensent qu’avec cette hausse, l’Etat met fin à sa subvention des hydrocarbures…

D. O. : Les subventions de l’Etat au niveau des hydrocarbures sont maintenues. La preuve, le prix des bouteilles de moins de 6 kg n’a pas connu de variation alors que c’est le même produit. Cela veut dire qu’au niveau de ces bouteilles, la subvention de l’Etat est très forte.

S : Peut-on espérer le retour à l’ancienne structure des prix des hydrocarbures ?

D. O. : Nous évoluons dans l’incertain. La contrainte est dictée par le marché international. Si les indicateurs deviennent favorables et que l’on enregistre des baisses importantes de prix au niveau du marché international, techniquement la proposition de baisser le prix du gaz sera faite. Mais en attendant, nous sommes dans une situation difficile.

S : De plus en plus, des voix s’élèvent pour dénoncer le mécanisme de fixation du prix des hydrocarbures. Une relecture est-elle en vue ?

D. O. : Nous travaillons avec tous les acteurs de la chaîne des hydrocarbures. Le présent mécanisme de fixation du prix des hydrocarbures a été adopté en collaboration avec tous les acteurs. Pour le moment, nous trouvons que ce mécanisme est le mieux adapté. Techniquement tout comme du côté des acteurs, nous n’avons pas de problèmes avec ce mécanisme. Mais si entre temps, la question de sa relecture se pose, nous sommes ouverts.

S : Avez-vous pris en compte les risques de répercussions de cette hausse sur le prix des produits de première nécessité ?

D. O. : Nous avons anticipé sur toutes ces questions ! En 2019, nous avons réalisé une étude sur l’impact de la variation des prix du carburant sur les prix à la consommation de façon générale. L’étude a révélé les poches sur lesquelles il faut agir pour éviter des hausses non maîtrisées des prix. Les services techniques du ministère du Commerce vont veiller à ce que les prix des produits ne connaissent pas des augmentations plus qu’il n’en faut.

S : Quels sont ces garde-fous pour éviter une flambée des prix ?

D. O. : L’augmentation du carburant touche tout de suite le transport. S’il y a une hausse sur le transport, naturellement cela va se répercuter sur le prix des marchandises. Avec la présente variation du prix du carburant, nous savons la marge d’augmentation du coût du transport qui peut être tolérée par le transporteur. Ce n’est pas sûr que le coût du transport augmente, car avec la hausse de 10 F CFA sur le litre, la marge de manœuvre est réduite. A partir de là, nous savons que le prix des marchandises ne peut pas vaciller jusqu’à un certain niveau. Nous voulons rassurer le consommateur. Nous savons que cette nouvelle n’est pas la mieux accueillie mais ce n’est pas aussi de gaieté de cœur que le gouvernement a pris cette décision.

C’est une question de choix. Faut-il poursuivre avec ces subventions au détriment d’autres actions possibles en faveur des populations les plus vulnérables ou faut-il faire payer le juste prix au consommateur et permettre à l’Etat de dégager des surfaces financières pour d’autres secteurs ?

On ne peut oublier les contraintes budgétaires liées à la crise sanitaire et sécuritaire dont il faut tenir compte. Il ne faut donc pas créer d’autres poches de dépenses qui vont peser sur le budget de l’Etat pendant qu’il y a des priorités qui attendent d’être réglées.

Interview réalisée par
Mahamadi SEBOGO
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