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Me Bénéwendé Stanislas Sankara: “Le CDP a prouvé qu’il avait de la résilience. Malgré les guéguerres, les contradictions internes à son niveau, mon frère Eddie Komboïgo a su faire rebondir le CDP”

Publié le samedi 5 decembre 2020  |  netafrique.net
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© aOuaga.com par A.O
Assemblée nationale : clôture de la session spéciale sur le décès de Salif Diallo
Mercredi 30 août 2017. Ouagadougou. L`Assemblée nationale a clos sa session spéciale ouverte le 20 août après le décès de son président Salif Diallo. Photo : Me Bénéwendé Sankara, premier vice-président de l`Assemblée nationale
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Dix jours après la tenue du double scrutin du 22 novembre 2020 et des résultats qui s’en sont suivis, nous avons pu recueillir pour vous l’avis de Me Bénéwendé Stanislas Sankara sur, entre autres, la défaite de l’Opposition à l’issue de ce vote, la percée du NTD et surtout sur l’épineuse question de débauche de moyens financiers pendant la campagne. C’était à son cabinet, dans la matinée du 2 décembre 2020, à Ouagadougou. Appréciez par vous-même !

« Le Pays » : Avez –vous été surpris de la victoire de votre candidat, Roch Kaboré, à la présidentielle ?


Me Bénéwendé Sankara :

Ah non, pas du tout ! Aucune surprise ! Je disais au meeting de lancement à Bobo-Dioulasso qu’entre Roch Kaboré et les autres candidats, il n’y avait pas match. Et que de toute façon, quand on regardait les adversaires en face, de mon analyse personnelle, il était évident que le président sortant allait être élu au premier tour.


Vous n’étiez donc pas inquiet?


Moi, je n’étais pas du tout inquiet. Mais je pense qu’il fallait aussi avoir une bonne campagne. Il fallait avoir une machine électorale. Et le MPP en est une. Il fallait aussi et surtout avoir un projet de société. Et le président Roch Kaboré est porteur depuis 2015 sinon depuis 2014 quand il a pris la décision historique de quitter le navire CDP, des aspirations essentielles des Burkinabè. C’est un homme qui a su, malgré les difficultés, les épreuves, prouver qu’il est un homme d’Etat et qui sait se sacrifier pour son peuple. Je pense que c’est plutôt l’homme qui a fait l’unanimité de par son aura et de ce qu’il est. Je pense qu’il n’y avait vraiment pas à s’inquiéter.


Que va faire, selon vous, Roch Kaboré de cette victoire ?

Il va simplement appliquer le programme pour lequel il a été élu avec les 10 engagements qui ont été énumérés dans celui-ci. C’est ce qu’il doit appliquer. Je pense qu’il a mis aussi au devant, la question de la réconciliation nationale. C’est un engagement fort, bien sûr sur le fondement du tryptique vérité-justice-réconciliation. C’est sur ce fondement qu’il va certainement travailler à unifier tous les Burkinabè. Car, il incarne l’unité nationale. De ce point de vue, il y a beaucoup de chantiers certes, mais il les a déclinés en dix axes prioritaires.


« Les thématiques sur lesquelles l’opposition s’est fondée, ne pouvaient pas convaincre l’électorat »

Selon vous, qu’est- ce qui justifie la défaite de l’opposition qui s’attendait à tout le moins à un second tour ?


J’ai été moi-même un quart de siècle dans l’opposition. Déjà, en 2009, je disais au CDP que nous préparions le CFOP pour eux. Eh bien, c’est une prémonition qui se réalise. C’est un rêve qui se concrétise. Mais le CDP ne devrait pas prendre cela en mal. Car, c’est l’opposition, de ce qu’on dit, le contre-pouvoir. Et le CDP a prouvé qu’il avait de la résilience. Malgré les guéguerres, les contradictions internes à son niveau, mon frère Eddie Komboïgo a su faire rebondir le CDP qui est passé de 18 députés à 20. On ne peut pas dire que ce n’est rien. Quand on tient compte que d’autres fragments sont sortis et ont pu conquérir de l’électorat, on peut affirmer sans le risque de se tromper que ce parti est une force politique qui compte. Mais l’institution du CFOP voudrait que l’opposition joue son rôle de contre-pouvoir de façon structurée, de façon organisée, pour apporter à la démocratie, l’essentiel qui est la contradiction dans le débat démocratique. Si c’est le CDP qui doit désormais jouer ce rôle car ayant plus de députés que les autres partis de l’opposition, ce sera un rôle historique. Parce que passer de la gestion du pouvoir d’Etat pendant 27 ans et venir goûter aux délices de l’opposition, je me dis que cela doit apporter au débat démocratique, beaucoup de punch, beaucoup de saveur. Et cela doit apporter une plus-value à la démocratie burkinabè qui est enviée actuellement, notamment dans la sous-région. Pour répondre à votre question, l’échec entre guillemets est venu du fait que c’est une évolution normale liée aux mutations et aux exigences de la société. Et il faut avoir des programmes qui répondent aux préoccupations des Burkinabè au lieu de passer le temps à critiquer son vis-à-vis. Je pense que l’opposition a d’abord manqué cela. Ensuite, les thématiques sur lesquelles l’opposition s’est fondée, ne pouvaient pas convaincre l’électorat. Car, pour la question de la préoccupation sécuritaire, tout le monde connaît un peu le peuple burkinabè dans sa résilience. Surtout dans son engagement patriotique à lutter contre le terrorisme. Si vous dites que vous allez négocier avec des terroristes, vous êtes en porte-à-faux avec les Burkinabè.


