Recyclage des aides techniques au Burkina Faso : L’association des Burkinabè du Limousin (ABLIM) au secours des personnes vivant avec un handicap physique
Les aides techniques sont d’une importance capitale dans la compensation de la perte d’autonomie liée au handicap physique. En effet, ces aides modifient l’environnement physique afin de faciliter ou de restaurer le rendement occupationnel dans les activités de soins personnels, de travail de loisirs. Elles permettent ainsi de prolonger l’autonomie à domicile et de compenser le manque engendré par le rationnement d’aidants informels, que ce soit dans les pays développés ou dans les pays en développement.
La baisse du nombre d’aidants informels s’explique principalement par la salarisation des femmes (qui occupaient et continuent d’ailleurs d’occuper une place importante dans la prise en charge des personnes à mobilité réduite) ainsi que la mobilité professionnelle. Par ailleurs, les aides permettent de rompre l’isolement, de favoriser l’insertion sur le marché de l’emploi et de réduire les dépenses du système de santé. Mais les prouesses ne sont réalisables que si les aides techniques sont bien utilisées par les personnes âgées dépendantes et les personnes handicapées. Ainsi, l’accompagnement pluridisciplinaire, professionnel comme familial, est nécessaire à l’apprentissage et au bon usage du matériel.
Si la personne âgée dépendante ou handicapée est suivie par une équipe pluridisciplinaire, ce sont les ergothérapeutes qui lui recommandent l’aide technique grâce à une évaluation approfondie de l’environnement de vie de celle-ci ; c’est également l’ergothérapeute qui assure l’apprentissage du patient à l’utilisation du matériel. Dans certains pays africains, en raison du désert paramédical (les métiers d’ergothérapie et de kinésithérapie ne sont pas encore très développés), les médecins traitants peuvent préconiser le matériel. Mais ce rôle du médecin traitant très critiqué dans la littérature en raison du fait que sa formation traite très peu de la thématique des aides techniques pour qu’il ait les compétences nécessaires dans la préconisation et le suivi du patient.
Une des questions également importantes, tout comme la préconisation, est l’accessibilité des aides techniques dans les pays en développement. En effet, si en France l’assurance maladie prend en charge certaines aides techniques (suivant un taux de responsabilité qui va de 60% à 100%), ce n’est pas le cas dans la majeure partie des pays africains. En effet, les dépenses de santé et d’achat de matériels de réadaptation sont majoritairement à la charge du patient, de sa famille et / ou de son entourage. Ainsi, une situation de précarité signifie une absence de soins et d’aide technique. On se retrouve dans un cercle vicieux (absence de soins, absence d’aides techniques pour compenser le handicap ou la perte d’autonomie, survenue d’évènements indésirables comme la chute, exagération du problème) avec pour finalité la mort.
Au Burkina Faso comme dans de nombreux pays en développement, en raison de la situation de précarité qui touche de nombreuses personnes âgées fragiles / dépendantes et handicapées, cette observation est souvent faite. Pour sortir de la spirale infernale des effets de la non-compensation du handicap « dont la finalité s’avère être la mort », certaines personnes se replient sur des solutions alternatives. Ainsi, on voit des personnes qui s’auto – préconisent des aides techniques alternatives (bois, roulettes,) sans l’avis d’un spécialiste de réadaptation (car n’ayant pas les moyens de les consulter). Le président du Faso, lors du forum national des personnes vivant avec un handicap qui se tenu le 26 octobre 2020, a réitéré son engagement à faciliter l’accès des assistances techniques pour la mobilité aux personnes qui sont dans le besoin.
Beaucoup d’associations militent pour l’accessibilité gratuite de ces matériels aux personnes en situation de précarité. L’Association des Burkinabè du LIMousin en France (ABLIM), parmi ses nombreux objectifs, a également intégré ce volet. De plus, elle milite pour la mise en place d’un processus de recyclage des aides techniques. En effet, elle s’engage à récupérer les aides techniques qui ne sont plus utilisées, en raison du fait que l’état de santé de la personne s’est amélioré (par la prise en charge d’une fracture du col du fémur après une chute) ou que l’aide technique est abandonnée (donc disposée dans la cave). Le matériel récupéré est remis en état en suivant des protocoles de nettoyages stricts. Il est par la suite prêté à la personne après évaluation de son état de santé et de son environnement de vie.
L’ABLIM a ainsi initié le projet intitulé ABLIM-2DATPAPH « Création d’un dispositif de don d’aides techniques pour les personnes âgées en perte d’autonomie et les personnes handicapées résidant au Burkina Faso ». Afin de pérenniser ledit projet, plusieurs études sont mises en place : une étude économique, sociologique et juridique ; l’objectif étant d’appréhender la situation des personnes vivant avec un handicap physique afin de mieux orienter les interventions à leur endroit. Dans le cadre de la mise en œuvre de la première édition du projet qui s’est tenu le 25 novembre 2020, un partenariat est signé avec l’association de l’hadicapable VIP « Rasmata Konfé » (Association Wend Panga pour le Développement, AWPD). Cette dernière est chargée de l’identification et de la distribution des aides techniques aux personnes qui sont en situation de précarité. Nous remercions tous les partenaires internationaux et nationaux qui nous ont accompagnés dans la réalisation du projet ; en espérant que pour la pérennisation du projet, la liste de nos partenaires locaux s’élargira.