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Sept morts dans l’explosion d’un car : Retour sur une soirée macabre

Publié le lundi 30 novembre 2020  |  Sidwaya
L’explosion
© Autre presse par DR
L’explosion d’un car de transport en commun
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L’explosion d’un car de transport en commun, ″Transport Dianda et Frères″ (TDF), a fait cinq morts et 14 blessés graves et légers, ce vendredi 27 novembre 2020, sur la Route nationale une (RN1) au poste de contrôle de la police de Yimdi, après le péage à la sortie-Ouest de Ouagadougou. Retour sur une soirée macabre.

De retour d’un voyage à Koudougou, dans une compagnie de transport en commun, nous sommes tombés sur un car en flammes, le vendredi 27 novembre 2020, sur la Route nationale une (RN1), après le péage à la sortie-Ouest de Ouagadougou, aux environs de 17 heures, à une vingtaine de km de la capitale. A notre arrivée, les rescapés aidés par les riverains et les passants transportent la dernière victime qu’ils viennent d’extraire du car toujours en flammes. Il n’était plus possible de sauver ceux qui y étaient encore. La foule des riverains et des passants, sous l’encadrement des policiers en poste, observent, impuissants, le véhicule se consumer sous de fortes flammes et dégageant une grosse fumée noire. Après avoir maîtrisé les flammes aux environs de 19 heures 30 minutes, le bilan fait par les sapeurs-pompiers sur place à 20 heures est lourd. 14 blessés graves et légers, 5 morts dont 3 cramés, un bébé de 18 mois, décédé à l’hôpital Yalgado après son évacuation et un autre décédé au niveau du péage, indique le commandant de la première compagnie d’incendie et de secours de la Brigade nationale de sapeurs-pompiers (BNSP), Rasmané Wango. « 10 victimes ont été évacués par nos services et quatre autres par des moyens civils », ajoute-t-il. Parmi les blessés graves, un a perdu ses jambes. Côté bilan matériel, rien n’est sorti du car complètement consumé, qui s’est transformé en un amas de ferrailles.17h15min, arrivent les sapeurs-pompiers, à pas de course. Ils déploient immédiatement leurs dispositifs d’extinction du feu, pendant que les ambulanciers s’affairent à secourir et à évacuer les blessés qui ont pu échapper aux flammes. « Le car brûle depuis environ une heure. Et c’est maintenant que les sapeurs-pompiers arrivent. Ils sont venus pour sauver la ferraille et non des vies humaines », dépite une voie dans la foule, visiblement sous le choc du drame.

Le précieux secours d’un pompier et des civils


La première citerne des pompiers n’a pas pu venir à bout des flammes. « Nous avons été obligés de repartir nous ravitailler en eau à Ouagadougou car il n’y avait pas un point d’eau à côté », explique M. Wango.
Avant l’arrivée des sapeurs-pompiers, un de leurs collègues en partance à Bobo-Dioulasso est descendu de son car, pour porter secours aux victimes dans le véhicule en flammes, avec l’aide des civils. « J’ai aidé à extraire quatre personnes au niveau du car et une dame et un enfant qui étaient dans une voiture RAV4 derrière le car », confie le sergent-chef Adama Yogo, la chemise tachetée de sang. Le chauffeur et ses apprentis, qui ont pu sortir du car aux premiers instants de l’explosion, ont également aidé à sauver les passagers criant au secours. Mais qu’est-ce qui est à l’origine de cette déflagration ? Les avis divergent.

« Nous étions stationnés pour le contrôle de la police. Une voiture RAV4 conduite par une femme est venue nous percuter par derrière et en même temps, notre car s’est explosé », témoigne un des apprentis à bord du car parti en flammes. Il a ajouté que le car de 70 places a quitté Ouagadougou pour Fara et transportait environ une vingtaine de passagers dont 4 femmes, des marchandises, deux motos et des bouteilles de gaz. « Il y avait 14 bouteilles de gaz en haut du car et d’autres bouteilles dans le coffre avant, mais je n’ai pas une idée exacte de leur nombre », confie un autre apprenti. Selon un autre témoin qui dit être arrivé sur les lieux à moto au moment de la détonation, il n’y pas eu de collision. « Le car s’est explosé tout seul au niveau du côté avant », raconte-t-il. « Nous étions dans le car qui a subitement pris feu. Je me suis évanoui, je n’ai pas su ce qui s’est réellement passé », témoigne une victime, Habibou Tiendrébéogo, avec des brûlures sur la peau. Le commandant Wango dit également ignorer, pour l’instant, les causes exactes de l’incendie du car. Il faut attendre les conclusions des investigations de la police scientifique.

