Les cours ont été pendant longtemps suspendus à l’Ecole nationale de santé publique (ENSP). A l’origine de cette crise, une soutenance d’une élève jugée illicite par ses camarades. Récemment, un terrain d’entente a été trouvé par l’administration de l’école et les protestataires.
Les cours et les stages ont donc repris, mais aucune décision concernant l’annulation de la soutenance exigée par les élèves n’a été prise. Par cette déclaration, le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) interpelle l’ENSP et le ministère de la Santé sur la nécessité d’annuler ladite soutenance « qui illustre un mépris royal des textes en vigueur, de l’équité et de la justice envers les autres étudiants ».
« Depuis novembre 2020, la situation au sein des Ecoles nationales de santé publique est marquée par une crise consécutive à une soutenance litigieuse. En rappel, l’Ecole nationale de santé publique (ENSP) est l’institution publique chargée non seulement de la formation de base du personnel infirmier, sage-femme, auxiliaires médicaux et du personnel d’administration et de gestion des services de santé mais aussi de la formation supérieure en sciences de la santé, telle que la formation des attachés de santé.
Concernant la formation des attachés de santé en anesthésie-réanimation, pour être déclaré compétent à exercer cette profession, les textes de l’ENSP exigent de l’apprenant de valider d’abord son stage de synthèse en fin de 2ème année, ce qui l’autorise à participer aux épreuves pratiques dont la validation conditionne la soutenance d’un mémoire devant un Jury (confère article 73 du règlement intérieur de l’ENSP).
Pour le cas de la soutenance litigieuse, l’étudiante qui est de la promotion de 2015-2017 a été exclue de l’ENSP en 2018 pour insuffisance de résultats. Curieusement, la même étudiante a bénéficié d’une inscription à l’ENSP en 2019. Avec cette nouvelle inscription, elle a été encore exclue par le jury de délibération des attachés de santé qui a siégé le 16 Octobre 2020. Il s’agit donc d’une étudiante qui n’a validé ni le stage de synthèse, ni le stage pratique et qui plus est, a été exclue par le jury de délibération.
A la surprise générale, il a été organisé pour la même étudiante, le jour de Mouloud, un jour férié de surcroit, une soutenance présidée par le directeur Général de l’ENSP, le Dr Emile PARE, et sanctionnée par une note de 17/20. Cette situation, au-delà de fouler au pied les principes élémentaires de l’éthique de la formation et les textes règlementaires de l’ENSP, pose un problème de santé publique car les connaissances et les compétences ne semblent plus être les critères pour l’obtention de parchemin en vue de dispenser des soins aux êtres humains. Cet état de fait a légitimement suscité des réactions de la part de toutes les personnes éprises de justice et soucieuses de l’intérêt général.
C’est ainsi que dans une déclaration en date du 19 novembre 2020, les enseignants de la Direction de formation supérieure en science de la santé (DFSSS) ont notifié leur désaccord avec ladite soutenance. Certains enseignants vacataires, pour sauvegarder leur dignité, ont suspendu leur participation à la formation. Quant à la société d’anesthésie-réanimation et de médecine d’urgence du Burkina (SARMUB), qui intervient dans l’encadrement des élèves attachés de santé en anesthésie-réanimation, elle a, dans une correspondance en date du 25 novembre 2020 adressée au directeur général de l’ENSP, informé de la suspension de la participation de ses membres à la formation théorique et pratique des élèves attachés de santé en anesthésie-réanimation.
Constatant le blocage de leur formation, les élèves attachés de santé des ENSP de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ont dû organiser des sit-in à la direction générale pour exiger la reprise de leur formation suspendue depuis trois mois.
Le SYNTSHA, soucieux de la qualité de la formation des agents et des soins prodigués aux populations, avait déjà, par l’intermédiaire de sa sous-section ENSP, interpellé la direction Générale de l’ENSP depuis les prémices de cette forfaiture. Cependant, ces interpellations sont restées sans suite. La Section KADIOGO du SYNTSHA, saisie de la situation, a introduit une demande pour rencontrer le Directeur Général de l’ENSP afin d’en discuter, mais ladite demande est restée sans réponse jusqu’à nos jours.
Pour solutionner la crise, un « protocole d’entente » entre le directeur général de l’ENSP, le président de la SARMUB et un représentant du ministère de la santé, a été signé et a abouti à la reprise de la formation des attachés de santé en anesthésie. Toutefois, ledit protocole stipule que : « Pour la question de la soutenance querellée d’une élève attachée de santé en anesthésie-réanimation, elle sera résolue dans le cadre d’une procédure administrative déjà entamée sous la supervision du Ministre de la santé. »
La section SYNTSHA du Kadiogo a constaté, avec pleine satisfaction, que la formation a repris, et que des agents de santé seront mis à la disposition du système de santé le plus tôt possible. Aussi, elle espère que cette situation sera sans incidence sur la carrière des élèves attachés de santé en position de stage de formation.
Toutefois, bien que les formations aient repris, force est de constater que le problème à l’origine de la crise reste intact car la soutenance illicite n’a pas été annulée. Bien au contraire, le Directeur Général de l’ENSP, pour masquer le problème, se sert d’épiphénomènes qui n’ont rien à voir avec le mécontentement des acteurs de la formation.
Tout en fustigeant le mépris du DG de l’ENSP vis-à-vis du SYNTSHA et de la santé de nos populations, la section SYNTSHA du KADIOGO interpelle les responsables de l’ENSP et le Ministère de la Santé à :
Œuvrer dans le sens de l’intérêt de la santé de nos populations.
Annuler purement et simplement cette soutenance illicite qui illustre un mépris royal des textes en vigueur, de l’équité et de la justice envers les autres étudiants.
En tout état de cause, la section SYNTSHA du KADIOGO tient à attirer l’attention des autorités de l’ENSP et de celle du ministère de la santé sur les conséquences d’une entente entre elles contre les textes en vigueur sur le dos des élèves et des populations. Par conséquent, elle se réserve le droit, en cas d’insatisfaction de donner suite à la présente déclaration conformément aux intérêts des travailleurs et à ceux de notre peuple ».
NON A LA PROMOTION DE LA MEDIOCRITE !!
MOBILISES ET DETERMINES, NOUS VAINCRONS !!
Pour le bureau de la section
Adama ZALLE
Secrétaire chargé de l’Organisation et de la formation