N’avez-vous pas été surpris que le CDP dise que par faute de consensus des candidats de l’opposition, il a renoncé à son recours contre la réélection de Roch Kaboré ?


Moi, j’ai perçu cela comme une tactique politique. On abandonne les siens au milieu du gué pour des raisons politiques. C’est normal que le CDP ait choisi ce moment précis, pour prendre acte des résultats. Et voilà, les autres n’ont maintenant que leurs yeux pour pleurer.


D’aucuns accusent la majorité d’avoir faire preuve de débauche de moyens financiers lors des élections. Que leur répondez-vous ?


Malheureusement, le Burkina Faso n’a pas balisé les campagnes électorales. C’est une loi que nous avons réclamée et qui tarde à venir. Donc, chacun y va avec ses moyens. Si vous êtes plus d’une centaine de partis politiques et à l’arrivée, il y a 15, cela voudrait dire que tout le monde n’était pas logé à la même enseigne. Mais, je dirai qu’Eddie Komboïgo est un milliardaire et il ne s’en cache pas. Il ne s’en cache pas du tout ! Là où vous croyez qu’il y a des moyens et que c’est la majorité qui a fait la débauche, allez-y jeter un coup d’œil dans les budgets de campagne des autres candidats. Si vous prenez Kadré Désiré Ouédraogo, vous connaissez bien son parcours politique, il n’est pas venu les mains vides. Je ne parle même pas de mon ami et frère, Zéphirn Diabré. Comme je le dis, ce qui n’est pas interdit est licite. Chacun est allé avec sa fortune et nous, à l’UNIR/PS, nous sommes allés avec nos moyens qui étaient humains. Des camarades militants et militantes dont le courage, l’abnégation, la persévérance sur le terrain n’avaient pas d’égal. Cela nous a permis de récolter ce qu’on pouvait récolter. C’est une critique qui ne saurait tenir en attendant qu’on plafonne les dépenses de campagne à travers une loi, pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité.


Un parti comme le NTD qui vient d’arriver sur la scène politique vous a surclassé en termes de nombre de députés. Qu’est ce qui peut expliquer cela ?


Je ne saurais donner d’explication scientifique sauf qu’à constater que le NTD qui est passé de trois députés à 13, a fait quand même une bonne performance. Et je voudrais vraiment m’en féliciter parce que le ministre Vincent Dabilgou est un ami et nous sommes ensemble à l’APMP. On se côtoie et on se fréquente. Et cette performance vient renforcer la majorité présidentielle. Donc, à l’UNIR/PS, vraiment, on le félicite pour le travail qui a été fait parce que quelque part aussi, il a su capitaliser un certain nombre de suffrages pour obtenir des voix au profit de la majorité. Nous en avons 5, le MBF en a 4 et il y a d’autres partis comme le PDC qui ont soutenu la candidature de Roch Kaboré. Quand on regarde, il y a une majorité confortable avec les 56 députés du MPP. Donc, les résultats du NTD sont le résultat d’un camarade. Maintenant, comment a-t-il eu cela ? C’est sa propre stratégie. Quand je regarde certains députés élus du NTD, ils ne sont pas des nouveaux en politique. Il y en a qui ont des assises sociales ; d’autres ont une histoire politique et ont leurs propres moyens. Tout cela contribue également à avoir des suffrages et à être concurrentiel sur le terrain.


Vous ne craignez pas qu’il (Vincent Dabilgou) vous ravisse la vedette au sein de l’Assemblée nationale quand on sait que vous êtes actuellement, le 1er vice -président ?


Vous savez, quand on parle de vedette, la musique n’est pas mon fort. Vedette en quoi ? Je ne sais rien. Je ne suis même pas vedette à l’Assemblée en attendant (Rires). Je ne suis pas du tout une vedette et je ne demande même pas à en être une. Je demande à rester dans mes petits souliers de petit avocat.
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