Respect strict de la réglementation

Aux environs de 22h, nous rencontrons, Edouard Kabré, Infirmier chef de poste du CSPS de Yimdi. De son bilan, il note trois corps calcinés et des blessés évacués à Yalgado. « Les corps ne sont pas identifiables. Ce sont des adultes. Seul la police scientifique pourra nous dire qui sont ces personnes », affirme-t-il. Dans la foulée, il demande beaucoup de prudence aux usagers de la route sur la RN1. A 22h20, les sapeurs-pompiers maîtrisent totalement les flammes. Certains d’entre eux, s’attelaient à scier la carcasse du véhicule pour extraire un corps complètement calciné. La police scientifique est également sur les lieux pour rétablir les circonstances du drame. A quelques mètres du car entièrement consumé, sur le bitume, des corps sans vie et calcinés sont visibles à côté du véhicule des pompes funèbres. Arrivé sur les lieux du drame, vers 23h, le désespoir se lit sur le visage du président national de la Faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina (FUTRB), Issouf Maïga. Le visage triste, difficile pour lui de lâcher un mot. Après son constat, il affirme avoir appris avec amertume, ce malheureux accident qui a occasionné la perte de plusieurs vies humaines.

« Cela nous interpelle au respect strict de la réglementation en vigueur en matière de sécurité routière et l’interdiction formelle de transport des explosifs avec des personnes. Cela nous amène aussi à accepter de nous professionnaliser pour protéger la vie de la population », explique-t-il. Le transport de personnes ne doit pas être mixé au transport des explosifs, car, c’est totalement interdit, signifie-t-il.
« Une bouteille de gaz, son transport est conditionné par des équipements adéquats notamment un véhicule carrossier ou palettiser ouvert pour permettre au moins de circonscrire les effets en cas d’accident. Mais au grand jamais, on ne devrait transporter des personnes avec des bouteilles de gaz », insiste-t-il. Découragé, il reconnaît que c’est le énième accident que les transporteurs enregistrent dans de pareilles circonstances pour divers manquements très graves à la règlementation.

Un renforcement des contrôles annoncé

En tant que faîtière unique, prévient M. Maïga, « nous travaillerons pour la sensibilisation de tous les acteurs du transport en commun à observer scrupuleusement les consignes de sécurité en matière de transport de personnes. Je pense que c’est ce qui a manqué et occasionner ce drame ». Sous le choc, il a présenté ses condoléances à toutes les familles et prié Dieu qu’il nous épargne de ce désastre. A 23h, les équipes de secours (police et sapeurs- pompiers) achèvent leur mission. Les pompes funèbres prennent la direction de Ouagadougou avec les corps des infortunés. Au moment où nous quittions les lieux, après 23h, des éléments de la police étaient toujours sur place pour sécuriser le lieu du drame. Au lendemain du drame, le bilan officiel faisait état de 7 morts. Le convoyeur a succombé à ses blessures. Le président de l’Assemblée nationale, Bala Sakandé, a apporté son réconfort aux blessés. Après s’être rendu à l’hôpital, il est allé sur les lieux de l’accident constater les circonstances du drame.

« Il est de notre responsabilité de faire en sorte que les transporteurs respectent les règles », déclare-t-il. Il invite les usagers à collaborer avec les services compétents pour prévenir ce genre de situation. Le Directeur général (DG) de l’Office national de sécurité routière (ONASER), Adama Kouraogo, dit que cette situation dramatique interpelle les chauffeurs et les transporteurs routiers au respect strict des textes réglementaires fixant les modalités du transport des personnes et celui des marchandises en vigueur dans notre pays. Dans un communiqué, le DG de l’ONASER présente aussi, au nom du ministre en charge des transports et à son nom propre ses condoléances les plus attristées aux familles explorées et souhaite prompt rétablissement à tous les blessés. Il précise que des mesures fortes seront prises pour renforcer le contrôle routier en matière de transport mixte de personnes et de marchandises (surtout dangereuses) interdites par les dispositions légales en la matière.

Mahamadi SEBOGO
Abdel Aziz NABALOUM
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