« Quand on est président, on se prépare à toutes les perspectives ». Ainsi se résume l’état d’esprit qui anime Roch Marc Christian Kaboré, aujourd’hui, à quelques heures de l’échéance du 22 novembre prévue pour l’élection présidentielle au Burkina Faso. Invité de la rédaction de radio France internationale, le président sortant du Faso n’exclut aucune éventualité quant à l’issue des joutes à venir. « J’ai beaucoup de respect pour mes concurrents. Le 22 novembre, c’est le peuple qui tranchera. Je suis préparé à toutes les éventualités. Mais, ce que je demande tout simplement, c’est que chacun de nous prenne l’engagement de respecter les résultats », souligne le président Kaboré, qui affronte une douzaine de candidats à sa propre succession.
Critiqué par ses adversaires sur son bilan, Roch Kaboré s’en remet au verdict populaire. Toutefois, il reconnaît que tout n’aura pas été parfait pendant sa gouvernance, et ce, en raison de trois facteurs qui l’ont freiné dans on élan. « On a été freiné dans nos ambitions qui étaient grandes pour le Burkina Faso par trois facteurs. Premièrement, le terrorisme, deuxièmement la fronde sociale, et enfin troisièmement la Covid-19 ».
N’en déplaise à ceux qui vilipendent son bilan, pour Roch Kaboré, le programme conçu pour le Burkina Faso a été exécuté sur l’ensemble du territoire dans tous les secteurs économiques et sociaux du pays. Mais, il pense que le meilleur sera à venir durant les cinq années à venir, avec le combat actuel qu’il mène contre le terrorisme. « On n’a pas tout fait. Ce serait une prétention de dire qu’on a tout fait ».
Pour le nouveau quinquennat qu’il sollicite, le président actuel du Faso entend accorder ses priorités sociales à l’amélioration des condition de vie des populations. Ce projet passera par des secteurs sociaux de base dont la santé, l’éducation, l’adduction en eau potable, la dotation en électricité, …
Sur le front sécuritaire où il est le plus indexé, Roch Kaboré s’insurge contre les options préconisées par certains de ses adversaires. Notamment ceux qui propose des « négociations diplomatiques ». « Nous avons dit et répété que quand on engage des négociations diplomatiques, c’est une reconnaissance de fait, une légitimation du terrorisme dans notre pays. Ça, ce n’est pas traitable. Cette position n’est pas burkinabè », tranche-t-il tout net sur la question.
Quid du dialogue pour casser le front des groupes armés ? Là-aussi, le président Kaboré ne voit pas les chose de cet œil. « Est-ce que casser le front des groupes armés amène forcément à la paix ? Parce que vous aurez un front avec un groupe, et les autres vont continuer à travailler sur le terrain. Je pense qu’il faut être un peu sensé », rétorque-t-il, estimant que ceux qui parlent connaissent peu la réalité du terrorisme dans notre pays. Un phénomène rampant, fait-il noter, au-delà des frontières du Mali, du Burkina et du Niger. Aussi, réitère-t-il son option pour la force afin de pacifier ces territoires occupés. « Nous disons priorité au travail militaire, parce que de toute façon nous devons sécuriser notre pays. C’est une mission incontournable. Nous devons déployer l’armée, faire plus de recrutement, et travailler aussi avec les communautés locales ».
Interrogé sur la réconciliation nationale, en particulier sur le retour au pays de l’ex-président déchu et en exil en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, Roch Kaboré se montre très circonspect. « Tous ceux qui sont à l’extérieur peuvent rentrer. Ceux qui ont des procès à la justice passeront devant la justice et sacrifieront de leur mission de montrer qu’ils sont innocents ».
Pour le président-candidat du Faso, la question de la présence de Blaise Compaoré au niveau de la réconciliation nationale n’est pas une nécessité absolue. Puisque, avance-t-il, « il y a un mandat d’arrêt qui a été lancé. Il faut d’abord lever ces obstacles avant que les choses ne puissent se faire ».
En tout état de cause, M. Kaboré pense déjà à un geste de magnanimité. « Pour ma part, je considère qu’une fois que nous aurons fait les élections, nous verrons les modalités dans lesquelles il pourra rentrer en attendant de pouvoir faire face à la justice conformément aux textes en vigueur dans notre pays ».
Blaise Compaoré pourra-t-il ainsi rentrer avant la table-ronde prévue pour la réconciliation et y prendre part ? Pas si facile et évident, semble dire Roch Kaboré. « Si la justice montre qu’il est coupable, il pourra répondre là-bas. Cela veut dire que sa participation serait difficile. La réconciliation nationale, c’est la vérité, la justice et la réconciliation. Quand on fait de manière cavalière la réconciliation, on revient au point zéro », prévient le tenant de l’Exécutif du Faso, qui rappelle la réconciliation faite au temps de son prédécesseur, Blaise Compaoré, qui a abouti à des décisions d’amnistie, lesquelles ont été remises en cause après l’insurrection.
Tout compte fait, Roch Kaboré pense déjà à une amnistie pour tous les chefs d’Etat en considérant que tous les actes qu’ils ont eu à poser l’ont été au nom de l’Etat du Faso.