Le Comité de réflexion et d’action pour la réconciliation et la paix (CRARP), récemment porté sur les fonts baptismaux, a organisé, le samedi 20 mars 2021, à Ouagadougou, une conférence de presse pour décliner ses objectifs et activités à venir.
Farouchement opposés sur la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè jusqu’à l’insurrection populaire de 2014, Alpha Yago (CDP), Moussa Zerbo (UPC) et Hervé Ouattara (CAR) notamment, viennent de créer le Comité de réflexion et d’action pour la réconciliation et la paix (CRARP) avec pour credo : « la réconciliation par l’exemple ». Ils ont animé une conférence de presse, le samedi 20 mars 2021 à Ouagadougou, pour présenter les objectifs de leur structure et ses activités à venir. « Nous avons mis un point d’honneur pour l’implication de citoyens venus de divers horizons… .Ici, nous nous sommes déjà réconciliés », a signifié Alpha Yago, membre de la coordination du comité.
Et Hervé Ouattara de poursuivre que les membres du comité ne sauraient parler de réconciliation, s’ils ne sont pas en mesure eux-mêmes, de taire leurs divergences dans l’intérêt supérieur de la Nation. Le CRARP, ont précisé ses initiateurs, ambitionne de promouvoir la réconciliation nationale auprès des autorités politiques, coutumières et religieuses et de faire cette promotion à travers des activités socioculturelles et sportives, afin de lui donner une assise participative et inclusive.
« Il s’agira d’utiliser la technique de la mobilisation sociale pour faciliter l’appropriation de la réconciliation nationale par les populations et notamment chez les jeunes de moins de 35 ans qui constituent 77% de la population », a expliqué M. Yago. Des rencontres avec les associations des victimes et les autorités, l’organisation d’un cross populaire, d’une caravane, de concerts et de soirées humoristiques, sont entre autres activités prévues à cet effet. Interrogé sur leur vision de la réconciliation nationale, Moussa Zerbo a précisé que celle du CRARP est holistique avec en ligne de mire, la vérité, la justice et la réconciliation. « Contrairement à ceux qui disent que les Burkinabè n’ont pas de problème de réconciliation, mais de justice, nous estimons qu’au regard de ce que le pays a traversé, de son indépendance à l’insurrection en passant par les coups d’Etat et la Révolution, nous devons nous asseoir, nous parler, reconnaître nos torts et nous pardonner pour aboutir à la réconciliation », a-t-il dit. Faut-il une justice classique ou une justice transitionnelle ? En réponse à cette question, Alpha Yago a fait savoir qu’il n’appartient pas au CRARP de prendre parti.
« Il nous revient à tous, en tant que Burkinabè, de trouver une formule qui nous est propre pour nous réconcilier et prendre un nouveau départ », a-t-il insisté. Le comité n’est-il pas une association de trop, étant donné qu’il existe un ministère et le HCRUN ? Pour ses membres, chaque acteur, dans son domaine, doit contribuer à la réconciliation nationale. « Chaque structure a un rôle bien déterminé. Notre finalité est de sensibiliser, d’éveiller les consciences, de clarifier auprès des populations les concepts et de susciter une adhésion massive au processus », a nuancé Hervé Ouattara. Le Comité dit avoir déjà rencontré le ministre d’Etat auprès du président du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré.