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Décorations au Burkina Faso: Eviter les médailles de complaisance

Publié le mardi 8 decembre 2020  |  netafrique.net
Décorations
© Autre presse par DR
Décorations au Burkina Faso: Eviter les médailles de complaisance
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Depuis que le Burkina Faso a accédé à l’indépendance en 1960, des hommes et des femmes sont décorés dans le cadre de la commémoration du 11-Décembre. L’objectif est de récompenser les fils et les filles du pays, du public comme du privé, qui se sont distingués par leur dévouement au travail, leur esprit d’innovation et de créativité, leur attachement à l’intérêt général, etc. In fine, il s’agit par là de tirer le Burkina vers le haut par le travail bien fait.

De ce point de vue, il n’est pas permis, un seul instant, de douter de la pertinence des décorations. C’est pour cette raison d’ailleurs, peut-on dire, que les décorations sont pratiquées dans tous les pays du monde. Le Burkina vient de sacrifier à la tradition cette année.

En effet, dans le cadre du 11-Décembre, la présidence du Faso a procédé, le samedi 5 décembre dernier, à la décoration de 1192 personnes dont 589 dans l’Ordre de l’Etalon et 603 autres dans l’Ordre du mérite. Ces personnes, selon les organisateurs, se sont distinguées par leur « dévouement, leur valeur professionnelle, la durée et la qualité de leurs services ». L’on peut d’abord faire observer que bien des récipiendaires de cette liste méritent bel et bien leurs médailles. De ce point de vue, ils doivent être honorés par les plus hautes autorités du pays et ce de manière solennelle et publique, de sorte à ce que leur exemplarité fasse tache d’huile. C’est également une invite à ce que ces hommes et ces femmes s’investissent davantage pour la cause du pays. Ces gens peuvent brandir avec fierté leur médaille parce qu’ils la méritent. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour toutes les personnes qui reçoivent les décorations. En effet, il y a eu des personnes qui ont reçu des médailles dans ce pays, à la grande indignation des gens de Bien. Et pour cause. Elles sont loin des critères à partir desquels on désigne les personnes à décorer.

Il y a urgence à repenser le système des décorations

Dans certains cas même, l’on peut se poser la question de savoir si ce n’est pas de la provocation tant les médaillés sont carrément aux antipodes des valeurs que l’on cherche à promouvoir via les décorations. Et à l’analyse, on peut être tenté de dire que ces genres de décorations s’inscrivent dans des logiques qui n’ont rien à voir avec des considérations d’ordre professionnel. Certaines sonnent en effet comme des récompenses politiques, d’autres comme des faveurs accordées à des parents ou à des maîtresses. Dans le dernier cas, on parle de décoration « canapé ». Et toutes ces dérives se sont accentuées depuis que les décorations procurent à leurs bénéficiaires, pour le cas de la Fonction publique, l’avantage d’une bonification d’échelon.

Depuis lors, c’est la course aux décorations. Et tous les moyens sont bons pour être parmi les heureux élus. L’on avait eu la faiblesse de croire que la transition allait y mettre fin. Rien n’y fît. La pratique, qui a connu ses heures de gloire sous Blaise Compaoré, se perpétue jusqu’à nos jours. Dans ces conditions, ils sont nombreux les agents de l’Etat qui ne croient plus aux décorations tant ils ont été frustrés. Il n’est pas rare en effet de voir des enseignants qui ont plus de 30 ans de service et qui se sont illustrés de la plus belle des manières dans leur carrière jusqu’à aller à la retraite sans avoir été décorés. Et dans le même temps, ce pauvre enseignant verra son élève bardé de médailles et cela, en si peu de temps. Ce n’est pas juste ; c’est même révoltant. La Fonction publique de la République ne devrait pas fonctionner de cette façon. C’est pourquoi il faut éviter les médailles de complaisance.

Pour cela, il faut poser le problème à l’ensemble de la communauté nationale de sorte à ce qu’elle réfléchisse aux critères et aux indicateurs à partir desquels on propose les gens à la décoration. Tant que l’on va laisser les propositions des personnes à décorer à la seule discrétion des supérieurs hiérarchiques, on ne sera jamais à l’abri des décorations de complaisance. Cela est une certitude. L’on peut rétorquer que les notes attribuées aux agents est un critère susceptible de servir de base à des propositions justes. Mais c’est oublier que certaines de ces notes, dans le contexte de la Fonction publique, répondent plus à une logique de formalité qu’au souci d’évaluer objectivement les agents. En tout cas, il n’est pas rare de voir des virtuoses de l’absentéisme avoir une note de 9/10. De tout ce qui précède, il y a urgence à repenser le système des décorations. Et le plus tôt serait le mieux.
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