L’Assemblée nationale a tenu, le mardi 15 décembre 2020, une plénière portant restitution de la mission d’information parlementaire sur la pandémie de la COVID-19. A l’occasion, quinze nouveaux députés ont fait leur entrée à l’hémicycle en remplacement de députés démissionnaires des partis du Faso Autrement, de l’UPC et de l’UNIR/PS.
«La députée Rose Marie Compaoré/konditamde a été reçue le 12 mars 2020 en consultation normale au Centre médical espérance (CME). Il n’a pas été possible de déterminer un lien avec la COVID-19 ni avec des cas contacts. Le samedi 14 mars 2020, elle a commencé à avoir une détresse respiratoire et a donc été mise sous oxygène. C’est ainsi, qu’il a été décidé de l’envoyer en réanimation ». C’est ce qui est ressorti dans le rapport de la mission d’information parlementaire sur la pandémie de la COVID-19 au Burkina Faso. Toujours dans ce rapport, il est mentionné que « le CME ne faisant pas de test de COVID-19, le prélèvement n’a pas été fait au niveau du centre. Elle a ainsi été transférée au CHU-Tengandogo. A l’arrivée, elle devait être prise en charge en réanimation. Constatant le tableau clinique qu’elle développait, le Pr Sondo du CHU-Tengandogo a décidé de son isolement pour le prélèvement ». La synthèse du rapport de la mission a été présentée à l’hémicycle pour validation, le mardi 15 décembre 2020, à Ouagadougou. Cette mission initiée par l’AN vise à s’enquérir de la gestion de la pandémie dans le pays. Pour des raisons de secrets professionnels, les informations médicales relatives au prélèvement et aux résultats du test diagnostic RT-PCR de Feue députée Rose Marie Compaoré/Konditamdé ont été refusées par le Centre de réponses aux urgences sanitaires (CORUS). En plus du cas de la députée, la mission s’est intéressée à la gestion technique de la pandémie par le comité national de gestion de l’épidémie de la COVID-19 et par le ministère de la Santé. L’assistance sanitaire et psychologique aux familles des cas déclarés et la gestion des fonds alloués à la pandémie ont également retenu l’attention des dix membres de la mission parlementaire. Les motivations du personnel de santé, les difficultés rencontrées par les acteurs dans la gestion de la pandémie, la situation des décès liés à la COVID-19 n’ont pas été occultés. La mission s’est déroulée du 5 au 19 mai 2020 pour ensuite être prolongée du 20 mai au 8 juin 2020. L’équipe a aussi effectué des sorties de terrains et d’échanges dans les régions du Centre, des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Ouest, du Centre-Nord et du Centre-Est.
Redoubler de vigilance
A Ouagadougou, la mission est allée au CME, à la polyclinique Notre-Dame de la Paix, à l’Hôpital privé Saint-Camille de Ouagadougou, au centre hospitalier universitaire de Tengandogo, au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO) et au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU-B).
Le rapporteur de la mission, le député Sayouba Ouédraogo, a indiqué que le gouvernement a mis en place un dispositif règlementaire et institutionnel de réponse à la COVID-19. Un dispositif qui a été, selon les enquêteurs, très vite dépassé par la pandémie, obligeant l’exécutif à revoir l’organisation et le fonctionnement du Comité national de gestion de la crise, présidé par le Premier ministre. De l’analyse de la prise en charge des cas confirmés, la mission a relevé des faiblesses. Il s’agit de l’inexistence au départ d’un dispositif de tri sur les sites de prise en charge des malades, de la longue attente des patients transférés pour détresse respiratoire (2 à 4 heures) avant internement. A cela s’est ajouté l’absence de directives claires dès le début de la pandémie ayant conduit à un tâtonnement dans la prise des décisions et la non implication de tous les spécialistes. Ce qui a crée des retards de prise en charge de certaines pathologies, selon le rapporteur, Sayouba Ouédraogo. Des insuffisances qu’a reconnues la ministre de la Santé, Claudine Lougué. « Il y a eu un protocole de prise en charge non ambitieux. Ensuite, nous l’avons réévalué et nous avons mis en place un protocole plus ambitieux »,
a-t-elle souligné. Devant la Représentation nationale, elle a soutenu que les informations du rapport ont permis de mettre en exergue l’engagement de tous les acteurs. En ce qui concerne le nombre de décès liés au coronavirus au Burkina Faso, le CORUS a dénombré 53 cas de décès à la date du 24 mai 2020. Ce nombre est resté stable jusqu’au 8 juin 2020. Malheureusement, force est de constater présentement la reprise du nombre de contamination. C’est pourquoi, la mission d’informations a interpellé l’ensemble des acteurs à redoubler de vigilance dans le respect des mesures barrières. Au cours de cette plénière, quinze nouveaux députés ont fait leur entrée à l’hémicycle en remplacement de députés démissionnaires des partis du Faso Autrement, de l’UPC et de l’UNIR/PS.