Alors que la vaccination contre Ebola s’intensifie en Guinée, les pays limitrophes sont en état d’alerte. Ils se préparent en urgence à détecter, isoler et gérer tous les cas, ainsi qu’à enrayer d'éventuelles épidémies transfrontalières.
Neuf cas, dont cinq décès, ont été enregistrés en Guinée. Bien qu’aucun cas confirmé d’Ebola n’ait été signalé en-dehors du pays, l’épidémie actuelle s’est déclarée dans la préfecture de N’Zérékoré, qui se situe près des frontières poreuses avec le Liberia, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire.
L’ensemble des six pays limitrophes de la Guinée finalisent actuellement leurs plans opérationnels de préparation, en ligne avec l’outil d'évaluation de l'état de préparation de l'OMS. L’état général de préparation dans les six pays est de près de 66 %, ce qui demeure inférieur au seuil de référence de 80 %.
La surveillance et le contrôle s’intensifient aux points de passage des frontières et au sein des communautés à haut risque. Des équipes d’intervention rapide sont déployées dans les zones frontalières pour soutenir les plans de préparation des districts sanitaires. Les structures de diagnostic et de traitement sont agrandies et s’attèlent à garantir que les communautés s’approprient et se rallient aux réponses de santé publique en cours. Jusqu’à présent, 20 alertes de cas suspectés ont été rapportées dans trois pays. Tous ces cas ont été testés négatifs à Ebola.
« Nous avons appris les dures leçons de l'histoire et avec Ebola et les autres urgences sanitaires, nous avons appris que la préparation est efficace. Soit nous agissons maintenant, soit nous en payons le prix plus tard en vies perdues et en économies ruinées. Une surveillance systématique, des préparatifs complets et une forte coordination transfrontalière sont essentiels pour détecter tous les cas et s’assurer qu’ils sont promptement isolés et traités, et que la vaccination des cas contacts à haut risque commence rapidement », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
La Guinée a agi sans tarder pour commencer à fournir le vaccin contre Ebola aux personnes à haut risque. Une campagne de vaccination a ainsi été lancée à Gouécké, l'épicentre de l’épidémie situé dans la préfecture de N’Zérékoré, un peu plus d’une semaine après l’enregistrement du premier cas. À ce jour, les rapports de l’OMS font état de 225 personnes vaccinées en Guinée, dont 66 cas contact à haut risque. L’OMS a déboursé 1,25 million de dollars US pour soutenir la riposte en Guinée et renforcer l’état de préparation face à Ebola dans les pays voisins, à savoir la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Sénégal et la Sierra Leone. Le Fonds central d'intervention des Nations Unies pour les urgences humanitaires (UNCERF) a également débloqué 15 millions de dollars US pour soutenir la riposte en Guinée et en République démocratique du Congo, ainsi que la préparation des pays voisins à faire face à l’épidémie.
En Guinée, environ 65 experts internationaux et nationaux de l’OMS sont présents sur le terrain. Par ailleurs, l‘appui du gouvernement a permis l’envoi d’un vol spécial qui a acheminé des doses du vaccin anti Ebola rVSV-ZEBOV, des containeurs frigorifiques à températures ultra-basses, des équipements de protection individuelle et d’autres fournitures médicales de Conakry jusqu’à N’Zérékoré.
Dans la province du Nord-Kivu de la République démocratique du Congo, huit cas confirmés d’Ebola et quatre décès ont été enregistrés lors de la dernière épidémie qui a été déclarée le 7 février. L’insécurité persistante, tragiquement illustrée par le récent décès de l’ambassadeur italien Luca Attanasio dans la région, entrave les efforts de détection des cas et de traçage des cas contacts de personnes infectées. Plus de 650 personnes ont été vaccinées jusqu’à présent. Environ 8000 doses de vaccins étaient toujours disponibles dans le pays à la fin de la 11e épidémie d’Ebola. 4320 autres doses devraient être livrées en début de semaine prochaine.
La maladie à virus Ebola est une maladie sévère et létale qui tue généralement environ la moitié des personnes infectées. Elle se propage entre les personnes par contact direct avec le sang et les fluides corporels des personnes infectées et à partir de surfaces et de matériaux contaminés par ces fluides.
L'épidémie d'Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest a débuté en Guinée et s'est étendue au Liberia et à la Sierra Leone. Lorsqu'elle a finalement été maîtrisée, on comptait environ 28 000 cas et 11 000 décès, ce qui en fait l'épidémie la plus mortelle depuis que le virus a été détecté pour la première fois en 1976.
Dr Moeti s'est exprimée aujourd'hui lors d'une conférence de presse virtuelle animée par APO Group. Elle a été rejointe par Dr Bachir Kanté, Chargé de mission au ministre de la Santé de Guinée, et Dr Franklin Asiedu-Bekoe, directeur de la Santé publique, Département de la santé du Ghana. Étaient également présents pour répondre aux questions Dr Richard Mihigo, coordinateur du programme de vaccination et de développement de vaccins au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, Dr Nsenga Ngoy, responsable du programme des urgences au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, et Dr Nicksy Gumede-Moeletsi, virologue régionale au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique.