La plus grande centrale solaire d’Afrique de l’ouest et le plus grand barrage hydroélectrique de l’ouest burkinabè illustrent la révolution silencieuse qui s’opère au pays des hommes intègres.
« Là où il y a une volonté, il existe un chemin ». La maxime apocryphe convient fort bien au Burkina d’aujourd’hui confronté à mille et une adversités, mais plus que jamais debout et déterminé à avancer. Nous avons pu en faire le constat, au détour d’un voyage de presse ayant conduit une douzaine de journalistes de la sous-région Uemoa, du Nigeria et du Cameroun dans plusieurs localités d’un pays en chantier.
Zagtouli, paisible bourgade d’à peine 30 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale du Faso, Ouagadougou, est désormais célèbre dans toute l’Afrique de l’Ouest, voire au-delà. Et pour cause ! Le dur soleil qui irradie le pays des hommes intègres y a été apprivoisé et converti en 33 Mégawatts d’électricité à travers la plus grande centrale solaire photovoltaïque de l’ouest africain qui y a été installée.
Construite en un an, et inaugurée en novembre 2017, la centrale comprend 130 000 panneaux solaires sur une surface de près de 60 ha. Cofinancée par la France, gérée par la Société nationale burkinabè d'électricité, Sonabel, elle devrait produire à terme 55 000 MWh par an, soit 5 % de la production nationale, à un coût nettement inférieur à l'énergie fossile importée.
La centrale de Zagtouli est un pas important vers le développement économique du pays car l’infrastructure est censée fournir de l’énergie régulière à des tarifs avantageux à la population et aux entreprises. Zagtouli, qui constitue en fait le premier grand acte d’un ambitieux programme d’énergie solaire baptisé Yeelen (lumière) devant constituer, à l’horizon 2025, jusqu’à 60% du mix énergétique du pays.
Réduire la dépendance énergétique du pays et accroître l’offre énergétique du pays constituait un axe majeur du Programme national de développement économique et social (Pndes) élaboré par le Président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, pour servir de boussole aux différents projets de développement du pays. La vision du Chef de l’Etat étant de transformer structurellement l’économie et d’aller vers l’industrialisation, l’augmentation des capacités énergétiques du pays s’avérait indispensable.
Au total, l’accroissement de l’offre d’électricité nationale atteint plus de 200 MW, grâce la construction de centrales solaires et à la coopération énergétique avec le Ghana et la Côte d’Ivoire, réduisant légèrement la fréquence des délestages. Plusieurs projets sont désormais en cours pour que le Burkina dispose de suffisamment d’énergie électrique pour accélérer son développement.
Le Burkina Faso peut aussi se targuer, dans ce domaine de l’énergie solaire, d’avoir doté l’Afrique de l’Ouest de sa première usine de plaques solaires. L’usine située dans la zone industrielle de Kossodo a coûté 3 milliards Fcfa et peut produire 60 à 100 panneaux photovoltaïques par jour. Elle traduit, selon le Dr Mathias Somé, Directeur du Bureau de suivi du programme présidentiel, « l’engagement du gouvernement à encourager le secteur prive à investir dans la promotion de l’énergie solaire ».
Depuis quatre ans, c’est pratiquement l’ensemble du Burkina Faso qui en chantier. Les attaques terroristes qui ont ensanglanté le pays, ainsi que la fronde généralisée des syndicats n’ont pas altéré la volonté des autorités d’aller de l’avant, dans la réalisation des infrastructures de développement.
Le barrage hydro-électrique et agricole de Samendeni
Samendeni, 40 km à l’ouest de Bobo-Dioulasso, la deuxième plus grande ville du pays, abrite un barrage hydro-électrique et agricole éponyme qui symbolise toute la détermination du gouvernement burkinabè à promouvoir le développement des zones rurales et leur transformation en pôles de croissance et de prospérité pour les populations. Vieux projet jusque-là jamais concrétisé, le barrage officiellement inauguré en novembre dernier par le Président Kaboré, a reçu un coup d’accélérateur ces dernières années.
D’un coût de 61 milliards 600 millions de francs CFA, il comprend un lac artificiel de plus de 1,1 milliard de m3 et une centrale électrique d’une capacité de 3,74 MW.
Son exploitation est censée engendrer une croissance du PIB de près de 2% et l’augmentation de la production nationale de céréales de près de 3%. Il est également prévu qu’il crée au moins 100 000 emplois.
La vision présidentielle était de faire de Samendeni, au-delà du barrage, un pôle de développement intégré piloté par le Programme de développement intégré de la vallée de Samendeni (PDIS). Les ambitions du programme sont de mettre en exploitation 21000 hectares de terres irriguées. Aujourd’hui, environ 1500 hectares de terres périmètres irrigués sont exploitées avec des prévisions de rendement de 13 536 tonnes de riz, 2 205 tonnes de maïs, 9 600 tonnes de légumes et 10 800 tonnes de fruits...
Dans la commune de Bama qui abrite le site construit dans le lit du fleuve Mohoun, les perspectives de développement sont désormais alléchantes. Les infrastructures annexes de Samendeni devraient, selon les autorités de la région, permettre une disponibilité annuelle de plus de 300 mille tonnes de produits agricoles et 1.000 tonnes de produits de pêche. Après la mise en eau du barrage, l’écosystème environnant est désormais favorable à l’élevage dont le bénéfice chiffré s’élève à 2 mille tonnes de viande et 2 millions de litres de lait.
« Le site abritera aussi, soutiennent les autorités rencontrées sur place, une zone agro-industrielle dotée d’une centaine d’unités modestes de transformation et de conservation. Pour motiver les entrepreneurs à s’installer sur le site, le gouvernement a prévu que la zone sera hors douane et bénéficiera d’un coût étudié de l’électricité ».
Déjà, dans la plaine rizicole de Bama, des étuveuses sont à la manœuvre, aidées par différents programmes permettant aux femmes réunies en coopératives d’acquérir des tracteurs à des prix subventionnés jusqu’à 80%, et d’écouler rapidement leurs productions auprès d’organismes publics et privés. Un bel exemple de développement équilibré.