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Elections au Burkina Faso : Le « 1 Coup KO » ou comment on peut creuser sa propre fosse

Publié le lundi 2 novembre 2020  |  NetAfrique.Net
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© Autre presse par DR
La liste définitive des candidats à l’élection présidentielle de novembre 2020
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0La présidentielle c’est deux tours.

La majorité parie sur une victoire en un seul tour au contraire de l’opposition qui parie sur deux tours. Chacun voit midi à sa porte.

Cependant l’on oublie de voir les avantages et les inconvénients de chaque option.

À priori les scénarios suivants sont envisageables selon les cas de figure.

1/ Avec un deuxième tour:

Si le président Kabore était dans le duo de tête, il lui faudra forcément obtenir l’appui d’un faiseur de roi principal et d’autres partis accompagnateurs. Le faiseur de roi ne pourrait être qu’un des deux grands partis de l’opposition (CDP ou UPC).

Mais ce schéma fonctionne uniquement au cas où l’accord de l’opposition ne serait pas respecté.

Si donc le président était élu sous cette forme, l’on se retrouverait dans un gouvernement de coalition forte dans lequel le partage du pouvoir est assez net et le faiseur de roi exigera une part importante au moins 30% des ministères, un grand nombre de postes de DG, d’ambassadeurs, de société d’Etat, etc… les accompagnants de la majorité et ceux hors de la majorité sont à prendre en compte dans le partage du pouvoir. Au finish le MPP pourrait se contenter avec une portion incongrue du pouvoir à redistribuer.

2/ Avec un « coup KO »

Le président passant au premier tour, cela créera automatiquement les conditions d’une cohabitation dans le pays.

Une cohabitation offrant l’assemblée et le gouvernement clé en main à l’opposition, celle-ci après avoir raté Kosyam va se coaliser dans un ultime baroud d’honneur pour gagner la majorité absolue au parlement. Du coup le premier ministre sortira du camp de l’opposition comme le prescrit la loi.

Ainsi donc, perdant le gouvernement et l’assemblée, le chef de l’Etat deviendra à son corps défendant une sorte de reine d’Angleterre tandis que le gouvernement sera entièrement aux mains de l’opposition.

Les cadres de la majorité actuellement ministres, directeurs généraux, chefs de projets et programmes, DG de sociétés d’Etat, se verront remplacer par les cadres de l’opposition.

Dans une cohabitation, les marges de manœuvres du président pour la promotion dans les postes sont assez réduites. Un dosage est certainement possible dans le gouvernement et à certains postes de responsabilité. Mais cela ne pourrait profiter qu’aux hommes de mains du président et à quelques rares chanceux.

Le débat sur le « 1 coup KO » ou le « deuxième tour » est certainement d’intérêt mais l’issue de ces élections couplées de manière globale devrait plus intéresser les pronostiqueurs.

Car à s’y méprendre, on pourrait être en train de pronostiquer cette chose qui peut s’avérer un gouffre dans lequel on finit par se faire engloutir.

Qu’à cela ne tienne, tous les indicateurs et les facteurs ethno-sociologiques, électoralistes, sécuritaires, politico-régionalistes et économiques réunis et analysés comparativement à 2015 montrent manifestement qu’un second tour est plus qu’inévitable au Burkina en 2020.

A chacun cependant, les burkinabé notamment, de choisir entre un régime de changement, de coalition ou de cohabitation.

En effet, disons-le derrière tous ces slogans de communication politique, il y a la logique et le réalisme politique intangibles qui permettent d’appréhender sans passion les choses.

Lookmann Sawadogo

Journaliste-éditorialiste
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