Qu’il m’est difficile de me prononcer sur la candidature de Tahirou Barry sans que mes détracteurs acharnés ne disent que je suis son conseiller politique. Combien de fois j’ai entendu des gens me dire:” Je sais que tu es un ami de Barry. Tu es proche de lui.” Et c’est même très sérieux. Même au ministère de la culture, cette proximité avec BARRY qu’on me colle sur la peau me met sur une liste noire officieuse. Et SIGUIRE n’a pas bonne presse dans les couloirs feutrés de ce ministère.
Et pourtant, je n’ai rencontré BARRY que deux fois et nous n’avons jamais eu un tête à tête. Mais, il y a des arguments de défense qui ne servent à rien. Laisser les gens dire. C’est l’usage de la liberté. Peut-être que Tahirou BARRY me connait. Peut-être qu’il ne me connait pas. Je ne sais rien au juste. Je crois d’ailleurs que tout est parti d’une lettre ouverte que je lui ai adressée en août 2017 sur les réseaux sociaux quand il avait maille à partir avec son mentor BADO. Dans cette lettre, je lui disais que sa dignité et son honneur dépassaient un poste de ministre qui n’a jamais pu construire moralement un homme. Et en octobre 2017, il démissionnait du gouvernement, soit deux mois après ma lettre ouverte. Je crois que c’est cette lettre qui a fait de moi un ami de BARRY selon certaines personnes. Peu m’importe.
Tahirou BARRY se présente pour la deuxième fois à l’élection présidentielle et cette fois-ci sous la bannière du MCR. En 2015, il a défendu les couleurs du PAREN avant de se voir chasser et humilier par le propriétaire de la chose: le fondateur du parti. Et BARRY se veut tenace. Il retourne à l’Assemblée nationale et crée son parti. Et le voilà candidat. BARRY pourra-t-il relever le grand défi?
Tahirou est un homme de conviction. Inutile de dire que le lièvre court vite. C’est une évidence Tant pis pour ceux qui sont dans l’opposition systématique.. Et le lièvre ne demande pas forcément qu’on reconnaisse sa rapidité . Tahirou est le candidat d’une nouvelle génération. Il est assez jeune et comme en 2015, je crois que cette année encore, il fait partie des deux plus jeunes candidats. Et Tahirou affronte son destin. Il a surpris plus d’un en 2015 en venant après Roch et Zéphirin. Pourra-t-il reconduire ce score ou fera-t-il mieux?
Pour ces élections de 2020,Tahirou fait face à de grands challengers. Son poids politique n’est pas si énorme et il lui serait difficile de battre Roch, Zéphirin et Eddie. Tahirou ne peut pas mobiliser comme ces mastodontes de la politique. Il le sait. Il est assez jeune et il n’a pas des milliards. Tahirou, loin d’être un figurant, n’est pas un candidat qui mobilise les masses. Sa campagne politique le montre d’ailleurs. Tahirou tourne, mais de grandes foules ne tournent pas avec lui. Cela veut dire que Tahirou est un mauvais candidat?
Tahirou est loin d’être le tocard des candidats à l’élection présidentielle. Il est dynamique, courageux et assez intelligent. Et Tahirou a déjà fait ses preuves. Parlant de rupture avec les vieilles pratiques politiques, Tahirou montre que la rupture pour lui est plus qu’un mot. Et il a déjà voulu rompre. Mais, on ne l’a pas laissé faire. Tahirou a le goût de la liberté. Peut-être que c’est en cela que je l’admire beaucoup. Quelqu’un m,a dit que je lui ressemble. Et j’ai essayé de voir en quoi je ressemble à Barry. Il est de teint clair et je suis de teint noir. Mais, je suis plus grand de taille que lui. Certainement, c’est dans cette volonté de ne pas être un béni oui oui, un aboyeur aux ordres, un homme drapé d’une jupe et d’un pagne, que je pourrais être proche de BARRY.
Et BARRY a fait, en deux ans, ses preuves au ministère de la culture. Oui, BARRY était un très bon ministre. Pas un bon, mais un très bon. Et c’est un acteur de la culture qui parle. Tahirou n’est pas méprisant et assez arrogant. Il est resté proche des acteurs culturels. De 2000 à 2020, sauf Mahamoudou OUEDRAOGO a fait mieux au ministère de la culture que BARRY. Il n’était pas un bavard. Tahirou posait des actions et il faisait des erreurs. Mais Tahirou ne revenait pas en arrière et il n’organisait pas des conférences de presse pour insulter le monde culturel. Il était assez intelligent. Tahirou aime la culture et il a montré aussi qu’il aime son pays.
On m’a dit qu’il conduisait lui-même sa voiture pour venir au ministère. Il logeait dans sa propre cours. Sur toute la ligne, Tahirou a montré qu’il ‘était au dessus des honneurs. Il peut être un homme simple qui occupe un grand poste. Il n y a pas de raison qu’une fois au palais de Kossyam, Tahirou ne veuille pas imposer cette rupture à tous les niveaux. C’est un homme déterminé et assez courageux qui sollicite le suffrage des électeurs. Hélas, les électeurs se moquent des idées. Les Burkinabè n’aiment pas trop les hommes courageux. Sous nos tropiques, on n’aime pas assez les hommes libres, qui veulent innover, qui imposent le changement, qui refusent de marcher dans les sentiers battus.
Le conformisme plait aux Burkinabè. Le courage, la détermination, l’ambition sont vus comme de la désinvolture, de l’arrogance. Les Burkinabè sont plus que formatés pour se soumettre à des normes imposées par les autres, par leurs ennemis. Refuser d’être dans ce carcan est souvent vu comme une mauvaise éducation. Etre libre et courageux au Burkina, c’est être arrogant et mal éduqué. Être servile, soumis, obéissant au doigt et à l’œil, c’est faire preuve de bonne conduite, c’est montrer sa bonne éducation, c’est montrer son intégrité. Ce peuple a un grand mal et il vote plus pour celui qui le torture que pour celui qui a la prétention de le libérer.
Demain, Tahirou pourrait être fier devant ses enfants et ses petits-enfants en leur disant: j’étais un vrai homme. J’ai proposé la rupture. On l’a refusée. Ma conscience est plus que tranquille. Je ne suis pas un dieu. Je suis un homme.
Adama Amadé Siguiré