Dans ma Lettre de la semaine dernière, je me suis fait l’écho du blues des Volontaires pour la défense de la Patrie. Comme tu le sais, suite à la décision prise en novembre 2019 par le président Roch Marc Christian Kaboré, ce corps de supplétifs civils de nos Forces de défense et de sécurité a effectivement fait l’objet d’une loi votée en janvier 2020.
Hélas, un an à peine seulement après, ils cumulent déjà des arriérés de ce qu’on considère être leur solde : 200.000 FCFA par groupe de 10 combattants et par mois.
Je ne reviendrai pas sur les raisons invoquées par la haute hiérarchie militaire pour expliquer ces retards qu’elle a avoués alors que tout le monde reconnaît leur précieux concours dans la lutte contre le terrorisme. Mais cette situation malheureuse a aussi permis de savoir qu’il y a en fait VDP et VDP. Il y a d’abord ceux qui sont sous contrat dûment signé avec l’Etat et vis-à-vis desquels la puissance publique a des obligations et une autre catégorie non officiellement reconnue on va dire.
En effet, cher cousin, au début de cette aventure, dans de nombreuses localités, certains étaient réservés pour ne pas dire réticents à se lancer dans cette aventure périlleuse, mais au fur et à mesure que leurs camarades enregistraient des victoires sur le terrain, les peurs se sont peu à peu dissipées et nombreux sont ceux qui ont pris le train des VDP en marche. Sans pour autant avoir signé de contrat auparavant avec l’armée. Et voilà problème.
Le contingent initial aurait ainsi explosé avec les difficultés de gestion qu’on peut imaginer alors qu’il serait contreproductif de décourager ces bonnes volontés, reconnues ou pas, qui ont décidé de voler au secours de la Nation en danger au péril de leur vie. J’espère en tout cas, cher Wambi, que le ministère de la Défense trouvera la bonne formule pour satisfaire tout ce beau monde, à partir du moment où on reconnaît leurs mérites.
L’autre problème qui est revenu sur le tapis, c’est celui de l’insuffisance des moyens, notamment des armes (deux fusils pour dix personnes). Et on se demande à quoi peut bien servir un combattant sans kalach. Il m’est revenu, cher cousin, que cela procède en réalité d’une certaine prudence des autorités burkinabè qui ont peur de distribuer des flingues comme de petits pains à des gens qui sont, ne l’oublions pas, des civils avant tout.
Et il leur faudra bien un jour ou l’autre restituer ces dotations une fois la mission terminée. Or plus il y a des armes qui circulent, plus on éprouvera des difficultés le moment venu à leur faire réintégrer le casernement. Avec les conséquences qu’on peut imaginer.