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Burkina Faso : l’insécurité au cœur du second mandat de Kaboré

Publié le mardi 29 decembre 2020  |  Netafrique.net
Investiture
© Présidence par DR
Investiture du président du Burkina Faso
Ouagadougou le 28 décembre 2020- Le président burkinabè, Son Excellence Roch Marc Kaboré, a été investi pour un second mandat, ce lundi 28 décembre 2020 au stade de Ouagadougou.
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En raison du contexte sanitaire et sécuritaire assez difficile, c’est devant un public réduit dont dix chefs d’État africains et 1 200 invités au palais des sports de Ouaga 2000 dans un quartier huppé de la capitale Ouagadougou, que le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, 63 ans, a été investi ce lundi 28 décembre pour un second mandat à la tête du Burkina Faso.

Une image qui tranche avec celle observée cinq plus tôt. En 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré, renversé par une insurrection populaire après 27 ans de pouvoir, l’élection de Roch Marc Christian Kaboré dès le premier tour avec 53,49 % des voix, avait suscité de grands espoirs de développement et de changement au « pays des hommes intègres ». Il avait su rassembler aussi bien des anciens du régime Compaoré que ses opposants.

La sécurité, le défi n° 1 du président
Cinq ans plus tard, le Faso s’est enfoncé dans le chaos avec des attaques de groupes djihadistes quasi quotidiennes, ayant fait plus de 1 200 morts en cinq ans, des pans entiers du pays échappant à l’autorité de l’État, et les forces de l’ordre semblant incapables d’enrayer la spirale de violences. Le président Kaboré, de l’ethnie majoritaire mossi, ancien banquier et homme réputé consensuel, semble pour l’heure être passé entre les gouttes de la sanction populaire. « Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter la Constitution et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso », a dit Kaboré, qui doit diriger le pays pour les cinq années à venir. « J’entends gagner le pari de la sécurité et de la stabilité de notre pays et assurer le retour des déplacés », a-t-il également promis. « Ces cinq dernières années notre pays a été la cible de groupes armés terroristes dont les actions ont mis à mal nos efforts de développement, notre cohésion sociale et notre vivre ensemble », a reconnu le président Kaboré, réélu dès le premier tour lors de la présidentielle du 22 novembre avec 57,74 % des voix, pour un deuxième et dernier mandat selon la Constitution.

Fils de ministre, homme aux idéaux de gauche revendiqués à ses débuts en politique après des études en France, Roch Marc Christian Kaboré profite dans les années 1980 de l’accession au pouvoir de Thomas Sankara, le père de la révolution d’inspiration marxiste, pour devenir directeur de la Banque internationale du Burkina avant même son trentième anniversaire. Après l’assassinat de Sankara en 1987, il s’engage auprès du « Beau Blaise ». L’ascension est fulgurante : plusieurs fois ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée… Il est l’un des hommes clés du régime. Considéré comme probable successeur de Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré tombe brutalement en disgrâce en 2012 pour des raisons obscures. Il claque la porte du parti au pouvoir en 2014 au crépuscule du régime – se faisant taxer d’opportunisme par ses détracteurs – et fonde le Mouvement du peuple pour le progrès, MPP. Un an plus tard, après une transition, il prend les rênes du Faso.

Son mandat a débuté « laborieusement », a confié à l’AFP Fousseny Ouédraogo, cadre de l’opposition : le président « ne semblait pas savoir comment mener le navire », il a « mis du temps avant de trouver un Premier ministre », n’a « cessé de remanier son gouvernement », allant jusqu’à se faire surnommer « président diesel ». Puis son « indolence face à la menace sécuritaire est devenue un autre problème », ajoute l’opposant, estimant « un autre mandat plus catastrophique » encore. Il « est une sorte de roi fainéant qui multiplie les audiences et écoute dans son fauteuil sans prendre de décision », a raconté une source diplomatique à Abidjan citée par l’AFP.
« Réconciliation nationale »
Plusieurs candidats de l’opposition, dont son désormais chef de file Eddie Komboïgo, dirigeant de l’ex-parti au pouvoir de Blaise Compaoré, qui avaient dénoncé un scrutin entaché d’irrégularités, avant de féliciter le président Kaboré pour sa réélection, ont assisté à la cérémonie d’investiture. Dans son discours, Roch Kaboré a également promis de travailler à « la réconciliation nationale ». « Je lancerai, dans les mois à venir, de larges consultations afin de définir les voies d’une réconciliation nationale véritable », a-t-il annoncé, précisant vouloir prendre en compte les « crimes de sang, économiques et politiques qui, de 1960 à nos jours, continuent d’envenimer les rapports entre les Burkinabè ».

L’ancien président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en 2014 par une insurrection populaire après 27 ans de règne, réfugié en Côte d’Ivoire, est sous le coup d’un mandat d’arrêt dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Thomas Sankara en 1987. Le régime Compaoré, période de stabilité, fait l’objet d’une nostalgie croissante chez les Burkinabè, comme en témoigne la deuxième place d’Eddie Komboïgo à la présidentielle et de son parti aux législatives.
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