Petit à petit, les pays africains se mettent au diapason des autres nations dans la vaccination contre la Covid-19. Ainsi, après l’Afrique du Sud et le Sénégal qui ont développé chacun des initiatives individuelles pour mettre le précieux sésame des vaccins à la disposition de leurs populations respectives, la Côte d’Ivoire, à la suite du Ghana qui a été le premier pays africain à recevoir les vaccins COVAX, a procédé, le 1er mars 2021, au lancement de sa campagne de vaccination contre la pandémie.
A noter que le mécanisme COVAX est une initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour disponibiliser le vaccin anti-Covid aux populations des pays les plus démunis, au moment où dans la course aux vaccins contre la terrible pandémie, les grandes puissances, dans une sorte d’instinct de survie aux relents d’égoïsme, ont tendance à s’accaparer des doses disponibles parfois au-delà même de leurs besoins du moment, au détriment des pays pauvres condamnés à jouer les marmitons pour espérer avoir les restes quand les grands seront repus.
Une initiative louable et salutaire pour de nombreux pays africains qui se comptent parmi les plus pauvres au monde, et qui ont besoin encore pour beaucoup, de cette indispensable solidarité internationale pour faire face à ce défi sanitaire mondial qui est venu en rajouter à la difficulté de leur quotidien.
Le souhait est que le processus puisse s’accélérer pour voir d’autres pays du continent noir entamer la vaccination de leurs populations
C’est pourquoi il convient de saluer, à sa juste valeur, ce geste de l’OMS qui vise une certaine équité devant la maladie, dans la lutte pour la protection des populations à travers le monde. C’est dire si cette première expérience, en Côte d’Ivoire, de vaccination à travers l’aide du mécanisme COVAX sur le continent africain, est porteuse d’espoirs. Et le souhait est que le processus puisse s’accélérer pour voir d’autres pays du continent noir entamer la vaccination de leurs populations comme cela se fait déjà en Occident, pour étendre au maximum la chaîne de l’immunité et espérer tendre vers cette immunité collective censée mettre un coup de frein aux ravages de la pandémie à travers le monde. Mais le tout n’est pas, pourrait-on dire, de lancer une campagne de vaccination. Car, une chose est d’acquérir des vaccins, une autre est de mener rondement les opérations de vaccination sur un continent où la méfiance des populations vis-à-vis de ce vaccin, reste encore tenace, principalement en raison de fausses idées véhiculées, sans oublier le favoritisme, le népotisme et le copinage qui restent les péchés mignons de biens des dirigeants africains. C’est dire si l’adhésion des populations reste un autre défi à relever. Mais il faut aussi travailler à ce que cette campagne se passe dans la transparence et le respect des priorités énoncées au nombre desquelles l’on espère voir figurer en bonne place les personnes du troisième âge. Cela nécessite une bonne campagne de sensibilisation pour avoir la confiance des populations encore largement convaincues, dans leur majorité, que ce sont les rebus des autres que l’on envoie sur ce continent considéré à tort ou à raison comme la poubelle du monde.
Tant qu’il y aura des malades du Covid-19 quelque part dans le monde, la menace de la pandémie restera entière sur la planète
Et le fait que l’Afrique du Sud, par exemple, ait trouvé à redire sur l’efficacité de son premier lot de vaccins sur son variant, peut prêter à confusion et rendre encore plus difficile l’adhésion de certaines populations sur lesquelles les rumeurs et autres fake news ont encore largement de l’emprise à travers les réseaux sociaux. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire doit mettre un point d’honneur à réussir son exercice qui pourrait servir de déclic, dans un sens ou dans l’autre, pour d’autres pays africains. En tous les cas, l’arrivée de ces vaccins immédiatement suivie du lancement de la campagne, ne pouvait pas mieux tomber au pays de Houphouët Boigny qui est, avec le Ghana, non seulement l’un des pays les plus touchés de la sous-région ouest-africaine avec ses 32 000 cas et plus de 180 morts, mais aussi en raison de la campagne pour les législatives qui pourrait voir un regain des contaminations sur un continent qui connaît une certaine tendance baissière des chiffres au point que l’Afrique du Sud, pays le plus touché du continent africain, a connu un allègement des mesures décrétées par les autorités le week-end dernier. C’est dire si l’espoir est permis de voir le continent africain sortir du creux de la vague de cette pandémie qui n’a pas fini de faire parler d’elle dans le monde, avec des conséquences incalculables. Il serait temps. Car, tant qu’il y aura des malades du Covid-19 quelque part dans le monde, la menace de la pandémie restera entière sur la planète. Surtout que la question de l’immunité définitive des patients ne semble pas encore avoir de réponse claire. Et même si l’Afrique a globalement jusque-là su faire preuve de résilience en faisant mentir bien des prévisions apocalyptiques, il reste que bien plus que les conséquences sanitaires, les conséquences économiques continuent de peser lourdement sur un continent aux économies continuellement sous perfusion.