Le Mouvement de Solidarité pour le Bien-être des Sénégalais (MSBES) porté par la communauté des Sénégalais résident au Burkina Faso a fait acte de donation les 1er et 2 janvier derniers aux personnes socialement vulnérables à Ouagadougou et dans la commune de Nagréongo dans la province d’Oubritenga. Une chaine de compassion qui irradie idéalement les cœurs des personnes privées d’amour et déculpe aussi la générosité des « gens bien » auprès d’Allah.
«Nguir yalla». Mot signifiant littéralement «au nom d’Allah» dans la langue Wolof. C’est donc au nom d’Allah et surtout au nom de la compassion et de la compensation des cœurs en détresse que le Mouvement de Solidarité pour le Bien-être des Sénégalais (MSBES) porté par la communauté des Sénégalais vivant au Burkina a suspendu les 1er et 2 janvier 2020 sa propre fête du premier jour de l’an pour recréer l’amour dans le cœur des personnes vulnérables, abandonnées et oubliées par une société qui nie les siens et subit sa propre décadence et déliquescence morale.
Une partie du don remis au Centre d’accueil de l’Action sociale…
Les mains des coordonnateurs de cette association faîtière, Abdou Bakhy Diaw et Mamadou Diarra étaient chargées de balles de vêtements, de nattes, de bouilloires, de seaux, de sacs de riz, de savons, de lait, d’huile et du numéraire… Une chaîne de solidarité cathartique à laquelle la quasi-totalité des associations sénégalaises et le représentant de l’ambassade du Sénégal au Burkina Faso ont pris activement part.
Première escale des visiteurs: L’hôtel maternel de Ouagadougou, logé dans l’enceinte de la Direction provinciale du Kadiogo du Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire (MFSNFAH). Il s’agit d’un centre d’accueil des enfants en détresse. Quelque 80 enfants de zéro à 15 ans y sont internés. La majorité des enfants y sont « abandonnés » comme un simple objet qu’on oublierait dans une gare de train.
La mission première du Centre, nous glisse le directeur de l’établissement, Salifou Youbga, est de réussir la socialisation des ado. Visages livides mettant en exergue de petits yeux noirs habitués au vide, ces enfants ne connaissent pas Père Noel, ils n’auront pas de gâteaux de fin d’année… Papa et maman ne seront pas à leur coté pour un câlin flatteur et chaleureux. La table à manger sera dégarnie de nourriture comme l’est leur cœur qui ne reçoit plus d’amour.
Le Mouvement de Solidarité de la diaspora sénégalaise du Burkina Faso s’est ensuite transportée dans une école « coranique » dans le quartier Hamdallaye de Ouagadougou où quelque 100 élèves talibé sont sous l’autorité socio-éducative du « maitre » Abdoulaye Bolly. Les pensionnaires de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) ont aussi reçu la visite des donateurs. «Les Sénégalais du Burkina ont pris la résolution de communier désormais et sans discontinuer le premier jour de l’an avec les détenus de la prison », glisse le Secrétaire général de la Communauté des Sénégalais, Mamadou Diarra à l’oreille du Contrôleur principal de la MACO chargé de la sécurité pénitentiaire, Anselme Nonguierma.
Deuxième escale : le site des déplacés internes de Nagréongo dans la province d’Oubritenga (région du Plateau central). Selon les confidences de la Préfet du département de Nagréongo, Naomie Bicaba Ouédraogo, quelque 8000 Burkinabè déplacés internes vivent depuis deux ans sur ce site à ciel ouvert.
Le président du Mouvement de Solidarité, Abdou Diaw et ses compatriotes sont donc venus porter l’espérance dans la vie de ces Burkinabè qui ont laissé leur passé derrière eux pour assumer leur destin et réinventer leur futur bien assombri par un présent qui se refuse à eux.
Corps décharnés et malmenés par la peur du bruit, ces Burkinabè « déplacés » ont choisi de perdre leur dignité plutôt que de subir les assauts déprimants et démentiels des «attaques terroristes». Le Pape François nous invite à l’exemple : « Si je réussis à aider une seule personne, ceci est déjà suffisant pour justifier le don de ma vie.»