Cela fait deux ans que les évènements malheureux de Yirgou ont frappé le Burkina Faso. Et deux ans après, où en est la justice ? Cette question, la section provinciale du Séno du MBDHP se l’est posée ce samedi 16 janvier 2021 dans la Salle des rencontres du Centre Multimédias de Dori. C’était en présence des autorités municipales et religieuses de Dori et d’une assistance qui respectait les normes en vigueur relativement à la circulaire du Gouverneur rappelant les conditions de regroupement en temps de COVID-19.
Assisté de ses collaborateurs de Dori et d’une délégation du CISC venue de Ouagadougou, Abdoulaye Hoéffi Dicko a présidé les échanges. Après la déclaration liminaire, les questions et les apports, notamment des témoignages ont permis de lever des zones d’incompréhensions pour certains participants.
De cette déclaration liminaire, on retiendra que «depuis l’avènement de cette tragédie, ce sont plus de 200 veuves et 1.500 orphelins, avec, eux, tous les burkinabè épris de paix et de justice qui attendent désespérément qu’une suite judiciaire soit donnée à ce crime crapuleux». Toujours, suivant cette déclaration liminaire, on apprend que «le dossier judiciaire est confié au parquet de Kaya et selon des indiscrétions, ce sont 11 personnes identifiées parmi les koglwéogos qui seraient en détention au niveau de la MACO. Cette évolution dans le traitement du dossier laisse planer une impression d’impunité». Et au vu de toutes les actions et activités déjà entreprises et menées, le MBDHP-Séno se devait de marquer une escale pour jauger la situation selon Abdoulaye Hoéffi Dicko pour qui la création du Ministère d’Etat en charge de la Réconciliation Nationale et de la Cohésion Sociale n’est pas forcément synonyme de résolution du problème. «A notre niveau, nous observons et nous attendons le maçon au pied du mur. Ce sont des politiciens et nous nous gardons de leur donner le bon Dieu sans confesse» a asserté Abdoulaye Hoéffi Dicko qui toutefois dit saluer le geste du Ministre d’Etat, Ministre de la Réconciliation Nationale et de la Cohésion Sociale, Zéphirin Diabré qui a consacré sa première visite au Collectif de contre l’Impunité et de Stigmatisation des Communautés.
Présent à Dori, Dr Ibrahim Barry, le responsable chargé des questions humanitaires du CISC a invité la communauté Peul à inscrire ses enfants à l’école classique tout en précisant que Yirgou est et restera un crime imprescriptible.
Pour Abdoulaye Hoéffi Dicko, «l’affaire de Yigou est une affaire qui concerne tout le monde». Et à Dori, les participants à cette cérémonie ont dit «Plus jamais ça au Faso».
C’est par une activité de solidarité à l’endroit des ressortissants de Yirgou à Dori que s’est terminée cette cérémonie, en attendant une lettre qui sera adressée au Président du Faso pour lui rappeler sa promesse de lumière sur cette tragédie.
Il faut préciser que les chiffres divergent sur les évènements malheureux survenus à Yirgou le 1er janvier 2019. Pendant que l’Etat du Burkina Faso parle officiellement de 49 tués, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Kaya parle de 55 corps et de 60 disparus. Le CISC pour sa part, parle de 210 civils désarmés tués.
Des questions comme la dissolution pure et simple des Koglwéogos, la problématique fermeture des sites d’or sans concertation au niveau de l’Oudalant et du Yagha et le qualificatif de «génocide» pour les évènements de Yirgou de même que la manière de lutter contre le terrorisme, ont été abordées. Sur cette dernière question, Abdoulaye Hoéffi Dicko, si le Président de la section provinciale du Séno du MBDHP est convaincu d’une chose, c’est que «nous devons revoir notre manière de lutter contre le terrorisme».